Le géant français du transport et de la logistique a dévoilé le 6 mars, à l’occasion d’une visite de son P-dg Rodolphe Saadé à la Maison Blanche, un plan d’investissement de 20 milliards de dollars sur 4 ans aux États-Unis. De quoi s’attirer les faveurs du président Trump tout en renforçant son empreinte Outre-Atlantique. Revue de détail dans cet article proposé par notre partenaire La newsletter BLOCS.
Donald Trump s’est dit « ravi », jeudi 6 mars, de l’investissement de 20 milliards de dollars aux États-Unis sur les quatre prochaines années annoncé par le géant français du transport maritime CMA CGM.
En présence du patron du groupe, Rodolphe Saadé, le 47ème président des États-Unis a affirmé depuis la Maison Blanche que cet investissement résultait « de l’élection » présidentielle, qui s’est notamment traduite par de « grandes protections » pour l’économie américaine.
L’investissement de l’armateur marseillais, qui pourrait conduire à la création de 10 000 emplois aux États-Unis, selon la Maison Blanche, visera principalement à accroître la flotte de navire CMA-CGM sous pavillon américain – ce qui nécessitera des coûts élevés et un lourd travail de formation, la main d’oeuvre américaine ayant beaucoup baissé en compétences – et à augmenter la capacité des principaux ports à conteneurs sur les côtes Est et Ouest.
Il touchera aussi la logistique, avec le développement de nouveaux « entrepôts de pointe » à travers le pays, ainsi que le fret aérien, avec l’établissement d’un « hub cargo aérien majeur à Chicago », a précisé M. Saadé.
Une réponse aux annonces de MSC
De quoi renforcer significativement la présence de CMA-CGM dans le pays, où il réalise déjà près de 25 % de son chiffre d’affaires, détient la compagnie américaine de transport maritime American President Lines (APL), présente dans 40 États, où sont employées 15 000 personnes, et est également un acteur important dans le secteur du e-commerce.
L’annonce de M. Saadé, mise en scène à la manière d’une cérémonie d’allégeance dans le Bureau ovale, a d’abord surpris par son timing, en plein basculement géopolitique et au lendemain du discours solennel d’Emmanuel Macron ciblant la « menace russe » et les États-Unis, qui « soutiennent moins l’Ukraine et laissent planer le doute sur la suite ».
Faisant fi de ce contexte international, M. Saadé semble surtout attaché à préserver ses actifs américains. Son annonce intervient ainsi deux jours après celle de son concurrent italo-suisse, MSC, avec dans les deux cas des promesses d’investissement de 20 milliards d’euros.
Les deux mouvements de ces armateurs semblent aussi avoir vocation à dissuader M. Trump de mettre en place les taxes portuaires qu’il a agitées fin février. Celles-ci cibleraient principalement les armateurs chinois, mais aussi ceux qui opèrent des navires chinois.
Composée de 660 navires, la flotte de CMA CGM compte 250 navires construits en Chine dont une quarantaine est déployée aux États-Unis. Tout en se défendant d’avoir évoqué ce sujet avec M. Trump, M. Saadé a admis, dans un entretien accordé aux Échos : « si cette réglementation était actée, cela créerait de réelles difficultés pour l’ensemble des compagnies maritimes. J’espère qu’un dialogue va se mettre en place pour trouver des solutions ».
Les parties prenantes doivent se retrouver d’ici une dizaine de jours pour discuter de ce projet fiscal américain.