« A Dubaï, 92 % de la
population est étrangère », faisait remarquer, le 7 juin, François
Sporrer, directeur Ubifrance de la zone Proche et Moyen Orient (PMO). Il s’exprimait
en visioconférence de cette ville, connue pour être une plateforme régionale, à
l’occasion d’un séminaire organisé sur le PMO.
Cette caractéristique ne semble
pas devoir changer dans les années à venir. Dans l’ensemble des Émirats Arabes
Unis (EAU), la population augmente et le nombre de touristes aussi, ce qui
profite en priorité au carrefour dubaïote. Bien plus occidentalisé que son
grand voisin Abu Dhabi, l’émirat de Dubaï accueille, depuis le printemps arabe,
une partie des touristes ne voulant plus séjourner en Égypte ou en Tunisie.
Dans ce contexte, l’hôtellerie,
la restauration, les franchises de restauration, comme Paul, et le catering
aérien se développent. « Le taux d’occupation des hôtels est passé de 70 à
90 %, ce qui est considérable, car l’hôtellerie représente 25 % du produit
intérieur brut à Dubaï, le nombre de passagers dans les aéroports doit également
progresser de 57 millions en 2011 à 75 millions en 2015 et les deux compagnies
locales, Emirates Airlines et Etihad Airways, qui desservent plus de 100
destinations sur la planète, livrent aujourd’hui en moyenne 160 000 repas
par jour », détaille Christelle Labernède (notre photo), en charge de la filière
agroalimentaire au bureau d’Ubifrance à Dubaï.
Les produits gourmets gagnent leur place dans les assiettes
Du coup, les produits gourmets
deviennent une niche très porteuse, même si aux EAU « le prix reste le
premier critère d’achat », explique Christelle Labernède. Les Galeries
Lafayette, avec Lafayette Gourmet, s’est ainsi installé sur 215 000 mètres carrés sur trois étages du Dubaï
Mall. Célèbre pour son chocolat chaud, la maison de la rue de Rivoli à Paris
Angelina, après le Japon, a également annoncé son implantation future à Doha au
Qatar et à Dubaï.
Aux Émirats Arabes Unis, 90 % des
produits alimentaires sont importés, notamment d’Inde, du Brésil et des États-Unis. La France n’est que le 12e fournisseur, mais ses
exportations ont, toutefois, augmenté de 13,4 % à 287 millions d’euros en 2012.
Quatre postes se détachent : les vins et spiritueux (66,3 millions de
ventes), les produits laitiers (33,8 millions), la viande de volaille (25
millions) et les pommes de table (19 millions).
L’Hexagone est ainsi numéro un dans
les vins et spiritueux, avec une part de marché de 60 %, et dans les fromages affinés. Comme, au
demeurant, dans les eaux minérales : elle a livré pour 9,5 millions
d’euros de ces produits et détenait ainsi une part de marché de 37 % l’an
dernier. Dans la grande distribution, secteur qui compte pour 60 % dans les
ventes de détail, la France est aussi très présente, avec l’enseigne Carrefour,
numéro un dans le pays.
Opérez avec un importateur et utilisez les grands salons spécialisés
Christelle Labernède conseille
aux entrepreneurs français d’opérer avec un importateur local. Aux EAU, leur
spécialisation n’est pas déclinée en fonction du produit mais du type de
clientèle : restauration haut de gamme, grande distribution, etc. Pour
autant, connaître les importateurs ne suffit pas. Il faut aussi prospecter les
clients finaux (chefs, managers de restaurants, d’hôtels, de boutiques
spécialisées, etc.), disposer du matériel de base (plaquettes en anglais,
échantillons, listes de prix…) et se montrer prêts à proposer un support
marketing aux importateurs.
Enfin, il faut utiliser les
grands rendez-vous internationaux, comme The Speciality Food Festival (17-19 novembre 2013)
et Gulfood (23-28 février 2013) proposés par le Dubaï World
Trade Center. « Reste qu’il ne faut
pas espérer signer des contrats dès une première participation à Gulf Food.
Comme le marché est hyperconcurrentiel, il faut y revenir plusieurs
fois », avertit François Sporrer. « Et parce que le monde entier se
présente à Dubaï, les professionnels des Émirats ne se déplacent pas », renchérit Christelle
Labernède. C’est donc aux fournisseurs étrangers de voyager.
Toutefois, les hommes d’affaires des Émirats sont aussi
des utilisateurs avisés d’Internet. « Ils y recherchent de nouvelles
sources d’approvisionnement », confirme la responsable d’Ubifrance. Les
entreprises françaises disposant d’un site sont donc bien placées. A condition que
leur site soit accessible en anglais.
François Pargny