« Il faut se préoccuper de la continuité de service aux entreprises ». Pour Jean-François Gendron, président de CCI International, le réseau mutualisé des chambres de commerce et d’industrie (CCI) pour l’international, que Erai soit liquidé ou repris partiellement par l’Ardi (Agence régionale du développement et de l’innovation), le minimum, dans ce qu’il considère comme un « scandale national qui est une bonne leçon pour les collectivités locales », est que les élus régionaux et responsables de ce dossier n’oublient pas les quelque 270 à 300 PME et ETI qui sont actuellement sous contrat avec cette agence, dont beaucoup ont des salariés ou volontaires internationaux en entreprise (VIE) « portés » dans ses bureaux à l’étranger.
Croisé au Symposium mondial des Conseillers du commerce extérieur (CCE) de Miami, les 7 et 8 mai dernier, celui qui est aussi chef d’entreprise et président de la CCI de Nantes Saint-Nazaire était, comme beaucoup d’autres participants, curieux, mais aussi inquiet de savoir quelle serait la suite de ce dossier explosif. C’est que l’échéance se rapproche : le 18 mai, les élus rhônalpins doivent se prononcer sur la liquidation ou non de cette association qui était jusqu’à présent le bras armé de la Région pour sa politique de soutien à l’internationalisation des entreprises, et sur le projet de reprise partielle de ses activités par l’Ardi porté par Jean-louis Gagnaire, le vice-président du conseil régional en charge du développement économique*. Le 20 mai, les dossiers de reprise devront être déposés auprès de l’administrateur judiciaire. D’ici début juin, Erai n’aura plus un sou dans ses caisses pour faire face à ses obligations.
Business France, qui gère le dispositif des VIE, a discrètement travaillé son plan B au cas où l’affaire tournerait mal, laissant se positionner chambres de commerce et sociétés d’accompagnement privées susceptibles de reprendre les VIE en cas de fermeture immédiate des bureaux d’Erai à l’étranger. « Déjà, des chambres de commerce françaises à l’étranger se sont positionnées pour accueillir les VIE du jour au lendemain car elles ont des capacités d’accueil disponibles, d’autres y réfléchissent », indique Jean-François Gendron. Les CCIFI d’Istanbul et de Budapest se serait ainsi positionnées, d’autres, comme à Dubaï, y réfléchiraient. « Ce sera une négociation avec Business France », précise notre interlocuteur.
Les urgences à traiter ne vont pas manquer, comme en témoigne l’appel au secours lancé le 11 mai par 16 directeurs d’Erai à l’étranger*. Car le projet de reprise partielle des activités par l’Ardi ne prévoit la reprise que d’une demie-douzaine de bureaux sur les 27 que comptent actuellement Erai à l’étranger. Il déterminera aussi ce que pourront faire d’autres acteurs comme les sociétés privées OSCI (Opérateurs spécialisés du commerce international), intéressées par certains bureaux d’Erai à l’étranger, ou les chambres de commerce en France. « CCI International est aussi dans l’attente pour voir ce qui pourrait être fait une fois que le projet sera défini », conclut Jean-François Gendron. Elles ont prévu de se positionner par un communiqué en fonction de ce qui sortira du processus en cours.
C.G
*Erai en redressement judiciaire : l’appel au secours des directeurs de filiales
Pour Prolonger :
Lire les précédents épisodes du feuilleton Erai dans la Lettre Confidentielle :
–Rhône-Alpes : les élus régionaux vont décider de la liquidation ou non d’Erai le 18 mai
–Erai en redressement judiciaire : les précédents languedociens et bretons
–Spécial Rhône-Alpes : la Région pousse son projet de reprise partielle d’Erai par l’Ardi