A quelques mois de la 21e Conférence Climat « Paris Climat 2015 » (ou COP 21), que la France accueillera en décembre 2015 à Paris, les énergies renouvelables font leur entrée dans les secteurs prioritaires du commerce extérieur français et, plus largement, de la diplomatie économique. Outre la signature d’un partenariat entre l’Agence française de développement (AFD) et le Syndicat des énergies renouvelables (SER) pour promouvoir la filière française à l’international, dans les pays en voie de développement, un fédérateur de la filière à l’export a été nommé par Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et du développement international.
L’accord-cadre de partenariat a été signé le 21 mai entre Anne Paugam, directrice générale de l’AFD, Jean-Louis Bal, président du SER, et Claude Périou, directeur général de Proparco –filiale de l’AFD dédiée au financement du secteur privé dans les pays du Sud, au Quai d’Orsay, en présence de Laurent Fabius et de Matthias Fekl, secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l’étranger (notre photo).
Le SER regroupe parmi ses membres des entreprises –dont 80 % sont des PME ou ETI– issues des différentes filières du secteur des énergies renouvelables : énergie solaire, énergie éolienne, bioénergie, hydroélectricité. Il a déjà permis l’émergence d’initiatives collectives à l’export. Fin février, lors d’un déplacement officiel du président François Hollande aux Philippines, un consortium d’entreprises mené par Urbasolar avait remporté un beau contrat dans l’énergie solaire (voir notre article). Ce consortium est un des résultats concrets de l’ initiative France Solar Industry du SER, qui vise à promouvoir à l’export la filière solaire française.
L’accord avec l’AFD, qui a une connaissance en profondeur des marchés sur lesquels elle intervient, prévoit à cet égard une information plus efficace des membres du SER sur les projets de marchés publics intéressant leur secteurs dans les pays en développement. Il doit aussi permettre de mieux sensibiliser les PME et ETI françaises aux modalités d’intervention de l’agence lorsqu’elles finance des projets. Les besoins sont énormes. « 1,6 milliard de personnes n’ont pas accès à l’énergie dans le monde en particulier en Afrique subsaharienne » a rappelé Anne Paugam, ajoutant que « (…) les savoir-faire français en matière d’énergie renouvelable sont très reconnus ».
En contrepartie le SER va, lui, mieux faire connaître à l’AFD les savoir-faire français pouvant répondre aux demandes et aux besoins des pays du Sud. « Nous allons apprendre à nous connaître pour mieux structurer notre échange », a résumé au Moci Rima Le Cogic, responsable Transports et énergie durables (TED) à l’AFD. « Le SER, a-t-elle souligné, est un point d’entrée unique pour nous, pour contacter les entreprises françaises et discuter des opportunités de marché ».
Un fédérateur pour doper les exportations
Mais les enjeux sont désormais jugés stratégiques pour le commerce extérieur français, qui accuse un déficit de 1,5 milliards d’euros dans ce secteur, plombé par les importations de panneaux solaires photovoltaïques et de turbines éoliennes terrestres. Or, « le potentiel de développement international du marché des énergies renouvelables est considérable », a indiqué Matthias Fekl, rappelant que ce marché « de près de 300 milliards de dollars au niveau mondial ne devrait cesser de croître ». Et d’ajouter que : « L’éolien offshore, les énergies marines, le solaire thermodynamique et photovoltaïque ou encore la géothermie représentent des gisements de croissance importants à l’export pour nos entreprises ».
Dans ce contexte, les « énergies renouvelables » viennent donc rejoindre les six autres filières prioritaires du commerce extérieur français que sont l’agroalimentaire, la santé, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, la ville durable, les industries culturelles et créatives et le tourisme. Comme ces dernières, elle aura son fédérateur, Jean Ballandras.
Comme la souligné Laurent Fabius, ce dernier « n’est pas un nouveau venu dans le secteur ». Lorsqu’il était secrétaire général aux affaires régionales de La Réunion, cet énarque qui a été conseiller de Jacques Chirac avait lancé le projet GERRI (Grenelle de l’environnement à La Réunion – Réussir l’Innovation), visant à faire de La Réunion le territoire de référence pour toutes les innovations relatives aux énergies renouvelables et au développement durable. Il est actuellement secrétaire général de l’entreprise Akuo Energy, premier producteur français indépendant d’électricité générée exclusivement à partir d’énergies renouvelables.
Dans le cadre de sa nouvelle mission, Jean Ballandras a été chargé de promouvoir la filière française des énergies renouvelables à l’international et d’identifier des actions concrètes pour améliorer l’efficacité collective de la filière. Il pourra s’appuyer sur les initiatives lancées par les pouvoirs publics pour structurer la filière à l’export et travailler en synergie avec le SER, très actif dans ce domaine.
Venice Affre
*Bruno Bonnell – Mieux communiquer ; Michèle Pappalardo – Mieux vivre en ville ; David Sourdive – Mieux se soigner ; Catherine Chavrier – Mieux se nourrir ; Isabelle Giordano – Mieux se divertir et se cultiver ; Jean-Bernard Falco – Tourisme à la française.
Pour prolonger :
– Commerce extérieur : après Bpifrance, l’AFD signe un partenariat avec Business France
– Aide au développement/Commerce extérieur : l’AFD et Business France signent un partenariat