Fabrique de rubans fondée en 1847, l’ETI familiale stéphanoise s’est depuis spécialisée dans les dispositifs médicaux, en particulier les orthèses. Six générations plus tard, elle réalise plus de 50 % de son chiffre d’affaires à l’export et vient d’ouvrir une filiale en Australie avec pour objectif de couvrir une grande partie de la région Asie-Pacifique.
L’international n’est pas une affaire nouvelle chez Thuasne. Si l’entreprise a réalisé, en 2023, 60 % de son chiffre d’affaires à l’étranger (sur un total de 280 millions d’euros), elle a créé ses premières filiales et bureaux commerciaux dans les années 1990 en Europe, aux Etats-Unis, au Maghreb et une première incursion en Asie, en l’occurrence le Japon. C’est sous l’égide d’Elizabeth Ducottet, qui dirige l’entreprise depuis plus de trente ans, que Thuasne (2 400 employés) a pris du galon en dehors des frontières françaises.
En février, l’entreprise s’est aventurée aux antipodes en rachetant l’australien Medical Rehab (Etat de Victoria), un fournisseur de mobilité spécialisé dans la technologie de réadaptation. « La stratégie derrière ce rachat est double, explique au Moci la dirigeante. Il va nous permettre de travailler en direct à la commercialisation de solutions pour le traitement lymphœdème, dans lequel est spécialisé cette société australienne. En parallèle, cette filiale permettra de faire l’intermédiaire avec les distributeurs de la région pour l’orthopédie et la phlébologie. »
Zone de libre-échange
Concrètement, Thuasne Pacific couvrira non seulement l’Australie et la Nouvelle-Zélande mais également l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour et le Vietnam. Pour l’ETI, cette base australienne permet de disposer d’un stock au plus près des marchés de destinations, d’accompagner au plus près les distributeurs locaux, de faire la promotion de ses dispositifs, d’assister aux congrès médicaux de la région et de suivre l’actualité et les tendances des différents marchés de l’Asean.
Par ailleurs, le rachat de Medical Rehab est intervenu après l’entrée en vigueur du Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP), vaste accord de libre-échange qui lie les dix pays de l’Asean (la Birmanie, Brunei, le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam) et cinq pays qui disposaient déjà d’un accord de libre-échange bilatéral avec l’Asean, à savoir l’Australie, la Chine, le Japon, la Corée du Sud et la Nouvelle-Zélande. « La création de cette zone de libre-échange est tombée à point nommé, remarque Elizabeth Ducottet. C’est un concours de circonstances bienvenu car les passages en douane coûtent cher, peuvent potentiellement perturber la logistique et engendrer des délais d’attente. »
Partenariat en Inde
Cette stratégie jouant la carte de la proximité se justifie d’autant plus que ces marchés sont aussi nombreux que différents (habitudes médicales, systèmes de santé, niveaux de vie…) et que la concurrence internationale est bien présente. Cette présence australienne irradiant sur une des régions actuellement les plus dynamiques sur le plan économique vient par ailleurs compléter les activités de la filiale chinoise, installée de longue date et qui couvre le Japon et la Corée du Sud. Plus à l’Ouest, en Inde, Thuasne travaille avec un partenaire local, Tynor.
« Aller en Inde seul, c’est impossible, estime Elizabeth Ducottet. En raison de la taille de ce marché et de la multiplicité des règles inhérente au fédéralisme. Les volumes sont naissants, mais avec la crise actuelle du transport, une production locale se justifierait ». L’entreprise prévoit-elle de produire un jour en Chine ? Non et la dirigeante le réaffirme : Thuasne n’a pas pour projets d’ouvrir des sites de production en Chine. Elle est en possède 14 dans le monde mais uniquement en Europe et aux Etats-Unis.
Sophie Creusillet