Le calcul des nouvelles taxes douanières, présentées par Donald Trump mercredi 2 avril, repose officiellement sur une formule mathématique posée par le Bureau du représentant au commerce. Officieusement, l’administration Trump a utilisé une méthode moins raffinée, mais qui lui permettrait, à terme, de réduire le déficit commercial des États-Unis. Explications.
Tableaux en main et mèche au vent dans les jardins de la Maison Blanche, le président américain n’a consacré qu’une phrase sibylline sur le mode de calcul des « tariffs » qui frapperont bientôt les importations, évoquant « le taux combiné de tous leurs droits de douane, barrières non-tarifaires et autres formes de tricherie ».
Dans les heures qui ont suivi, le Bureau du représentant au Commerce s’est fendu d’une note explicative publiée sur son site. Et force est de constater que sa lecture n’apporte pas de réponse claire à cette question pourtant simple : « Comment avez-vous calculé ces nouveaux taux ? »
Le Bureau du représentant au Commerce répond : « Considérons un environnement dans lequel les États-Unis prélèvent un tarif de taux τ_i sur le pays i et ∆τ_i reflète le changement du taux tarifaire. Soit ε<0 l’élasticité des importations par rapport aux prix à l’importation, soit φ>0 la répercussion des tarifs sur les prix à l’importation, soit m_i>0 les importations totales en provenance du pays i et x_i>0 les exportations totales. La diminution des importations due à une modification des tarifs est alors égale à ∆τ_i*ε*φ*m_i<0. En supposant que les effets compensatoires du taux de change et de l’équilibre général sont suffisamment faibles pour être ignorés, le tarif réciproque qui aboutit à une balance commerciale bilatérale de zéro est satisfaisant ».
Un raisonnement moins raffiné
La dernière partie de cette explication a au moins le mérite de confirmer l’objectif de cette réforme et de rappeler un mantra trumpien : il faut ramener le déficit commercial à zéro. Mais il semble, selon certains observateurs, qu’en guise d’équation savante, l’administration états-unienne a en fait utilisé un raisonnement mathématique beaucoup moins raffiné.
« Ils n’ont pas réellement calculé les taux de droits de douane plus les barrières non tarifaires, comme ils disent l’avoir fait, explique sur le réseau social X le journaliste financier James Surowiecki. Au lieu de cela, pour chaque pays, ils ont simplement pris notre déficit commercial avec ce pays et l’ont divisé par les exportations de ce pays vers nous ». Finalement, l’administration « a divisé notre déficit commercial avec un pays par nos importations en provenance de ce pays, puis multiplié par 0,5 ».
Exemple avec la Chine. Si on divise le déficit commercial des États-Unis avec la Chine (291,9 Md USD) par le total des importations de produis chinois (433,8 Md USD), ont obtient 0, 6728, soit un tout petit peu plus de 67 %. On applique ensuite la ristourne de 50 % et on obtient 34 %, qui est effectivement la nouvelle surtaxe imposée à l’ex-Empire du Milieu.
Le 2 avril, Donald Trump à ainsi précisé, bon prince, que cette réduction de 50 % doit permettre d’épargner les pays en voie de développement. C’est raté puisque Madagascar est taxé à hauteur de 47 %, le Laos de 48 % ou encore le Bangladesh de 37 %.
Interrogé par la chaîne CNBC sur le mode de calcul utilisé, rapporte Reuters, le secrétaire d’Etat au Commerce Howard Lutnick a déclaré que les économistes de son administration ont travaillé pendant des années sur une mesure qui reflétaient toutes les barrières commerciales mises en place par un pays donné. Des années qui ont dû être bien longues.
Sophie Creusillet