La Banque mondiale vient de lancer un nouveau classement des pays pour la facilité à y faire des affaires pour remplacer l’ancien « Doing Business », arrêté en 2021. Dénommé « B-Ready », la première édition évalue une cinquantaine de pays, selon une nouvelle approche. Revue de détails.
En septembre 2021, la Banque mondiale avait annoncé l’arrêt des rapports Doing Business, longtemps une bible pour évaluer d’un seul coup d’œil la qualité de l’environnement des affaires dans de nombreux pays, notamment émergents et en développement. Mais, à la suite d’irrégularités dans les données et de soupçons de manipulation de la part de certains pays, l’Institution avait décidé d’arrêter ce projet. A l’époque, elle avait toutefois promis de travailler à « une nouvelle approche pour évaluer le climat des affaires et des investissements. »
Elle a donc tenu parole. Nom du nouveau classement : « B-Ready » pour « Business Ready ». Le premier rapport, sorti en octobre, propose un nouveau classement à partir de 1200 indicateurs par pays et, pour assurer la transparence de la démarche, permet de télécharger l’ensemble des données ayant permis, pour chaque pays, de les élaborer. Les données proviennent d’enquêtes par questionnaires menées auprès d’experts et du secteur privé.
Dix thématiques, trois piliers
Dans cette première édition, qui sert probablement de test grandeur nature, seuls cinquante pays sont traités, issus de divers continents et de différentes catégories (développés, émergents, pauvres) : pas de classement mondial pour le moment, donc. Mais le projet mérite d’être mentionné puisque l’institution compte étendre sa couverture à 180 pays dans les trois ans.
Dans ses grandes lignes, la nouvelle approche B-Ready s’appuie sur trois piliers, dix thématiques et trois thèmes transversaux, s’appuyant à chaque fois sur plusieurs dizaines d’indicateurs précis et « scorés » au cours des enquêtes. Les « piliers » agrègent les données remontant par thématiques.
Les trois piliers sont : le cadre réglementaire (Regulatory Framework), les services publiques (Public Services) et l’efficacité opérationnelle (Operationnal Efficiency).
Les dix thématiques sont : Entrée en affaires (Business Entry), localisation de l’entreprise (Business location), services publics (Utility services), travail (Labor), services financiers (Financial services), commerce international (International Trade), fiscalité (Taxation), résolution des litiges (Dispute Resolution), concurrence sur le marché (Market Competition), insolvabilité des entreprise (Business Insolvancy).
Les meilleurs et les plus mauvais scores
Chaque pays reçoit un score entre 0 et 100, du pire au meilleur, pour chaque thématique (et sous-catégorie dans les thématiques), lesquels sont agrégés pour chaque « piliers ». L’idée, selon les auteurs de ce classement, est d’encourager les pays à identifier leurs zones de faiblesse pour progresser et effectuer les réformes nécessaires. Sans entrer dans les détails, on peut donner quelques exemples.
Pour le Pilier « cadre réglementaire », le podium de tête est constitué de la Hongrie (78,23), du Portugal (78,11) et de la Géorgie (77,67). En queue de classement, Timor-Leste (40,21), Cisjordanie et Gaza (47,54) et l’Irak (49,39).
Pour le pilier « services publics », le trio de tête est constitué par l’Estonie (73,31), Singapour (70,4) et la Croatie (70,24). En queue de classement, la République Centrafricaine (18,35), la Gambie (2°,11) et l’Irak (21,45).
Enfin pour le pilier « efficacité opérationnelle », le podium se compose de Singapour (87,33), la Géorgie (84,75) et le Rwanda (81,31). En queue de classement, la République Centrafricaine (40,36), le Vanuatu (43,94) et Timor-Leste (44,83).
Pour accéder au rapport « B-Ready » complet (en anglais) : cliquez ICI
Singapour obtient des scores élevés dans les 10 thématiques
A noter que la très bien notée Singapour, qui était régulièrement en tête du classement de l’ancien Doing Business, affiche des scores élevés dans les dix thématiques : Entrée dans les affaires (93,57), localisation de l’entreprise (78,24), les services publics (81,76), le travail (66,83), les services financiers (73,33), le commerce international (79,83), la fiscalité (71,08), la concurrence sur le marché (62,29) et l’insolvabilité des entreprises (89,69). Par comparaison, la République Centrafricaine n’obtient un score au-dessus de la moyenne qu’en matière de services publics (53,02).
« Sur une échelle de 0 à 100, les économies obtiennent une note moyenne de 65,5 pour la qualité de leur cadre réglementaire, ce qui signifie qu’en moyenne, les économies sont à près des deux tiers du chemin vers l’ouverture aux entreprises dans cette catégorie », décrypte la Banque mondiale dans un communiqué de presse. « Mais elles n’obtiennent qu’une note de 49,7 pour leurs services publics, ce qui indique qu’elles ne sont prêtes qu’à moitié. Cet écart existe à tous les niveaux de revenu et dans toutes les régions, bien qu’il soit le plus faible dans les économies à revenu élevé et le plus élevé en Afrique subsaharienne, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. »
Pour l’heure, ce nouveau B-Ready est une nouvelle source d’information que les décideurs dans les entreprises ne doivent pas hésiter à explorer.
Christine Gilguy