La politique tarifaire de Donald Trump provoque une inquiétude grandissante, outre-Atlantique, y compris parmi les partisans du président. Le point dans cet article proposé par notre partenaire La newsletter BLOCS.
Mercredi dernier [2 avril], alors même que le président lançait son feu d’artifices de droits de douane dits « réciproques », les sénateurs américains ont ainsi voté, par 51 voix contre 48, pour bloquer les droits de douane décrétés par le président américain contre le Canada. Pour la première fois, quatre sénateurs républicains se sont joints à leurs collègues démocrates pour désavouer la politique de l’administration Trump.
Si cette initiative devrait, selon toute vraisemblance, être bloquée à la Chambre des Représentants, l’épisode n’en constitue pas moins un revers de grande ampleur pour Donald Trump, qui a estimé que les quatre élus républicains, issus d’États proches de la frontière canadienne, avaient été victimes d’un « stratagème démocrate ».
Ce vote n’est, de surcroît, que la partie émergée de l’iceberg : plusieurs propositions de loi visant à limiter les pouvoirs de l’exécutif en matière de politique douanière ont émergé ces derniers jours au Congrès, recueillant le soutien de plusieurs élus républicains ou bien étant à l’initiative de ces derniers.
Inquiétudes des électeurs, cote de popularité en baisse
L’état d’urgence décrété par Donald Trump pour se libérer du contrôle du Congrès en matière tarifaire ne semble certes pas en danger. Ce début de fronde est toutefois significatif, alors même que le président pensait s’être mis à l’abri de toute contestation en sélectionnant les candidats aux élections au Congrès et en remplaçant les cadres du Parti par des personnalités loyales et des membres de sa famille.
L’inquiétude des membres du Grand Old Party répond à celle des électeurs. Selon un sondage Reuters/Ipsos publié début avril, seulement 37 % approuvent désormais la gestion de l’économie de M. Trump. Sa cote de popularité est par ailleurs retombée sous les 50 %.
De quoi se faire du souci, alors que la perspective d’une récession totalement imputable à la politique tarifaire du président se précise, et que les élections de mi-mandat peuvent rebattre les cartes, d’ici moins d’un an et demi.
Les conséquences politiques pour les républicains sont déjà perceptibles. Mardi 1er avril, deux scrutins locaux ont démontré le regain de forme des démocrates : l’élection pour deux sièges de députés à la Chambre spéciale de Floride, remportée de peu par les républicains, et celle d’un juge démocrate à la Cour Suprême du Wisconsin.
S’ajoute à ces mauvaises nouvelles les critiques des plus grands donateurs du parti républicain. Dans sa lettre annuelle envoyée aux investisseurs lundi 7 avril, le directeur général de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, un temps pressenti pour être secrétaire au Trésor de l’administration Trump II, a ainsi écrit : « Les récents droits de douane augmenteront probablement l’inflation et conduisent de nombreuses personnes à envisager une plus grande probabilité de récession ».