Au sein de la délégation française qui accompagnait le président de la République lors de sa visite d’État les 26 et 27 février aux Philippines (voir notre article) dans le cadre de la préparation de la conférence sur le climat (COP21) qui aura lieu à Paris en décembre 2015, le français Urbasolar, spécialisé dans la conception, la construction et l’exploitation de centrales solaires connectées au réseau a finalisé, à cette occasion, un contrat pour un projet de centrale photovoltaïque, a-t-on appris fin mars.
Ce projet, porté avec son partenaire philippin Sun Asia Energy, en collaboration avec la société de conseil bordelaise Green Lighthouse, mobilise les offres industrielles du fabricant de panneaux solaires Sillia VL et de Schneider Electric, réunis au sein d’un consortium mené par Urbasolar. Ce consortium d’entreprises est parti aux Philippines regroupé sous la bannière France Solar Industry. Pilotée par le Syndicat des énergies renouvelables (SER), France Solar Industry est une initiative pour promouvoir à l’export la filière solaire française en fédérant les entreprises pour proposer une offre collective et ordonnée pour gagner de nouveaux marchés à l’international (sur notre photo, les représentants des différents partenaires).
100 mégawatts pour produire une électricité décarbonée
Le contrat dont le montant s’élève à 50 millions d’euros, comme le révèle au Moci Stéphanie Andrieu, directrice générale et cofondatrice d’Urbasolar, prévoit le développement et la construction d’une centrale solaire photovoltaïque de 30 mégawatts dans la ville de Victorias (province occidentale de Negros). Cette centrale solaire, dont la construction pourrait démarrer à partir de juin, constitue la première étape d’un projet de 100 mégawatts. « Deux autres centrales seront construites dans deux autres villes », indique Stéphanie Andrieu, qui pour des raisons de confidentialité n’a pas révélé leur localisation.
La demande en énergie dans l’archipel philippin croît rapidement et les moyens de production ne suffisent pas à couvrir les besoins de ce pays de 100 millions d’habitants. La centrale photovoltaïque permettra de produire une électricité « décarbonée » pour alimenter en électricité les habitants de Victorias et de la ville voisine Bacolod, capitale du Negros.
« Les Philippines, explique Stéphanie Andrieu, sont tournés vers le solaire et l’éolien ». Dans cet État insulaire d’Asie du Sud-Est, l’accès à l’électricité est coûteux et « le solaire est déjà compétitif », informe la dirigeante. Le savoir-faire de l’industriel français dans le photovoltaïque répond à une véritable nécessité dans cette région du globe qui fait partie des zones les plus exposées aux catastrophes naturelles. Les Philippines se positionnent à la 8e place dans le classement des 32 pays du monde identifiés « à risque extrême » par la société Maplecroft dans son Index 2015 de la vulnérabilité au changement climatique (CCVI).
Un projet franco-philippin exemplaire
« Ce projet de collaboration franco-philippin, se réjouit Stéphanie Andrieu, a été pris en exemple dans le cadre de l’organisation de la COP21 ». Le gouvernement des Philippines, pays touché de plein fouet par les typhons, engendrés par le changement climatique, affiche sa volonté d’investir massivement dans les énergies renouvelables. « Les Philippines, rappelle Stéphanie Andrieu, sont sensibilisés aux changements climatiques et ont envie de mettre en œuvre des démarches en ce sens ».
Dans le cadre de cette collaboration, Urbasolar et ses partenaires industriels vont exporter leur savoir-faire en matière de technologie photovoltaïque. Côté philippin, le partenaire Sun Asia Energy apporte « la maîtrise foncière ». Il possède en effet la connaissance des terrains et est en charge au niveau local des démarches administratives relatives aux autorisations d’urbanisme. « C’est une collaboration intelligente », souligne Stéphanie Andrieu qui était présente à Manille aux côtés d’Arnaud Mine, président et cofondateur d’Urbasolar, au sein de la délégation (notre photo).
Ce projet s’inscrit dans la droite ligne de « l’appel de Manille », action lancée conjointement le 26 février par les chefs d’État français et philippin en faveur de la lutte contre le changement climatique, en amont de la COP21. « Les pays en développement, qui ont le moins contribué au changement climatique, sont ceux qui souffrent le plus de ses effets », avait alors rappelé François Hollande dans son discours depuis Manille.
Produire une électricité sobre en carbone demeure un enjeu dans les pays émergents sujets aux catastrophes naturelles causées par le réchauffement climatique. Des opportunités sont donc à saisir par les entreprises tricolores de la filière des énergies renouvelables, en particulier de l’énergie solaire. « Il y a une carte à jouer dans ces pays », signale la dirigeante.
Fondée en 2006 par Arnaud Mine et Stéphanie Andrieu, Urbasolar dont le siège est installé dans l’Hérault, a démarré l’export il y a deux ans, avec des projets de centrale solaire en Bulgarie et au Kazakhstan. Dans ce pays d’Asie centrale, dont le sous-sol est riche en matières premières (minerais et hydrocarbures), le Français aux côtés notamment de Semco Engineering et de ECM technologies est en charge du développement et de la construction de centrales photovoltaïques. Après ce premier contrat aux Philippines, Urbasolar entent bien poursuivre son développement à l’international. « Nous sommes en cours de négociation dans d’autres projets de 30 mégawatts à l’étranger », a ainsi confié la dirigeante.
Venice Affre
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