Grâce à l’intelligence artificielle, Swapcard a su se démarquer de l’offre de plateformes digitales qui ont pullulé dans le secteur de l’événementiel depuis le début de la crise. Portée par ses succès et habitué à suivre ses clients sur de nouveaux marchés, la startup tricolore a ouvert pas moins de six filiales étrangères en 2020.
Tout est parti d’une histoire de cartes de visite, comme l’indique le nom de la société (to swap card signifiant « échanger des cartes »). Baptiste Boulard (notre photo), Damien Courbon et Godefroy des Francs, trois amis d’enfance, s’étonnent de l’amoncellement et de l’inutilité des cartes de visite. Contacts obsolètes, répertoires figés… Ils lancent Swapcard en 2014 pour développer un système de cartes numériques, personnalisables et à jour.
Sept ans plus tard, la plateforme qu’ils ont développée permet d’organiser des événements virtuels, physiques ou hybrides de grande envergure en intégrant la billetterie, les conférences en ligne, la mise en relation des participants, les relais sur les réseaux sociaux….
Une startup qui a su profiter de la digitalisation
Surtout, elle revendique être la seule à utiliser l’intelligence artificielle pour affiner et potentialiser la mise en relation de participants et d’exposants. En procédant à une analyse fine des données transmises par les organisateurs, la plateforme est capable de mettre en relation les participants de façon pertinente. Et donc de leur faire gagner du temps, tout en augmentant la part de contacts qualifiés.
« Avant le début de la crise, la valeur ajoutée des salons professionnels était remise en question, constate Baptiste Boulard, CEO de la startup, depuis Lisbonne où il est installé depuis peu. C’est une industrie archaïque qui avait besoin de se digitaliser. »
Restrictions de déplacements obligent, la solution proposée par Swapcard a montré toute son utilité et convaincu les organisateurs de grands événements : Informa, JC Events, Messe Cologne, The Economist ou encore IBM.
Le palmarès de salons professionnels impressionne : le Gitex de Dubaï (informatique et électronique grand public), le salon Global Industrie (France), Black Hat à Londres (sécurité), Evolve (salon des planneurs de l’événementiel, Laval Vitual…. Tous formats confondus, la technologie de Swapcard a été utilisée par 1 800 événements sur le seul second semestre 2020.
Multiplication des implantations à l’étrangers
Résultat : alors qu’elle comptait 35 personnes en juillet, la startup a recruté à tour de bras et emploie aujourd’hui 160 personnes. Une hausse des effectifs due à la hausse de la demande internationale, selon Baptiste Boulard.
A tel point que la startup a dû créer pas moins de six filiales à l’étranger depuis le début de la crise sanitaire faisant passer leur nombre à 9 : Allemagne, Portugal, Espagne, Canada, Dubaï, Royaume-Uni, Inde, Singapour et les États-Unis (en fait ouverte trois mois avant la survenue de la pandémie.
« A Seattle, la filiale a ouvert trois mois avant la pandémie et nous n’avons rien signé pendant six mois avant que la demande n’explose suite au salon Evolve. Aujourd’hui, les États-Unis représentent la moitié de notre activité » constate le responsable.
Pour compléter son offre, la startup tricolore a racheté Avolio, un concurrent américain qui édite un logiciel d’inscription au événements, technologie qui manquait Swapcard. Pour les aspects concrets de son internationalisation, elle se fait accompagner par Pramex.
Quand au choix des destinations, le principe est de suivre les clients sur leurs marchés et de toujours avoir une personne sur place. « A Dubaï, nous avons embauché une personne qui travaillait chez un concurrent et qui connaît parfaitement le marché » explique Baptiste Boulard.
Objectif : 200 millions de CA en 2024
Si la startup ne communique pas son chiffre d’affaires, elle avance néanmoins sa multiplication par 10 en 12 mois et vise 200 millions d’euros fin 2024. Un objectif qu’elle compte atteindre grâce à ses activités hors des frontières nationales.
« Avant la crise 80 % des effectifs étaient en France, aujourd’hui c’est 20 % », relate Baptiste Boulard. Une bascule qui s’explique par le dynamisme des outils digitaux dans le monde mais aussi à la faiblesse du marché français, selon le dirigeant. « Il est très particulier, pénible, en ce sens qu’il est très en retard sur la digitalisation et les acteurs sont archaïques. Ils ont préféré ne rien faire et percevoir les aides pendant la crise sanitaire, et n’ont donc pas innové. » Les principaux intéressés apprécieront.
Sophie Creusillet