Spécialiste du transport de vins, bières et spiritueux en petites quantités, VignoblExport, dont Hillebrand vient de prendre 70 % du capital, voit son activité repartir sur les chapeaux de roues après une année forcément difficile en raison de la crise sanitaire. La PME orléanaise compte sur le réseau du logisticien allemand, la reprise du marché américain et l’e-commerce pour développer son activité.
C’est une adresse qui circule sans publicité parmi les vignerons depuis plus de 10 ans. VignoblExport expédie pour eux, ainsi que pour des coopératives et des négociants, des échantillons sur des salons, aux acteurs de l’hôtellerie-restauration et de l’événementiel, ou aux agents-distributeurs à l’étranger.
« Au début, nous avons participé à des salons professionnels pour faire connaître notre activité et puis le bouche-à-oreille a rapidement pris le relai », se souvient Erwan Leteurtre, cofondateur de cette PME avec sa femme Marjolaine Leteurtre, qu’il rencontre alors qu’ils travaillent tous deux dans la même compagnie maritime au Havre.
Elle est diplômée de japonais et de commerce international, il est détenteur de l’attestation professionnel de commissionnaire de transport et les subtilités douanières et réglementaires du transport international n’ont aucun secret pour eux. Ils partagent une passion commune pour le vin et pressentent une opportunité d’affaires dans la logistique des petites quantités.
« Lorsque je travaillais chez Bolloré, je me suis rendu compte que c’était sur le marché des palettes, soit des plus petits comptes, qu’on réalisait les meilleures marges », confie le dirigeant. En 2010, ils sautent le pas et créent au Havre VignoblExport qui s’installe en 2015 à Orléans (dont est originaire Marjolaine), afin de bénéficier d’une situation géographique plus centrale.
Un chiffre d’affaires maintenu malgré les perturbations
L’entreprise prend en charge pour ses 3 000 clients (professionnels du vin et quelques particuliers), la recherche du transport au meilleur prix et toutes les formalités administratives. Avec deux impératifs : ne jamais être en retard et faire voyager les précieux flacons dans les meilleures conditions possibles.
Une gageure depuis le début de la pandémie et les perturbations qu’elle a engendré dans le transport international. « Heureusement, nous travaillons très peu sur le maritime, mais dans l’aérien les coûts ont également explosé, note le dirigeant. Il y a eu des retards et nous avons dû fournir un gros travail de pédagogie auprès de nos clients ».
Malgré cette année à nulle autre pareille, l’entreprise a maintenu son chiffre d’affaires à 2 millions d’euros. 20 % des clients sont étrangers (Italie, Espagne, Allemagne, Suisse et Royaume-Uni) et, en volume, 60 % des expéditions partent à l’international, destination l’Europe (transfrontalière et du Nord), l’Asie (Chine et Japon et l’Amérique du Nord.
Une diversité qui se reflètent dans les compétences linguistiques de l’équipe (notre photo) qui compte autant de personnes que de langues parlées : 10 (français, anglais, espagnol, catalan, italien, allemand, russe, tchèque, chinois et japonais). « La moitié des employés sont étrangers ou d’origine étrangère, ça facilite beaucoup le travail », se félicite Erwan Leteurtre.
Le marché américain redevient prometteur tandis que la Chine se replie
Pour le marché chinois, l’entreprise dispose d’un employé sur place, à Shanghai, « pour arrondir les angles et faire le lien ». Malgré cette aide précieuse il se montre plutôt sceptique sur l’eldorado chinois : « Chaque expédition est compliquée et est laissée à l’appréciation du douanier et ce pays donne en ce moment l’impression de se replier sur lui-même ». Par ailleurs, « les surtaxes chinoises sur les vins australiens n’ont pas bénéficié aux vins français », estime le dirigeant.
En revanche les Etats-Unis, dont l’accès a été limitée du fait de la surtaxe de 25 % appliquée par l’administration Trump dans le cadre du litige sur l’aéronautique, suspendue en mars dernier, tirent nettement la croissance depuis le début de l’année.
« Les agents sur place avec lesquels j’ai pu discuter me disent que depuis la fin de la surtaxe et les réouvertures des commerces, leur activité a été multipliée par deux » souligne le dirigeant. VignoblExport dispose sur place d’une domiciliation et d’un avocat « en cas de besoin », un dispositif léger mais suffisant pour ce marché que l’entreprise exploite depuis la France.
La prise de participation au capital, à hauteur de 70 %, du logisticien allemand Hillbrand (1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaires, 90 pays couvert) devrait permettre à la PME française d’étendre son réseau en Europe, de fluidifier le transport à destination de l’Asie et de développer des destinations, comme les Caraïbes où Hillebrand est également très présent.
Les nouvelles opportunités de l’e-commerce
VignoblExport ne table pas uniquement sur la vivacité de la reprise américaine pour renouer avec la croissance. Elle compte bien sûr sur le réseau d’Hillbrand pour étendre son réseau et développer son activité, mais aussi sur une tendance lourde des échanges internationaux depuis le début de la crise sanitaire : l’e-commerce.
En septembre 2020, l’entreprise s’est adjointe les services d’un développeur à plein temps chargé d’optimiser l’extranet et lancer de nouvelles fonctionnalités BtoC dont des « connecteurs » qui permettent de relier le site marchand d’un vigneron directement à l’extranet de VignoblExport.
Concrètement, en appuyant sur un bouton, le client est renvoyé vers l’extranet de VignoblExport et calcule en direct ses frais de livraison : les vendeurs n’ont plus à ressaisir eux -mêmes la commande en ligne. Un tracker et un système de notifications tiennent le vigneron informé de l’avancée de la livraison.
Pour Erwan Leteutre, ces nouveaux outils sont indispensables pour augmenter le volume d’affaires : « Nous avons pour l’instant développé et mis en place trois de ces connecteurs en six mois et ça fonctionne très bien ».
Sophie Creusillet