Les produits Made in France gagnent leurs lettres de noblesse à l’international, et pas toujours dans le luxe ou le vin. Un chemin lent pour des entreprises souvent petites, pour beaucoup de création récente, parfois artisanales, parfois industrielles. Mais les premiers résultats sont toujours encourageants, comme le montre les témoignages recueillis lors de l’édition 2022 du salon Made in France (MIF).
Le Made in France rime avec innovation et qualité. Les petites entreprises présentes au 10e salon Made in France (MIF), qui s’est tenu du 10 au 13 novembre Porte de Versailles à Paris, avaient toutes de belles histoires à raconter. Pas toutes encore à l’international, mais ça ne saurait tarder, comme la première trottinette électrique estampillée « Origine France Garantie » (82 % de fabrication tricolore)- label décerné par l’association du même nom- Plume Allure, laquelle a fait sa première sortie mondiale en septembre dernier à Berlin, à l’occasion de la convention sur la mobilité Shift Mobility.
Duchesne : passer de la tôle à la décoration
Comme Plume Allure, la marque LP Design de mobilier de décoration pour le jardin est née en 2019. S’appuyant sur le savoir-faire de la tôlerie et chaudronnerie de Joël Duchesne à Château-Renault, en Touraine, Patricia Poinsaut et son mari, Loïc Duchesne, ont imaginé une gamme colorée de cactus, sapins ou palmiers, d’objets et d’accessoires (plateaux, trépieds…).
Persuadée du potentiel à l’international de LP Design, la Sarl Duchesne sera à nouveau présente en 2023 à Maison et Objet, un salon qui lui avait permis en 2020, en dépit de la résurgence de la Covid-19, d’exploiter ses premiers contacts au Portugal, aux Pays-Bas et en Turquie.
Cette année au MIF, se félicite Patricia Poinsaut, « un importateur revendeur de Los Angeles, spécialisé dans l’outdoor, s’est montré intéressé par la marque, ainsi qu’un faiseur d’affaires, un intermédiaire français basé au Moyen-Orient ».
Quanailles, des chevilles colorées et voyantes
Lancées un an plus tard, les chaussettes exubérantes, colorées, fantaisistes Quanailles sont fabriquées dans le Limousin dans les ateliers Broussaud, à partir de dessins réalisés par des artistes (illustrateurs, sculpteurs, peintres…). Son concepteur est un ancien consultant informatique, Damien Pedreira, qui vend ses produits, grandes et petites tailles unisexes, à la paire ou à l’unité.
« Pour l’instant, dévoile-t-il, nous avons décroché des commandes auprès de boutiques de vêtements et accessoires aux Etats-Unis, en Belgique, Suisse, Espagne et Italie en étant présents sur la plateforme de marché Ankorstore ». En outre, des livraisons récurrentes seraient en discussion en Belgique (Bruxelles, Liège).
NPMobility, le porte bagage anti-vol
Fabricant du côté de Saint-Etienne, aussi depuis 2020, la société NPMobility propose un vélo de ville en toute sécurité : le porte-bagage amovible sert d’antivol. Ce produit très fonctionnel ne fait pas l’impasse sur le design. Bien au contraire, explique le Néerlandais Nils Marsille, ingénieur associé chez NPMobility, « il est possible de personnaliser à partir de décors proposés, qui sont uniques ».
Un accord de représentation croisée avec un fabricant de casques à Bruges est en discussion. Tous les vélos font l’objet de brevets déposés en Europe, la priorité, à l’heure actuelle, étant d’y trouver des distributeurs (Allemagne, Italie et Espagne notamment).
A. Jaminet, le souffle d’un fabricant de cuivres à la française
L’histoire d’Adrien Jaminet, qui vient de recevoir le Trophée de l’Espoir du MIF, ne manque pas de souffle. Ce trompettiste de formation, vendeur et réparateur autodidacte, a dû se reconvertir, faute d’activité pendant le confinement, dans la production. Ainsi, en un an, la société A. Jaminet a assemblé à Brétigny-sur-Orge 50 trompettes, dont un modèle quart de tour réalisé pour Ibrahim Maalouf.
De grands trompettistes français jouent dans des orchestres étrangers, ce qui a valu à cette PME de moins de 10 salariés de vendre à Berlin et Hambourg, « en plus de commandes passées en direct par l’Orchestre national de Chine », précise Adrien Jaminet. Deux autres pays sont ciblés : les Etats-Unis, l’école des trompettistes y ayant été créée par des Français après la première guerre mondiale, et le Japon, où les orchestres français sont depuis toujours très appréciés.
Daan Tech, le lave-linge économique et écologique
Pour sa part, la société Daan Tech, que Le Moci a déjà repéré, réalisera à la fin de l’année 8 à 9 millions de chiffre d’affaires intégralement en Europe, dont seulement 40 % en France. Pour le fabricant de « Bob », un lave-vaisselle éco-compact pour petit foyer et espace réduit, deux gros marchés à l’étranger : Allemagne (20 %) et Suède (10 %)
« Au départ, relate le patron de Daan Tech, Antoine Fichet, nous avons attaqué les pays les plus peuplés et moins équipés en lave-vaisselle au sud de l’Europe. C’était une erreur, parce que tant en Espagne qu’en Italie les ménages ne voyaient pas l’intérêt de ce produit ». Champion de la vente directe, cette startup dispose d’un site Internet traduit en douze langues (six dès le départ). Dans les pays déjà équipés, et donc éduqués du nord de l’Europe, ce fut au contraire un succès inattendu : notamment aux Pays-Bas, où l’atout écologique a primé, et en Suède, où l’aspect mode et design était le plus apprécié des utilisateurs.
Prochaine cible, le Japon, un marché équivalent à l’ensemble de l’Europe. « Très vite, nous devons attaquer le Japon pour y faire 20 % de notre chiffre d’affaires, car Panasonic y fait déjà des petits lave-vaisselles et la concurrence asiatique grandit », note Antoine Fichet, qui a déjà prévu d’y implanter sa société en 2023. Il enverra en avril au Japon un VIE (Volontaire international en entreprise).
François Pargny