Les conséquences des nouveaux droits de douane américains annoncés le 2 avril sur le PIB européen, même si elles sont difficiles à évaluer, donnent lieu à de premières estimations. Aucune n’envisage de récession en Europe mais toutes tablent sur une croissance fortement ralentie. Les États-Unis font face au plus gros risque de récession.
Après l’épidémie de Covid19 et la guerre en Ukraine, les perspectives d’une reprise forte de l’activité sur le Vieux continent s’éloigne toujours un peu plus. Après l’annonce du coup de massue douanier administré par Donald Trump, les économistes ont fait tourner leurs modèles mathématiques pour évaluer les blessures infligées aux principaux partenaires commerciaux des États-Unis. A commencer par l’Europe.
Si le commerce extérieur des Vingt-Sept est à 60 % intra-européen, les États-Unis restent en effet la première destination de leurs exportations hors UE.
Selon les prévisions publiées par la Banque centrale européenne (BCE) le 20 mars (avec pour hypothèse une hausse de 25 % des droits de douane), la croissance annuelle moyenne du PIB en volume de la zone euro devrait s’établir à 0,9 % en 2025, avant de se renforcer et d’atteindre 1,2 % en 2026 et 1,3 % en 2027. Par rapport aux projections macroéconomiques de décembre 2024, les perspectives de croissance ont été révisées à la baisse, de 0,2 point de pourcentage pour 2025 et 2026 et restent inchangées pour 2027.
« La détérioration des perspectives est principalement due à des révisions à la baisse des exportations et, dans une moindre mesure, de l’investissement, reflétant une incidence plus forte de l’incertitude que prévu précédemment ainsi que l’anticipation d’une persistance probablement plus durable qu’attendu des défis en matière de compétitivité », a commenté la BCE.
L’Allemagne aux premières loges
Le service des études économiques du Crédit Agricole, qui a mis à jour le 3 avril une version révisée de son scénario macro-économique 2025-2026, anticipe quant à lui une croissance 0,9 % cette année et 1 % en 2026 dans les économies de la zone euro. Les droits de douane de 25 % sur le secteur automobile se traduirait par une baisse de 8 % de la production en Europe.
L’Allemagne, aux premières loges en raison de son profil industriel et de la prégnance du secteur automobile, devrait être plus impactées que ses voisins européens. La banque verte estime cependant qu’une hausse des investissements et l’important plan de relance allemand annoncé dernièrement par Berlin devrait permettre d’éviter le pire.
Allianz a également revu ses prévisions à la baisse pour la zone euro, les abaissant de 0,3 point à 0,8 % cette année et de 0,1 point à 1,6 % en 2026. Mais selon l’assureur, le pays développé qui figurera parmi les pays les plus impactés par cette révolution douanière demeure les États-Unis eux-mêmes. Leur PIB devrait ainsi reculer de -0,5 % entre le premier et le troisième trimestres.
Sur l’ensemble de l’année, l’assureur-crédit évalue la croissance américaine à 0,8 %, soit 3 fois moins qu’en 2024. Un choc d’inflation entrainera une baisse du pouvoir d’achat, estimée par The Budget Lab à 3 800 dollars en moyenne par ménage cette année. Ces mêmes ménages ont par ailleurs actuellement fort à faire avec les marchés financiers puisqu’un Américain sur trois épargne pour sa retraite via un plan par capitalisation…
Les marchés financiers dans le rouge
Lundi 7 avril, à New York, le Nasdaq et le S&P, qui avaient dévissé vendredi de respectivement 5,8 % et 6 %, ont connu une séance extrêmement volatile au terme de laquelle et ont clôturé à + 0,1 % et – 0,23 %. De l’autre côté de l’Atantique, lundi 7 avril, les bourses européennes ont plongé : le CAC40 a plongé de 4,78%, les bourses de Francfort et Londres ont affiché des baisses de respectivement 4,13% et 4,38 %. Milan a dégringolé de 5,18% et Zurich de 5,16%. Paris a plongé de 4,78 % et n’avait plus connu pareille chute depuis mars 2022.
Les bourses asiatiques ont également accusé le coup. Hong Kong a enregistré sa pire séance depuis 1997 (- 13 %). La Bourse de Tokyo a clôturé lundi sur un plongeon de presque 8%, tandis celle de Séoul terminait la séance en repli de 5,6 %. Sydney a reculé de 4,2 %, Taïwan a clôturé en baisse de 9,7 %, soit la plus forte chute de son histoire.
Sophie Creusillet