« J’ai dit oui, car c’est un projet de nature à bouger les enjeux ». Interrogé par un Conseiller du commerce extérieur (CCE) sur la manière dont il comptait mener sa nouvelle mission de délégué interministériel chargé du projet de candidature de la France à l’Expo universelle de 2025, Pascal Lamy a lâché quelques confidences en marge de son intervention en ouverture du symposium mondial des CCE à Miami le 7 mai, sans omettre qu’il ferait, le moment venu, appel au réseau des CCE pour soutenir la campagne de candidature.
D’abord, les circonstances qui ont fait que cela soit à lui, à 68 ans, que Manuel Valls, certes « un ami », propose un tel projet il y a quelques semaines. C’est son livre « Quand la France s’éveillera »*, où il tente de démonter les peurs et craintes qui empêchent, selon lui, les Français et leurs voisins européens de profiter à pleins des opportunités de la globalisation, qui aurait été à l’origine du choix du Premier ministre. « Valls m’a dit : je signe toutes les pages, a relaté l’ancien directeur général de l’OMC. Si tu veux que la France s’éveille, voilà un projet pour les 10 ans qui viennent ».
Et c’est comme ça que, lui qui est aussi président d’honneur de l’Institut Jacques Delors, se serait vu propulsé le 14 avril délégué interministériel chargé de la Mission Expo 2025 par un simple communiqué de Matignon. Une nomination qui a permis, au passage, au chef du gouvernement français de reprendre la main face au projet initié depuis 2011 par le député centriste (UDI) de Neuilly Jean-Christophe Fromantin et son association ExpoFrance 2025, pour pousser le projet de candidature français, qui a reçu fin mars un soutien du chef de l’État.
Pour autant, on en est au tout début : « J’attends encore ma lettre de mission », a précisé Pascal Lamy. Mais il a donné quelques détails sur le calendrier, qui va se dérouler en trois phases.
La première phase, qui sera déclenchée dès réception de sa lettre de mission officielle, va durer un an et doit se terminer, en avril ou mai 2016, par le dépôt du dossier de candidature de la France auprès du Bureau international des expositions (BIE). « Il s’agira de valider le projet final, le concept, la structure qui le portera », a indiqué Pascal Lamy, en tenant compte des différentes idées et projets sur la table, y compris le « projet ExpoFrance 2025 de Jean-Christophe Fromantin ».
S’ensuivra une deuxième phase, cruciale, marquée par « un peu plus d’un an de campagne » pour défendre cette candidature. « C’est là que vous serez mobilisés », a indiqué Pascal Lamy aux CCE, précisant qu’il connaissait bien leur réseau. La troisième phase, elle ne s’ouvrira que « si on gagne », et sera constituée de la mise en œuvre du projet lui-même. A cet égard, le suspense va durer jusqu’à « fin 2018 ».
Et le délégué interministériel de terminer en fixant un rendez-vous aux CCE : « Nous en reparlerons bientôt, au moment où je préparerai cette phase 2, dans un an ». Bon nombre de CCE présents à ce symposium de Miami, pour beaucoup hommes d’affaires et entrepreneurs basés à l’étranger, en ont pris bonne note.
Christine Gilguy, envoyée spéciale à Miami
*Quand la France s’éveillera, Édition Odile Jacob. 2014.