Le gigantesque budget du plan de relance de 1900 milliards de dollars (1600 Md EUR) adopté la semaine dernière par le Congrès américain et promulgué dès le 11 mars par le président Joe Biden aura un impact positif sur la consommation – chaque Américain recevra un chèque de 1400 dollars- et donc sur les importations américaines. Qui sont les pays exportateurs les mieux placés pour en profiter ? Euler Hermes vient de sortir des estimations dans une étude intitulée « The irony of Biden’s super stimulus, USD 360 bn for exporters around the world » *.
D’après les calculs d’Euler Hermes, la mise en œuvre du plan Biden se traduira par 360 milliards de dollars (Md USD) d’importations supplémentaires de biens et services de la part des États-Unis sur les années 2021 et 2022, au prix d’un creusement de son déficit commercial à -4,5 % de son PIB.
C’est plus de la moitié de ce qu’importe la France en une seule année (493,3 Md EUR en 2020, soit environ 587 Md USD). Une façon indirecte de renouer avec son rôle de locomotive de l’économie mondiale face à la Chine, même si ce n’est pas l’objectif premier de ce projet.
C’est aussi autant d’opportunités pour les fournisseurs extérieurs du pays, en premier lieu la France, dont c’est le troisième débouché mondial (32,3 Md EUR exportés en 2020).
Les secteurs porteurs des importations américaines
Selon les estimations d’Euler Hermes, les secteurs qui bénéficieront de ce super coup de pouce à la demande américaine seront, par ordre d’importance :
-les biens d’équipement des ménages (+32 Md EUR sur 2021-2022)
-les ordinateurs et équipements de télécommunication (+30 Md USD),
-l’automobile (+30 Md USD)
-les machines et équipements (+29 Md USD).
Chine, Mexique, Canada, Allemagne les mieux positionnés
Les pays les mieux positionnés pour capter la plus belle part de ce pactole sont déjà les premiers fournisseurs des États-Unis, soit la Chine est ses partenaires de l’USMCA (Accord de libre-échange États-Unis-Mexique-Canada), le Mexique et le Canada.
Pour la Chine, cela devrait se traduire par des exportations supplémentaires de 60 Md USD sur 2021-2022, s’ajoutant au 115 Md additionnels déjà prévus sur cette période. Le Mexique captera 45 Md USD supplémentaires et le Canada 38 Md USD.
Si l’Asie, incluant la Chine, devrait capter au total 135 Md USD d’exportations supplémentaires grâce au plan Biden, l’Europe ne serait pas en reste et pourrait capter 97 Md USD d’exportations supplémentaires vers le marché américain sur 2021-2022.
L’Allemagne sera le premier bénéficiaire européen avec 22 Md USD supplémentaires, qui s’ajouteront aux 34 Md USD de supplément d’exportations déjà prévus, soit au total 56 Md USD sur les deux ans qui viennent.
Deuxième pays européen bénéficiaires par ordre d’importance, le Royaume-Uni avec +16 Md USD, suivie de l’Irlande +13 Md USD et enfin de la France, qui pourrait bénéficier de 26 Md USD d’exportations supplémentaires vers le marché américain, devant la Suisse (25 Md USD).
Une manne inespérée pour les exportateurs français
Pour la France, la promesse de cette manne inespérée tombe à point nommée alors que les espoirs d’un apaisement des tensions commerciales sont au plus haut depuis la signature par l’Union européenne et le gouvernement américain d’une trêve dans le contentieux autour du dossier des subventions à l’aéronautique et de la suspension des taxes punitives qui frappent certains produits phares tels que les vins et spiritueux.
« Les exportateurs français pourront également tirer leur épingle du jeu » confirme Euler Hermes. « Initialement attendues en hausse de +16 Md USD, les exportations françaises vers les États-Unis croîtront finalement de +26 Md USD en 2021-2022, soit un gain de +10 Mds USD grâce au stimulus américain ».
Et au total, les exportations françaises pourraient gagner +130 Md USD en 2021-2022, dont 20 % à destination des du marché américain, et 8 % générés le seul stimulus Biden.
Les secteurs les mieux positionnés pour saisir les opportunités de cette manne sont, selon Euler Hermes, la machinerie, les équipements de transport, l’industrie pharmaceutique, l’agroalimentaire (en particulier les boissons alcoolisées) et les services.
C.G
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