Pour Expo Dubai 2020, l’exposition universelle qui se tiendra du 20 octobre 2020 au 10 avril 2021 dans les EAU (Émirats arabes unis), c’est une bonne nouvelle : les travaux du Pavillon France vont pouvoir commencer. Dans les jours qui viennent, le permis de construire devrait, en effet, être remis à la Compagnie française des expositions (Cofrex), vient d’expliquer à quelques journalistes son président Erik Linquier, également commissaire général du pavillon.
La construction devra être exécutée dans les quinze mois avant l’ouverture de l’évènement. Il s’agira de la première exposition universelle au Moyen-Orient, laquelle se terminera donc en 2021, année du 50e anniversaire de la fondation des Émirats arabes unis.
Le contrat de conception-construction, d’un montant de 14 millions d’euros, a été obtenu sur appel d’offres européen par la société belge Besix, aux dépens de l’italien Rizzani et du français Vinci.
« C’était le soumissionnaire proposant le meilleur prix, avec un écart de 30 % avec l’offre la plus élevée, et le plus fort contenu français », justifiait Erik Linquier. C’est ainsi que pour réaliser et animer ce pavillon de 4 700 m2 ont été retenus l’architecte Jean-Luc Perez, le scénographe Jean-Marie Priol ou encore la réalisatrice Sonia Rolland pour le film du Pavillon France.
Un partenariat public-privé
Expo Dubai se tiendra sur un site de 4,5 km2 au sud de l’émirat. Le thème central « Connecter les esprits construire le futur » fait référence à trois préoccupations du monde moderne : durabilité, opportunité et mobilité.
La France a choisi l’espace dédié à la mobilité pour déployer son Pavillon sur le thème de « la lumière » et « des lumières », sources de diffusion (savoir, planification des territoires, nouveaux concepts urbains), de création (mobilité des énergies, ingénierie) et de transmission (infrastructures, réseaux, smart grids, connectivité numérique, connexions humaines, télécommunications).
Entouré d’une esplanade, l’espace France (5 100 m2 de superficie construite) comportera deux parties : un rez-de-chaussée pour le grand public, qui accueillera les expositions permanentes et temporaires et mettra en valeur les partenaires, et un étage offrant des services aux professionnels.
Sur les 34 millions d’euros que doit coûter le pavillon (construction, aménagement, mise en lumière, ingénierie, acoustique…), 20 millions vont être apportés par l’État, le reste par des institutions, fondations, collectives locales et surtout des sociétés qui, pour certaines, ont accepté de débourser 200 000 euros, 500 000, voire un million pour apparaître en bonne place, à l’instar d’Orange, Axa, EDF, Accor, Engie ou encore Alcatel Lucent.
Sur la fréquentation attendue dans le pavillon France, la Cofrex table sur 20 % de professionnels (au lieu de 5 % lors de la dernière exposition en 2015 à Milan).
Le développement durable au cœur des technologies
Au rez-de-chaussée, le parcours pour les visiteurs sera organisé autour de la réalité virtuelle, des interactions avec les objets et les personnes sur place ou à distance, ce qui devrait leur permettre de découvrir des innovations durables en matière de nouvelles mobilités.
L’Expo 1992 à Séville avait accueilli près de 42 millions de visiteurs, celle de Shanghai en 2010 plus de 73 millions. On en attend 25 millions à Dubaï, originaires de 192 nations (125 à Milan). De nombreux hôtels trois étoiles au standard international sont en construction, dans un émirat habitué jusqu’à présent aux établissements haut de gamme et de luxe. Le prix d’entrée public, qui n’est pas encore officiel, serait de l’ordre de 30 euros par jour (40 euros à Milan).
« Les Émirats arabes unis reçoivent 20 millions de touristes par an, auxquels s’ajoutent les touristes de transit transportés par la compagnie aérienne Emirates et les visiteurs professionnels des grands salons de Dubaï », expliquait Erik Linquier qui se veut optimiste pour la suite. Une exposition universelle est toujours, selon lui, « un accélérateur de visiteurs » et il y en aurait déjà la preuve avec « la montée de la présence des Chinois dont les prévisions les placent maintenant au même rang que les Indiens qui étaient, pourtant, au début largement plus nombreux ».
A raison d’une demi-heure par visite en moyenne, le Pavillon France doit pouvoir recevoir jusqu’à 350 personnes, ce qui oblige à une gestion très fine de la fréquentation. A l’étage, accessible aux seuls professionnels, différents espaces sont proposés : salles de réception, salons privés, bureaux, auditorium, restaurants, etc. Une entreprise qui voudrait « privatiser » l’ensemble une seule journée devrait verser entre 7 000 et 10 000 euros.
Les rapports de 15 groupes de travail attendus à l’automne
Le contenu des expositions et le programme des évènements n’ont pas été révélés par Erik Linquier. Et pour cause, ils ne seront présentés qu’à l’automne, après la remise par des groupes de travail, composés d’experts et d’entrepreneurs, de rapports thématiques d’une vingtaine de pages. « Tous les pays sont en concurrence. Il nous faut bien réfléchir pour présenter une offre différenciante », soutenait le commissaire général du Pavillon France.
Placés sous l’égide du think tank « Connecter les esprits », 15 groupes de travail sont créés dans l’innovation durable, l’éducation connectée, la mobilité autonome et connectée, la nouveaux moyens de paiement comme instrument de mobilité, les énergies renouvelables, les villes à 360° ou encore l’économie circulaire.
Ce dernier thème est d’autant plus adapté que la Cofrex, une fois Expo Dubai achevé, devra démonter d’ici octobre 2021 le Pavillon de la France et le vendre. Erik Linquier espère en retirer environ trois millions d’euros. Une des raisons du succès de Besix était aussi que le pavillon proposé était « facilement montable et démontable », selon Erik Linquier.
Les usages ultérieurs peuvent en être différents : siège social, musée, centre de conférences ou sportif. Malgré les coûts de transport, le « rapatrier » dans l’Hexagone n’est pas exclu. Mais d’autres pistes plus proches tiendraient la corde, la plus évidente, les Émirats arabes unis, mais aussi l’Arabie saoudite.
Enseignement : un savoir-faire français à valoriser
Après l’exposition, l’Émirat de Dubaï a décidé de transformer le site de l’exposition en une ville intelligente, appelée District 2020. Environ 80 % de structures d’Expo Dubai seraient conservées pour donner naissance à une smart grid de 100 000 habitants entre la cité de Dubaï et l’aéroport Al Maktoum.
Une des ambitions serait d’y constituer un pôle universitaire de haut niveau. Les Émiriens, après la création de l’Université Paris-Sorbonne Abu Dhabi, seraient tentés d’attirer les grandes écoles françaises sur place. La France, dans le domaine de l’enseignement, a une carte à jouer. Y compris dans le reste du Moyen-Orient.
François Pargny