The Exploration Company, société spatiale basée à Toulouse, vient de signer un joli contrat avec l’Agence spatiale européenne (ASE) pour mettre sur pied, d’ici 2028, un service de fret pour la Station spatiale internationale (ISS). Un nouveau succès pour cette acteur spatial ambitieux lancé dans la course mondiale des véhicules spatiaux réutilisables, où les États-Unis dominent.
C’est donc le « Nyx » de The Exploration Company, nom d’une petite capsule spatiale réutilisable construite et exploitée par cette société spatiale basée à Toulouse (notre photo en couverture), qui a séduit l’ASE à l’issue d’un appel d’offre international ouvert. Le 22 mai, la société basée à Toulouse a signé un contrat avec l’Agence européenne à Bruxelles pour développer un service de transport de fret « à destination et en provenance de la Station spatiale internationale (ISS) d’ici 2028, et vers d’autres stations commerciales après la fermeture de l’ISS en 2030 ».
Un très beau contrat pour The Exploration Company, l’ASE devenant son « client de référence », et l’Europe son marché « d’ancrage ». Il intervient après une série de succès technologiques et commerciaux remportés ces trois dernières années : en février 2024, essais réussis de son moteur Huracan, qui équipera sa capsule lunaire réutilisable Nyx Moon et en mars suivant, essais réussis également de son propulseur vert en Pologne. Sur le plan commercial, dès septembre 2023, la société signait un accord de pré-réservation de services de fret avec Axiom Space, la première station spatiale commerciale au monde. Ces développements avaient pu être financés grâce à une levée de fonds de série A de 40,5 millions de dollars, un montant record pour le secteur européen des technologies spatiales.
D’après un communiqué, l’ASE a lancé l’appel d’offres en décembre 2023, demandant aux entreprises européennes de faire la démonstration d’un service complet de livraison de fret. Outre que ce succès « démontre une nouvelle fois ses capacité techniques et commerciales », ce contrat constitue aussi, pour elle, « une étape significative pour la certification du véhicule de The Exploration Company par la NASA » aux Etats-Unis.
Enfin, le projet permettra à l’ASE et à l’industrie spatiale européenne de « développer des services compétitifs vers les stations spatiales, en renforçant l’indépendance européenne » dans le développement de technologies pour les usages civils et militaires. En particulier, il permet d’envisager de faire voler les astronautes européens sans passer par des prestataires des États-Unis.
« Cette initiative historique démontre l’agilité de l’ESA et sa volonté d’agir comme un client d’ancrage, c’est-à-dire de combiner des financements publics et privés, comme l’a fait la NASA il y a une quinzaine d’années, souligne Hélène Huby, CEO et cofondatrice de The Exploration Company. Nous continuerons à agir avec audace, à agir rapidement et à agir ensemble. C’est ainsi que nous avons construit Airbus et les succès mondiaux de l’Euro – et c’est ainsi que nous construirons les prochains succès mondiaux de l’espace européen ».
« Le projet de service de retour de fret en orbite basse illustre l’engagement de l’ESA à garantir le rôle prépondérant de l’Europe dans l’exploration spatiale, commente pour sa part Daniel Neuenschwander, directeur de l’exploration humaine et robotique à l’ESA. Il nous prépare à l’ère post-ISS, en renforçant la compétitivité de l’industrie européenne dans les opérations en orbite terrestre basse, et constitue un test pour la transformation de l’ESA et son mode de fonctionnement différent. »