Prodeval, ETI drômoise spécialisée dans la fabrication d’unité de production de biométhane, scelle son alliance avec Suez pour convaincre les grands clients territoriaux du groupe, en France et à l’international.
Une joint-venture avec Suez, le géant français de la gestion de l’eau et des déchets, baptisée Works4Impact. Voici le dernier jalon posé par Prodeval dans la course au déploiement de ses solutions de production de biométhane à partir de déchets organiques issus des résidus agricoles, des boues des stations d’épuration et des déchets ménagers.
Une course participant à la décarbonation des territoires et que l’entreprise mène aussi bien en France qu’à l’international. Sa technologie de séparation membranaire lui permet de proposer des unités produisant un biométhane affichant un rendement supérieur à 99 %. Celui-ci est ensuite réinjecté dans les réseaux de gaz de ville, pour remplacer le gaz fossile, ou valorisé sous forme de BioGNV pour la mobilité des véhicules.
Déjà un quart du chiffre d’affaires à l’export

Reprise en 2010 par Sébastien Paolozzi alors qu’elle enregistrait deux millions d’euros de chiffre d’affaires avec 5 salariés, l’ETI drômoise mène depuis une croissance remarquable, boostée par l’accélération de la prise de conscience du dérèglement climatique.
Un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros est ainsi annoncé pour 2021 (avec 285 salariés), contre 75 millions en 2020. Une cinquantaine de recrutements sont d’ores et déjà au programme de 2022.
Côté export, l’entreprise réalise près d’un quart de son chiffre d’affaires à l’étranger, notamment grâce à la création récente de plusieurs filiales. Elle en compte actuellement quatre.
La première a été ouverte en Italie en 2018 et s’appuie sur une dizaine de salariés. 15 installations de production de biométhane sont opérationnelles, plaçant Prodeval parmi les leaders du marché italien. Sébastien Paolozzi y revendique ainsi plus de 30% des parts de marché. Elle vient d’ailleurs de remporter un appel d’offres pour l’installation de deux nouvelles unités à Rome.
La seconde filiale a été ouverte en 2019 à Montréal (3 salariés). « Les signatures de marché commencent à se concrétiser », assure le dirigeant de Prodeval. Les deux filiales les plus récentes ont été lancées au début de l’été dernier aux États-Unis et à Prague. « En trois mois, nous avons déjà signé une quinzaine de contrats aux États-Unis ». D’ici l’été prochain, cette filiale américaine devrait être composée d’une dizaine de salariés, puis dans une seconde phase d’une cinquantaine de personnes.
S’appuyer sur Suez pour approcher
les grands clients publics internationaux
La JV formée il y a quelques semaines avec Suez se concentrera sur le marché de la production de biométhane à partir de boues issues des stations d’épuration. Ce biométhane sera valorisé pour servir les besoins de mobilité verte des clients publics de Suez, à travers le monde.

Diane Galbe, directrice générale adjointe du groupe Suez en charge de la Business Unit mondiale Smart & Environmental Solutions et de la Stratégie, rappelle : « Face à l’urgence climatique, le biométhane constitue une énergie décarbonée favorisant l’indépendance énergétique des territoires ».
Works4Impact est en réalité le fruit de plusieurs années de collaboration : depuis le premier prototype de méthaniseur de Prodeval installé sur une station Suez jusqu’à la prise de participation de Suez Ventures au capital de Prodeval porté à 40 % cet été.
Cette association assure à l’entreprise drômoise une crédibilité renforcée. « Suez est un groupe reconnu partout dans le monde, il sera ainsi beaucoup plus facile pour nous de répondre aux attentes des clients internationaux ».
D’autant que le marché est plus que prometteur. « En France, 1.000 méthaniseurs devront être opérationnels d’ici 2025 et il en reste encore 500 à construire », explique encore Diane Galbe. « En Italie, c’est autant, voire plus. Et pour l’Amérique du Nord, nous estimons le marché adressable par Prodeval et la JV à 10 milliards d’euros ».
A court terme, le duo cible la France et l’Italie, puis l’Europe (en particulier l’Espagne), puis l’Amérique du Nord.
Stéphanie Gallo