La startup nantaise Lhyfe vient de lever 50 millions d’euros pour déployer ses unités de production d’hydrogène vert en France et à l’international. En Europe pour commencer, puis dans le monde. Déjà une soixantaine de projets sont identifiés, un doublement des effectifs est anticipé pour 2022.

Sa première usine est opérationnelle depuis le mois de septembre en Vendée. Elle sera vite dupliquée car son marché s’annonce gigantesque dans un monde qui doit accélérer sa transition écologique : la startup nantaise, fondée en 2017 par Mathieu Guesné (ex-chercheur du CEA), a développé une technologie industrielle de production d’hydrogène propre. Sa cible : la mobilité et l’industrie.
Alimenté par de l’énergie renouvelable (éolienne pour cette première usine vendéenne), le process ne rejette que de l’eau et de l’oxygène, contrairement à la production traditionnelle d’hydrogène assise sur les hydrocarbures.
Un modèle basé sur le circuit court
Avec une soixantaine de salariés et ce premier site de production, Lhyfe produit déjà 300 kilos d’hydrogène par jour pour approvisionner les besoins du département de la Vendée et de la région Pays-de-la-Loire. Ce sera au moins trois fois plus sous 18 mois.
« Notre modèle est basé sur le circuit court autant pour la production que pour la consommation », signale Nolwenn Belléguic, associée en charge des ressources humaines et de la communication.
C’est dans l’idée de respecter le principe des circuits courts que Lhyfe va donc devoir multiplier les sites de production, au plus près de ses clients. Elle a d’ores et déjà signé avec des acteurs du Grand Ouest, dans le cadre du consortium VHygo, pour déployer 10 sites d’ici à 2024 et alimenter 20 stations de distribution d’hydrogène desservant 500 véhicules. Des projets sont également avancés en Occitanie et dans plusieurs autres territoires français. De l’off-shore au large du Croisic et dans la mer du Nord est également attendu pour les prochains mois.
Une soixantaine d’unités en perspective en Europe
Mais si la jeune pousse française valide sa technologie et assure ses premiers pas en France, elle a d’emblée programmé un développement mondial. Elle dispose d’une filiale en Allemagne où une dizaine de salariés travaillent à développer l’écosystème local. Déjà deux projets d’usine sont validés.
Depuis le mois de mai 2021, une filiale est également opérationnelle au Danemark (deux personnes). Celle-ci doit permettre de répondre administrativement aux exigences du montage de deux projets de très grande envergure, les dossiers « Green HyScale » et « Green Lab ». Le premier doit permettre la mise en route d’un électrolyseur, en 2024, capable de produire 30 tonnes d’hydrogène par jour. Le second, prévu pour 2022, doit aboutir à la production de 8 tonnes/jour.
Deux autres filiales ont été créées récemment en Suède et aux Pays-Bas. La filiale espagnole est en cours de lancement et dans quelques semaines, Lhyfe pourra également s’appuyer sur des implantations en Italie et au Portugal.
« La plupart du temps, nous créons une filiale parce que nous sommes imbriqués dans un projet impliquant plusieurs acteurs, souligne Nolwenn Belléguic. L’idée est aussi que ces filiales prospectent mais il faut reconnaitre que pour l’instant, les clients viennent à nous en réalité. Pas plus tard qu’hier, nous avons été sollicités par un potentiel client à Taïwan par exemple, sans prospection. Notre technologie est pour le moment unique et il est évident que désormais l’avenir est à l’hydrogène vert ».
Lhyfe envisage une soixantaine de projets de nouvelles unités en Europe. En parallèle, la startup travaille à son implantation en Amérique du Nord et en Asie (au moins deux filiales envisagées).
Pour porter ces développements en France et à l’international, l’entreprise nantaise vient de réaliser une levée de fonds de 50 millions d’euros auprès de de Swen Capital Partners et de la Banque des Territoires. En 2022, Lhyfe devrait doubler ses effectifs.
Stéphanie Gallo