Créée en 2014 à Sénas, dans les Bouches-du-Rhône, Qista se développe à grande vitesse sur un marché extrêmement porteur à l’heure du changement climatique : la lutte éco-responsable contre les moustiques qui prolifèrent sans frontière. Sa solution : une borne high tech qui détruit de façon sélective et non polluante ces insectes. La PME provençale commence à percer à l’export.
C’est un contrat en or que vient de décrocher Qista aux Émirats arabes unis : un accord de partenariat exclusif avec le groupe émirien Al Khayyat Investments (AKI), qui a d’entrée signé une commande ferme pour 400 bornes anti-moustiques. Ces petites merveilles vendues en France 1300 euros TTC (prix catalogue), iront équiper hôtels, villas et autres sites touristiques infestés.
Pour l’anecdote, c’est un heureux hasard qui est à l’origine de cette belle affaire. Un employé d’AKI connaissait l’efficacité de cet appareil pour en avoir équipé une maison qu’il possède en France. « AKI cherchait justement des solutions écologiques pour répondre aux besoins du marché : nous avons envoyé quelques machines, les tests ont été concluants » se réjouit Stéfania Juan, responsable commerce international de Qista.
Une solution breveté, écologique et non-chimique
De fait, les appareils mis au point par Qista (ci-contre) séduisent les clients en quête de solutions non-chimiques et respectueuses de l’environnement. Sa technologie brevetée permet l’émission d’un dioxyde de carbone recyclé et d’un leurre olfactif imitant l’odeur corporelle qui attire les moustiques ; ceux-ci sont ensuite aspirer dans un piège à l’intérieur de l’appareil dont ils ne peuvent ressortir.
Cerise sur le gâteau : la borne est sélective, seules les femelles, qui ont besoin de sang pour nourrir leurs œufs, sont attirées. Et grâce à une récente innovation, des capteurs optiques qui font le tri, les autres espèces d’insectes sont épargnées car l’aspiration ne se déclenche pas lorsqu’ils passent à proximité. « Nous avons des études scientifiques qui montrent que nos appareils réduisent de 88 % les nuisances liées aux moustiques », indique Stéfania Juan.
Fonctionnant à l’électricité, les bornes peuvent sans problème se brancher à un générateur solaire, solutions adoptées par plusieurs clients en Afrique.
11 000 appareils installés dans 23 pays
Depuis sa création par Pierre Bellagambi, son Pdg, la PME provençale a ainsi livré 11 000 de ces installations à des collectivités publiques ou privées dans 23 pays, dont bien sûr en France. Car le fléau n’est plus, depuis longtemps, cantonné aux pays dits du « sud » : les moustiques, qui se sont déployés avec l’essor des transports aériens et du tourisme international, prolifèrent aujourd’hui à peu près partout dans le monde.
Le réchauffement climatique ne va pas arranger la situation. En France, par exemple, le moustique tigre infeste 71 départements. Aux Émirats arabes unis, dont près de 90 % de la population est constituée de travailleurs étrangers, pas moins de 11 espèces différentes de moustiques sont recensées, dont certaines véhiculent le paludisme ou le virus du Nil Oriental.
« L’internationalisation est un relais de croissance indispensable pour Qista » aime à dire Pierre Bellagambi. Bénéficiant depuis 2017 du soutien d’un actionnaire de poids, TDH (Thierry Dassault Holding), qui a renforcé sa participation en 2023, la société, qui emploie 60 collaborateurs et devrait réaliser 4 millions d’euros de chiffres d’affaires cette année, dont 20 % à l’export, a pu traverser les difficultés liées à la flambée des prix des composants qui ont freiné son activité cette année.
Bien que sa technologie ait décroché un award au CES de Las Vegas de 2018, Qista a eu jusqu’à présent une approche assez opportuniste des marchés export, sa priorité initiale étant de déployer sa solution sur le marché français. « C’est notre bonne notoriété en France qui nous a permis jusqu’à présent de toucher des partenaires étrangers » confirme Stéfania Juan. C’est ainsi que le Club Med lui a commandé des appareils pour un site à Bali, ou qu’un client particulier en France, comme on l’a vu, a fait connaître sa technologie aux Émirats arabes unis.
Concentrée sur son déploiement en France, Qista ne s’est dotée d’un service export qu’il y a quatre ans à peine, avec une petite équipe de trois personnes actuellement. Le réseau de distributeurs à l’étranger commence tout juste à se mettre en place. « Pour le moment nous avons trois grands vecteurs d’exportation : les distributeurs (Angola, La Réunion, EAU, les Îles Caïman), les clients privés, et les gouvernements via des dispositifs comme le Fasep » explique Stéfanias Juan.
Les projets dans les tuyaux ne manquent pas et l’Afrique est un terrain de choix. En Angola, où la société a trouvé un distributeur, elle s’est positionnée sur un récent appel à projet du Fasep, géré par la DG Trésor, afin de pouvoir déployer une cinquantaine de machines dans différents sites publics (hôpitaux, écoles, parcs, etc.). Au Sénégal, 104 pièges sont également installés dans des sites publics également dans le cadre d’un Fasep. A Djibouti, une étude pour identifier des sites d’implantation est en cours pour le compte d’un organisme de gestion de l’eau (ONEAD).
Mais Qista ne veut pas en rester là. « Notre plan de développement vise à réaliser 70 % du chiffre d’affaires à l’international d’ici 4 ans » souligne la responsable du commerce international. Une fois bouclés les projets en cours, la PME provençale compte structurer sont pôle commercial avec de nouveaux recrutements et envisage la création de filiales. Elle ne s’interdit aucune destination : le marché nord-américain est notamment dans le viseur, des études réglementaires sont en cours.
Christine Gilguy