La filiale d’Energy Observer, EODev, et ses générateurs électriques à hydrogène cartonnent à l’international. Une surprise pour ses dirigeants qui tablaient sur un développement national dans un premier temps et ont dû réorganiser leurs équipes et leur stratégie en conséquence.
En mai dernier, la tour Eiffel était illuminée pour la première fois par un groupe électrogène fonctionnant à l’hydrogène ne rejetant que de la vapeur d’eau. Une opération de communication qui a fait connaître cette innovation du grand public. Mais pas seulement.
« On a eu beaucoup de chance, sourit Stéphane Jardin, directeur commercial en charge de l’international d’EODev. Suite à cet événement nous avons vu affluer des demandes depuis l’étranger dont celles de Blue Diamond et AKA. »
Des prises de contacts qui donneront lieu, six mois plus tard à deux contrats de distribution. Avec le fournisseur de solutions énergétiques canadien AKA pour l’Amérique du Nord et Blue Diamond, l’un des principaux distributeurs d’équipements électrogènes en Australie auprès de compagnies minières et d’entreprises du BTP.
Deux références de choix pour cette PME née en 2019 des travaux d’Energy Observer, le navire propulsé à l’hydrogène dont la pile a été conçue par les ingénieurs du CEA-Liten, un institut de recherche du CEA consacré aux nouvelles technologies de l’énergie.

La PME, qui emploie aujourd’hui 60 personnes (dont des prestataires), a en effet mis au point des groupes électrogènes se passant du diesel. Le GEH2 dispose d’une puissance de 100kVA dans un volume optimisé (2 mètres de haut, 3 de large et 1 de profondeur) grâce à une pile à combustible développée par Toyota et qui équipait déjà Energy Observer.
Toyota, le partenaire historique, est entrée au capital
Pour le REXH2, destiné au secteur maritime avec un encombrement d’à peine un mètre cube et un poids de 400 kilos, il a fallu adapter le système de refroidissement de la dernière génération de pile de Toyota et travailler à sa protection contre le sel et les poussières. Pour financer l’industrialisation et l’internationalisation de ses générateurs, la PME a levée 25 millions d’euros en 2020.
En avril 2021, son partenaire historique Toyota Motor Europe est entré au capital, aux côtés du groupe Accor et de Thélem assurances, actionnaires historiques d’EODev, et du groupe Monnoyeur, un leader français de la distribution de biens d’équipement et de services pour la construction et l’industrie. De quoi donner à cette jeune entreprise les moyens de développer son activité, notamment à l’international.
« Nous pensions nous focaliser d’abord sur le marché national et nous ne nous attendions pas à une telle demande internationale si tôt, relève le directeur commercial. Nous avons embauché des managers et des commerciaux pour s’occuper du marché français et je me suis occupé de la distribution des produits à l’étranger. »
Objectif : produire 200 générateurs par an
Sur ce tout nouveau marché des générateurs électriques à hydrogène, des machines qui coûtent 20 à 50 % plus cher que leurs homologues au diesel, EODev revendique d’être la première entreprise à les fabriquer en série, laissant envisager des économies d’échelle et une baisse du prix de vente à terme.
Pour ce faire, l’entreprise a signé à l’automne 2021 un partenariat stratégique avec Eneria, filiale du groupe Monnoyeur, pour l’industrialisation du GEH2 sur le site de Montlhéry à côté de Paris. Objectif : produire 200 générateurs par an.
Elle a également signé avec cette même société un accord de distribution et de maintenance des GEH2 et REXH2 pour la France métropolitaine, la Belgique, le Luxembourg, la Pologne, la Roumanie et l’Algérie. Le contrat avec AKA et la perspective d’autres affaires aux États-Unis rendent pertinent une production sur place en permettant d’économiser les gaz à effet de serre (GES) générés par le transport des matières premières et des produits finis.
Sophie Creusillet