Avions de combat, véhicules blindés, hélicoptères d’attaque, navires de guerre, torpilles, roquettes, missiles… Les prises de commandes auprès des armées des pays clients de la France se sont élevées à 8,33 milliards d’euros l’an dernier. Un « bon résultat », qui « confirme une fois de plus que l’offre française en matière d’équipements militaires est une référence mondiale, connue et reconnue », se félicite-t-on au ministère des Armées. Mais un résultat en baisse par rapport aux 9,1 milliards d’euros enregistrés en 2018 (soit +30 % par rapport à 2017), l’un des meilleurs chiffres de ces vingt dernières années.
Néanmoins, le bilan 2019 des exportations d’armement de la France est supérieur à la moyenne observée entre 2010 et 2019, qui se situe entre 6 et 7 milliards d’euros, hors contrat Rafale, selon les années. C’est ce que révèle le rapport annuel sur les exportations d’armement de la France* remis au Parlement, le 1er juin, et que la ministre des Armées, Florence Parly, auditionnée par la commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale, présentera le 4 juin à 15h.
Depuis 1998, le ministère des Armées remet chaque année à la représentation nationale un rapport détaillant les exportations d’armement de la France. Le rapport 2020, épais de 123 pages, donne ainsi le détail des ventes (en millions d’euros) de matériels livrés depuis 2009 par pays – de l’Afrique du Sud au Yémen – et répartition régionale.
L’Inde, premier client entre 2010 et 2019
Le rapport dresse la liste des 20 principaux clients de la France sur la période 2010-2019. Le classement est établi à partir du montant des prises de commandes des pays clients. À noter que le classement pour la seule année 2019 n’est pas publié.
Au cours de la dernière décennie, l’Inde, pays avec lequel Paris a signé en septembre 2016 un contrat portant sur la fourniture de 36 Rafale, l’avion de combat phare de Dassault Aviation, a été le premier client de la France à l’export au cours de cette période.
Viennent ensuite sur la deuxième et la troisième marches du podium le Qatar, pays auquel Dassault Aviation a livré le 6 février 2019 le premier des 36 Rafale commandés successivement par cet État du Golfe en mai 2015 et décembre 2017, et l’Arabie saoudite. Au pied du podium, figure l’Égypte, 4ème client de la France, avec lequel la coopération bilatérale est très étroite en matière de défense. Viennent ensuite en cinquième position les Émirats arabes unis, dont les autorités ont passé commande en novembre 2017 à Naval Group de deux corvettes Gowind, des navires de combat de dernière génération. Complètent le Top 10 des clients de la France la Belgique, les États-Unis, Singapour, le Koweït et la Malaisie.
L’Europe, premier client en 2019
En 2019, les clients de l’Union européenne (UE) ont représenté 42 % des prises de commandes auprès des industriels français de la défense, avec en tête la Belgique (chasseurs de mines), la Hongrie (hélicoptères) et l’Espagne (deux satellites de télécommunications). Une part qui avoisine même les 45 % en comptant les autres pays européens, hors UE.
« Au cœur de la politique d’exportation que je mène depuis 3 ans, il y a un choix résolu et engagé : celui de renforcer nos partenariats européens », a ainsi déclaré la ministre des Armées, Florence Parly, dans l’introduction du rapport 2020.
La France poursuit en 2020 cette politique d’exportation européenne. Comme le rappelle la ministre toujours en introduction dans le rapport, la nation œuvre « au quotidien pour créer de nouveaux partenariats mais aussi pour faire émerger de nouveaux instruments qui favoriseront la création d’un véritable marché européen des équipements de défense ».
Les livraisons de navires de guerre se défendent bien à l’export
Le montant global des exportations françaises d’armement repose pour une large part sur un socle de contrats inférieurs à 200 millions d’euros relève le rapport. Ce socle constitue la partie stable et récurrente de la performance des entreprises françaises à l’exportation.
Certains secteurs de la défense ont brillé en 2019 par leurs contrats à l’export. C’est le cas de la filière navale dont les ventes à des armées à l’étranger apparaissent en forte hausse, observe le rapport annuel. Ce secteur a ainsi représenté, en valeur, la moitié des prises de commandes de 2019, alors qu’au cours des dernières années, il comptait pour 10 % en moyenne du total des expéditions d’armement françaises.
L’an dernier, les livraisons du secteur ont été soutenues notamment par le contrat de fourniture de douze navires chasseurs de mines aux marines belge et néerlandaise remporté en mai 2019 par le consortium Belgium Naval & Robotics, composé de Naval Group et ECA Group. Équipés au total d’une centaine de drones, six navires sont destinés à la marine belge, les six autres seront livrés à la marine néerlandaise.
Ce contrat d’une durée de dix ans et d’un montant de près de 2 milliards d’euros a compté pour plus de 40 % des exportations navales françaises dans « cet excellent bilan 2019 enregistré par le secteur », souligne le rapport.
Les bonnes performances du secteur ont également été tirées par la signature en mars 2019 par Naval Group du contrat de design du programme de futur sous-marin australien « Australian Future Submarine ». Ce contrat encadre la coopération entre les deux partenaires pour les cinquante prochaines années dans le cadre de l’accord de partenariat stratégique signé à Canberra le 11 février 2019.
Au cours de l’exercice 2019, les prises de commandes signées à l’international du constructeur français de sous-marins se sont élevées à 3 milliards d’euros.
Le secteur aéronautique tire également son épingle du jeu. À l’exportation, 96 Rafale ont été vendus depuis 2015, à destination de l’Égypte (24 avions), du Qatar (36 avions) et de l’Inde (36 avions), sur lesquels 49 avaient été livrés au 31 décembre 2019 « dont 26 pendant la seule année 2019 : un record », souligne le rapport.
Fin 2019, le cap des « 200 Rafale livrés » – 24 % à l’exportation et 76 % pour le marché français – avait donc été franchi. La concrétisation des exportations de Rafale « a permis de consolider et de pérenniser la chaîne de production de cet avion de combat », précise le rapport. « L’export alimente par ailleurs les bureaux d’étude et les activités de développement, ce qui permet d’assurer la préparation de l’avenir et le maintien du Rafale au meilleur niveau », ajoute le rapport annuel.
Au 1er janvier 2020, 75 de ces avions de combats made in France restaient à réceptionner en l’état actuel du carnet de commandes, lequel devrait s’enrichir dans les prochaines années à la fois pour continuer à satisfaire les besoins nationaux et ceux du marché international où la France entend maintenir à terme sa part traditionnelle (10 % à 15 %) sur le segment d’armement stratégique que constituent les avions de combat.
Le bilan 2019 des exportations d’armement de la France montre que l’offre tricolore en matière d’équipements militaires constitue une référence mondiale. Cette vitrine est une richesse que la France doit préserver estime le ministère des Armées, et qu’elle doit « faire fructifier ». Car des PME aux grands groupes, l’industrie de défense française mobilise des investissements « qui font la vitalité » de l’économie nationale et créent des emplois « non-délocalisables » partout en France rappelle le ministère responsable de la mise en œuvre de la politique de défense et de sécurité nationale dans son rapport.
Pour soutenir l’industrie de défense, et donc protéger les emplois des Français, « il sera donc essentiel que nous maintenions une politique d’exportation volontaire et engagée », conclut Florence Parly en introduction du rapport.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
*Consultez le Rapport 2020 au Parlement sur les exportations d’armement de la France en fichier PDF joint ci-dessous.