Cet article a fait l’objet d’une mise à jour le 5 juin à 9H24. Les précisions sont en italique.
Lancé à l’automne 2014 dans le cadre, à l’origine, d’une démarche commune entre Business France, la Chambre de commerce et d’industrie française en Chine (CCIFC) et l’agence rhônalpine Entreprises Rhône-Alpes International (Erai)*, le projet d’une « Maison de la France » en Chine va finalement voir le jour à Pékin, sans que les récents déboires d’Erai n’aient perturbé son cours, avec la bénédiction de l’ambassade de France et le plein soutien du Service économique régional. « Nous avons gardé le cap, essayé de construire un projet d’hébergement commun », confie à la Lettre Confidentielle Michael Amouyal, le directeur général de la CCIFC, institution dont le rôle est central dans le projet en cours de construction. « Le projet va se faire, sans Erai, » ajoute-t-il, précisant que l’agence rhônalpine n’en était qu’un des partenaires et que ce projet n’entrait pas dans le cadre de la charte signée dans le cadre de l’Equipe de France de l’Export*.
« Le concept, c’est un lieu physique, qui regroupe plusieurs institutions orientées sur l’appui aux entreprises et qui puisse accueillir la communauté d’affaires française en Chine, explique Michael Amouyal. Il s’agit de rassembler ceux qui le veulent et ceux qui le peuvent dans un espace commun ». La CCIFC, à l’origine de cette idée, a joué un rôle moteur pour porter le volet immobilier du projet, une base essentielle : le lieu a été trouvé par une agence immobilière dirigée par un Français, Scout Real Estate, et la CCIFC va en faire ses nouveaux bureaux.
Il s’agit d’un immeuble de trois étages au cœur de la capitale chinoise, dans le quartier commerçant de Sanlitun, à deux stations de métro de l’ambassade de France, où elle va d’ailleurs déménager ses bureaux et ses équipes. C’est également la CCIFC qui va être la gestionnaire des parties communes, Scout apportant sa contre garantie au bailleur, un organisme public chinois.
1 600 m2 sur deux des trois étages de cet immeuble vont être rénovés
Concrètement, quelque 1 600 m2 d’espace sur deux des trois étages de cet immeuble vont être rénovés et aménagés, pour un investissement de l’ordre de 400 000 euros qui sera cofinancé, au prorata de l’espace qu’ils occuperont, par les différents partenaires du projet et le propriétaire. Les contrats ne sont pas tous signés, mais Michael Amouyal accepte de dévoiler la liste des dix à onze pionniers qui ont ou sont sur le point de signer le contrat de bail commun : outre la CCIFC elle-même, sur ses fonds propres et avec une aide financière de CCI France (30000euros), la CCI Paris Île de France, l’agence francilienne Paris Région Entreprises, HEC, des PME et des ETI (entreprises de taille intermédiaire). En revanche, la participation de Terao (bureau d’études qui représente l’Ademe), qui avait examiné cette possibilité, n’a pas été confirmée.
D’autres organisations et entreprises, déjà domiciliées à la CCIFC, ont accepté de déménager aussi dans les nouveaux locaux à l’instar du Conseil agroalimentaire France-Chine (qui regroupe plusieurs organisations françaises comme Inaporc, le Cniel, Interbev et Interfel), de l’EM Strasbourg, Sup de Co La Rochelle, Science Po, Inter Deco (groupe Vinci), la Maison de la Chine et encore l’agence immobilière Scout Real Estate.
Quelque 700 m2 seront d’emblée occupés par les 25 salariés de la CCIFC, ainsi que son centre d’affaires d’une vingtaine de bureaux. « Mais dans ce regroupement, il y aura des espaces communs comme des salles de réunion, » précise Michael Amouyal. Mais il reste de la place pour d’autres institutions, d’autant plus que les nouveaux locataires de cet immeuble pourront préempter le troisième étage, actuellement occupé. Des institutions comme l’Agence française de développement ou l’Alliance française pourraient y trouver intérêt. Business France, qui n’est pas partie prenante de ce projet en tant que partenaire ou investisseur restera, quant à elle dans ses locaux actuels de l’ambassade de France. Ce qui n’empêchera pas la mise en œuvre de la charte conclue en novembre 2014 avec la CCIFC sur le volet parcours unifié de l’export pour les entreprises*, pour lequel les deux institutions doivent collaborer.
« Ce projet représente un énorme travail et ne coûtera rien aux pouvoirs publics français », se réjouit Michael Amouyal, plutôt heureux d’arriver à la phase finale. Et pour l’heure, il n’y a pas d’autre projet similaire en Chine, même si le directeur de la CCIFC estime que cela se justifierait à Shanghai et quelques villes secondaires où « nous sommes tous plus petits ». Celui d’une Maison France à Shanghai, qui reposait, entre autres, sur l’Espace Rhône-Alpe géré par Erai et son « incubateur » d’une quarantaine de postes, n’est plus à l’ordre du jour, ce lieu n’ayant d’ailleurs jamais été « labellisé » officiellement par les pouvoirs publics français, et beaucoup d’incertitudes planant désormais sur l’avenir d’Erai Chine. « Plusieurs lieux étaient prévus à Shanghai dans le cadre de la charte tripartite que nous avions signée, tient à préciser Michael Amouyal. Mais pour nous, ce n’est plus un sujet. Pour la mise en œuvre de la charte, nous discutons seulement avec Business France ». La CCIFC, qui possède son propre centre d’affaires à Shanghai, n’est du reste pas candidate à la reprise de l’activité commerciale d’Erai.
La CCIFC a planifié, pour sa part, d’emménager dans ses nouveaux locaux pékinois durant le mois d’août. Mais le lieu devrait faire l’objet d’une inauguration officielle en grande pompe à la rentrée. Ne reste plus qu’à trouver son nom définitif à cette « Maison de la France » : le dossier est entre les main du secrétaire d’État au Commerce extérieur.
Christine Gilguy
*Chine : l’équipe de France à l’export se forme autour d’Ubifrance, de la CCIFC et d’Erai