Washington n’a pas voulu enterrer la hache de guerre, l’instauration d’un droit de douane américain supplémentaire de 10 % sur les avions de ligne et de 25 % sur toute une série de produits agricoles et industriels importés depuis l’UE est donc effective depuis le 18 octobre. La France est touchée de plein fouet. Voici une revue de détail.
Une action dont peut se réjouir l’administration Trump mais qui ouvre la voie à une inquiétante tentation d’escalade tarifaire à court terme, l’OMC (Organisation mondiale du commerce) devant se pencher l’an prochain sur une plainte similaire de l’UE à l’égard des États-Unis concernant des aides à Boeing.
Rappelons que cette décision fait suite au feu vert donné par les membres de l’OMC aux États-Unis quatre jours plus tôt, le 14 octobre, lors d’une réunion de l’Organe de règlement des différends (ORD), pour imposer des contre-mesures à l’égard de l’UE dans le cadre du différend concernant les subventions pour les aéronefs civils gros porteurs. Ces contre-mesures consistent à imposer des droits de douane supplémentaires sur les importations de marchandises et de services européens jusqu’à concurrence de 7,496 milliards de dollars par an. L’autorisation a été accordée conformément à la décision rendue par un arbitre de l’OMC le 2 octobre.
Ainsi, depuis le 18 octobre, un droit de douane additionnel de 10 % est donc imposé sur les avions civils et aéronefs neufs d’un poids à vide supérieur à 30 000 kg. Ceux-ci sont fabriqués par quatre pays : France, Allemagne, Espagne et Royaume-Uni.
Différents autres produits agricoles sont visés par des droits de douanes supplémentaires de 25 %. La France est concernée par trois catégories de produits : olives, vins, fromages et produits laitiers, à l’exception du roquefort.
Les importations de vins tranquilles français aux États-Unis pénalisées
Les États-Unis sont le premier client de la France pour les boissons (vins et spiritueux) avec 3,47 milliards d’euros de ventes en 2018. Ils représentent près de 20 % de l’ensemble des exportations tricolores de vins. Certes, toutes les boissons alcoolisées ne sont pas sanctionnées. Outre les spiritueux, les vins tranquilles ayant un degré d’alcool supérieur à 14 %, les vins conditionnés en vrac ainsi que les vins mousseux ne sont pas concernés par cette mesure.
Depuis l’annonce de la décision rendue par l’arbitre de l’OMC le 2 octobre, les exportateurs de vins se sentent pris en otage du conflit Airbus. La Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS) qui les représente s’est fendue d’un nouveau communiqué le 18 octobre pour exprimer son inquiétude. « Nous sommes les victimes collatérales d’un conflit qui n’est pas le nôtre », a rappelé Antoine Leccia, président de la FEVS, cité dans le communiqué. « Nous regrettons qu’à ce jour, l’Union européenne et les États-Unis ne soient pas parvenus à un accord qui aurait permis d’éviter cette situation ».
Plus de 4 500 entreprises françaises exportatrices de vin sont maintenant directement touchées par des droits de douane de 25 % à l’entrée de leurs produits sur ce marché, a fait savoir la FEVS. Pour son président, « cette taxation va conduire à une hausse supérieure à 30 % des prix pour le consommateur américain ». Il y a donc un risque majeur de perte de parts de marché pour les vins français. « Au-delà des exportateurs, c’est toute la filière française des vins qui est aujourd’hui fragilisée », s’est insurgé Antoine Leccia.
Face à ce danger, la FEVS réitère au gouvernement sa demande de prendre en urgence des mesures concrètes de soutien à la filière et ses entreprises, « pour compenser les dommages subis arbitrairement par son secteur », assure-t-elle.
Au total, 150 catégories de produits européens sont concernés par ces nouvelles taxes américaines, du whisky écossais et des vins espagnols au stilton anglais et au parmesan italien, en passant par les produits textiles britanniques (sweaters, anoraks, couvertures…) et de l’industrie allemande (haches, tournevis, couteaux, lames, machines, micro-ondes…).
Desk Moci