« Dubaï est un hub vers l’Inde et l’Afrique », se réjouissait Maadhad Hareb Meghair Jaber Alkhyeli, ambassadeur des Émirats Arabes Unis à Paris, « c’est un hub aussi pour le Moyen-Orient », renchérissait Ibrahim Al Janahi, directeur général adjoint et chief commercial officer (CCO) de Jebel Ali Free Zone (Jafza), qui ouvraient la journée d’information et de réseautage sur Jafza, organisée par Le Moci, le 9 mars à Paris.
La zone franche de Dubaï reçoit aujourd’hui quelque 7 500 sociétés de 125 pays, représentant 135 500 emplois, essentiellement dans le commerce, la logistique et l’industrie manufacturière (construction, pétrole…). « Port, aéroport, routes et bientôt le rail, les communications sont assurées avec la région et le monde entier », se félicitait encore Abdulaziz Redha (notre photo), responsable de la zone Europe chez Jafza. En matière de logistique, égrenait-il, « nous disposons avec Jebel Airport du plus grand port entre Rotterdam et Singapour, avec une capacité de 19 millions de conteneurs par an » – cinq fois celle du Havre selon François Sporrer, directeur Proche et Moyen-Orient de Business France, basé à Dubaï – « et du plus grand aéroport du monde, avec des capacités de 12 millions de tonnes de cargo et 120 à 160 millions de passagers ».
S’agissant du fer, les Émirats Arabes Unis ont lancé le chantier d’infrastructures entre la frontière saoudienne et Ras Al Khaimah et Fujairah. En 2013, la première phase a débuté, devant relier sur 264 kilomètres Shah et Habshan à Ruwais. Trois phases au total sont prévues. Ce projet s’inscrit dans celui plus vaste du « chemin de fer du Golfe » entre les six membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) : Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis, Bahreïn, Koweït, Oman et Qatar.
Jafza, un business partner
Autre avantage de la zone franche de Jebel Ali, « bien qu’étant une émanation de l’État, cette autorité n’agit pas comme une Administration, mais comme un business partner », selon Bertrand Dumon, managing partner du cabinet Dumon & Associés.
Jafza offre un guichet unique intégré (avec les services douaniers, sanitaires, des eaux, de l’électricité, l’obtention des licences, des visas, des logements sur site) qui fonctionne dans un environnement très libéral, donc particulièrement allégé, avec l’exonération complète des impôts pour les sociétés comme les particuliers, l’absence de restriction au rapatriement des capitaux, des profits, et au recrutement ou encore la possibilité d’être propriétaire à 100 %.
Pour sa part, la société Eurotech a opté pour le statut de Free Zone Corporation (FZCo), l’équivalent de la société à responsabilité limitée qui permet de constituer un pacte d’actionnaires (voir en pièce jointe le Guide des investisseurs). « Les capitaux sont français, indiens, émiratis. Il est important de faire confiance à des personnes qui vivent dans le pays, qui vous ouvrent un réseau », a exposé le directeur général Benoît Rondard, à la barre de cette entreprise qui a commencé à construire des armoires électriques pour une entreprise française il y a douze ans.
« A l’époque, relatait Benoît Rondard, nous avons repris une entreprise, avec la volonté d’en faire une usine produisant avec une qualité comparable aux fabrications européennes ». Dès le départ, Eurotech ne s’est pas contenté de ce client français qui voulait délocaliser une partie de sa fabrication. La zone franche de Jebel Ali a été un premier gisement de clients et de fournisseurs. Mais, au fil du temps, d’autres entreprises européennes l’ont sollicité. « Elles souhaitaient délocaliser pour accéder aux marchés régionaux et internationaux avec des délais ultra courts », a expliqué Benoît Rondard, rappelant que les six membres du CGC sont liés par une Union douanière.
Investir en temps et en argent sur un marché très concurrentiel
« La situation géographique de la zone franche au centre des Émirats Arabes Unis a été important », s’est souvenu le directeur général d’Eurotech, qui a noué récemment un partenariat avec une startup française, pour laquelle elle va assurer « l’assemblage d’un hardware ». « L’avantage du coût très favorable et le fait que Dubaï est un hub international ont bien sûr pesé dans notre décision, car le produit que nous allons vendre sera universel », a dévoilé, sous couvert de l’anonymat, le fondateur de la startup, dont ce sera la première expérience de l’international.
« Dubaï attire les PME français », s’est ainsi félicité François Sporrer, mais « c’est aussi un marché extrêmement concurrentiel, a-t-il averti. Donc, il faut s’investir en temps et argent, revenir plusieurs fois et ne pas croire qu’il suffit de participer aux grands salons comme Gulf Food et après d’envoyer des e-mails ».
Ce que recommande Business France, c’est une présence physique. Pour autant, son directeur Proche et Moyen-Orient estimait que « ce n’est pas toujours dans les moyens des petites structures ». Malgré les avantages fiscaux, prospecter et s’implanter sur place représentent un coût. Toutefois, il peut être largement compensé par le fait qu’une installation à Dubaï permet de travailler sur le Golfe comme sur l’Inde.
François Pargny