Les résultats du premier baromètre des « dynamiques internationales des ETI »* réalisé par le Meti (Mouvement des entreprises de taille intermédiaire) ont été remis le 18 avril en fin de journée à Franck Riester, le ministre délégué en charge du Commerce extérieur. Ils montrent une indéniable réussite de ces entreprises à l’international, qui pourraient davantage être soutenues par les dispositifs publics mais misent avant tout sur la préservation d’un « écosystème compétitif ».
Indéniablement, les entreprises de taille intermédiaire (ETI) ont le goût de l’international et y tracent leur sillon sans complexe, à travers leurs exportations ou leurs implantations. Selon le premier baromètre des « dynamiques internationales des ETI » réalisé par le Meti en partenariat avec Altios, AU Group, International SOS et LCL auprès de 1500 d’entre elles, 86 %, soit une sur neuf, ont une activité d’exportation.
Des entreprises très actives au grand export
Parmi celles qui exportent, beaucoup sont très actives au grand export, c’est-à-dire hors de l’Union européenne. Ainsi, elles sont près de la moitié (48 % en 2022, 46 % en 2023) à réaliser plus de 50 % de leur chiffre d’affaires à l’export, dont près d’un quart (27 %) dans une cinquantaine de pays et un tiers (32 %) dans 20 à 49 pays.
Côté implantations à l’international, elles ne sont pas en reste : 90 % des ETI déclarent au moins une implantation à l’étranger, et plus d’un tiers sont implantées dans plus de 10 pays.
Dans le détail, si l’Europe reste le premier marché export pour 73 % des interrogées, l’Amérique du Nord l’est pour 13 % et l’Afrique pour 8 % (Moyen orient 2 %, Asie 1 %). En outre, l’Amérique du Nord est le second débouché export pour 35 % d’entre elles, et l’Asie l’est pour 17 %, à égalité avec l’Europe.
Chercher des opportunités de croissance est le premier moteur
Pourquoi une telle dynamique d’internationalisation ?
Plébiscité par une majorité écrasante de 90 % des répondants, le premier moteur est la volonté de saisir les opportunités de développement et de croissance qui s’offrent à elles. Le second, avec 75 %, est de diversifier leurs marchés de présence et réduire les risques, davantage cité que l’étroitesse du marché français (plus de 50 %), ou encore l’amortissement des coûts de production ou l’attractivité du Made in France, ces deux derniers facteurs étant cités par environ un tiers de répondants.
Même la Covid19 n’a pas réussi à doucher leur appétit : 6 ETI sur 10 déclarent avoir au contraire accru leur présence à l’international depuis la pandémie. Pour le Meti, cela montre que « le déploiement des ETI à l’international s’inscrit dans le long terme ».
Un puissant levier de redressement commercial qui utilise peu les aides
Dans ces conditions, pour cette organisation, les ETI, au nombre de 6100 en France, « constituent un puissant levier de redressement de notre balance commerciale » tout en contribuant « significativement à la force de projection de la France dans les échanges économiques mondiaux ».
Paradoxalement, ces entreprises ont peu recours aux aides publiques à l’export, notamment celles proposées par le dispositif Team France Export (TFE), il est vrai très orienté vers les PME. Comptant « surtout sur leur propres moyens » – 85 % déclarent financer leurs activités internationales sur fonds propres et autant utilisent leur réseau personnel pour de nouveaux développement-, à peine 33 % déclarent avoir eu recours à la TFE.
Dans ces conditions, le Meti estime dans son communiqué que pour répondre aux ambitions du gouvernement, non seulement ces entreprises doivent pouvoir compter sur « un environnement garantissant les conditions de leur compétitivité » par la poursuite des réformes dans ce domaine, mais elles doivent aussi pouvoir mobiliser « dispositifs et partenaires à même de les accompagner dans leurs projets de prospection, consolidation, expansion à l’international ».
L’enjeu de compétitivité est prioritaire
L’enjeu de compétitivité est toutefois perçu par le Meti comme prioritaire par rapport aux autres leviers. « Bien sûr, la Team France Export nous importe mais si l’on doit formuler nos priorités par rapport à l’état des lieux que dresse ce baromètre, pour libérer ce potentiel incroyable, les enjeux de compétitivité sont le premier levier d’action » a confirmé au Moci Florence Naillat, déléguée générale adjointe du Meti. En la matière, explique-t-elle, il faut jouer sur la compétitivité coût, mais aussi hors coût, et notamment la simplification de l’environnement normatif : « il s’agit de faire en sorte que l’écosystème leur permette de se positionner par rapport à la concurrence internationale », explique-t-elle.
Or, dans ce domaine, « il y a un sentiment que lorsque des efforts de simplifications sont faits dans un domaine, de nouvelles complexifications naissent dans d’autres ». Exemple emblématique : la directive CSRD sur le reporting extra-financier, que la France s’est empressée de transposer en y ajoutant des contraintes supplémentaires. « Nous avons estimé le coût global de mise en œuvre de cette nouvelle norme à 2 milliards d’euros par an sur 2 ans pour les ETI françaises » rappelle la délégué générale adjointe du Meti. Autres sources d’inquiétude, alors que la question de la réduction du déficit budgétaire exacerbe les débats politiques en pleine campagne électorale pour les élections européenne, la remise en cause de certaines aides aux entreprises comme le Crédit d’impôt recherche (CIR).
Une fois cette priorité posée, les dispositifs de soutien à l’international sont considérés, selon Florence Naillat, comme un « bel atout », mais à adapter. « Il faut veiller à ce que ce qui est proposé aux entreprises soit mieux connu des ETI et adaptés à leurs besoins » souligne-t-elle, ajoutant que son organisation plaide pour davantage de « chasser en meute », sur le modèle du Mittelstand allemand. Autrement dit un accompagnement « sur mesure » de la part de la Team France Export, et davantage de place dans les délégations officielles se déplaçant à l’étranger.
Pour l’heure, Franck Riester s’est montré ouvert. « Déterminé à redresser la balance commerciale française, je veillerai à ce que les ETI déjà à l’export puissent s’y renforcer et que celles qui ne sont pas encore présentes à l’international puissent s’y implanter, a-t-il déclaré, cité par le communiqué du Meti. Pour cela, nos ETI ont à leur disposition un éventail d’outils « sur-mesure » et la possibilité d’être accompagnées par la Team France Export, pour réussir sur l’ensemble des marchés mondiaux. »
A suivre…
Christine Gilguy
*Pour accéder à l’intégralité des résultats du baromètre, téléchargez ci-après le document attaché à cet article.