Le groupe bordelais Sterne, spécialisé dans le transport urgent, est devenu la première « entreprise à mission » du secteur, un signe fort qui souligne ses engagements sociaux et environnementaux. Et un atout à l’international ou l’ETI réalise 50 % de son chiffre d’affaires.
« C’est une démarche naturelle pour nous, pose Laurent de Rosnay, le directeur général de Sterne. Nous avons toujours minimisé notre impact sur l’environnement en réduisant les kilomètres parcourus et les stocks morts, en mutualisant les livraisons… »
L’entreprise créée en 1972, qui transportait à l’origine des liasses de documents pour le secteur bancaire et s’est spécialisé depuis dans le transport en urgence (pièces détachées, SAV…), est en effet le premier logisticien à obtenir la qualité de « société à mission », introduite en 2019 par la loi Pacte, relative à la croissance et la transformation des entreprises.
Concrètement, il s’agit d’inscrire dans les statuts de l’entreprise plusieurs objectifs sociaux et environnementaux qu’elle se donne pour mission de poursuivre dans le cadre de son activité. Ces éléments doivent être inscrits dans les statuts de l’entreprise et déclarés au greffe du tribunal de commerce. Ils sont également mentionnés dans la base de données Siren qui répertorie les entreprises et les établissements enregistrés en France.
Cette démarche est allée de pair avec une importante opération de croissance externe l’année dernière.
Une importante opération de croissance externe en Allemagne
Sterne a en effet racheté en février 2022 Nox NachtExpress, un concurrent allemand spécialisé, comme lui, dans le transport nocturne (les marchandises sont enlevées le soir et livrées le lendemain matin à la première heure).
Ce faisant l’entreprise a doublé de taille passant à plus de 2000 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 560 millions d’euros l’an dernier, dont 50 % réalisés à l’international. Ce rachat a en effet propulsé le groupe bordelais en Autriche, en Belgique et aux Pays-Bas qui constituent désormais ses plus importants marchés étrangers. Au total le logisticien est présent dans une douzaine de pays européens ainsi qu’au Maroc et Chine.
Autre initiative dans le domaine de l’environnement, rare pour une ETI, l’entreprise a obtenu la certification SBTI (Scienced-Based Targets Initiative) qui atteste des engagements d’une société en matière de RSE. Pour obtenir cette certification mondiale, les entreprises doivent se fixer des objectifs de réduction de gaz à effet de serre (GES) et bien sûr les respecter. Parmi les démarches entreprises par l’ETI pour y parvenir : privilégier des bâtiments économes en énergie, une flotte composée à 93 % de de véhicules aux normes EURO 6 et de 33 véhicules 100 % électriques et une réduction drastique des kilomètres à vide.
A l’horizon 2032, Sterne a pour ambition de réduire de 42 % ses émissions de GES sur les scopes 1 et 2 et 25 % sur le scope 3 de son bilan carbone. « Nous avons également incité les équipes de notre siège bordelais à utiliser les transports en commun et réduisons le nombre de voitures de fonction ce qui est un peu la révolution pour certains, ajoute Laurent de Rosnay. Mais notre démarche globale en faveur de l’environnement est devenue atout dans le recrutement de nouveaux collaborateurs. »
Pour mettre en place cette stratégie Sterne a investi dans l’humain en recrutant il y a quatre ans un directeur du développement durable, Loïc Chavaroche, et 13 personnes pour la mise en pratique les mesures RSE. « Nous opérons sur un marché de niche et nous n’avons pas pour ambition de devenir le plus gros logisticien d’Europe, mais nous avons à cœur de continuer à nous développer sans vendre notre âme, insiste Laurent de Rosnay. C’est pour cette raison que nous ne travaillons pas avec des chauffeurs sous-traitants avec des statuts d’auto-entrepreneurs, des semaines de 80 heures et une absence de couverture sociale. »
Si cette stratégie sourit à l’entreprise, qui anticipe un chiffre d’affaires de 600 millions d’euros cette année, elle répond également à une demande croissante du marché, en France et ailleurs. « Le marché et l’environnement économique exigent ce genre d’attitude », estime le P-dg.
La démarche de Sterne est un argument de plus pour continuer son expansion à l’international. S’il ne peut pas encore en donner les détails, le dirigeant envisage d’autres opérations de croissance externe en Europe.
Sophie Creusillet