Le comité de gestion de l’Union européenne (UE) a approuvé la proposition de la Commission européenne visant à déclencher une aide au stockage privé de viande porcine. L’initiative, qui entre en vigueur cette semaine, vise à soulager les producteurs européens touchés de plein fouet par l’embargo russe sur les produits agricoles de l’UE décrété en janvier 2014.
« Malgré le signal d’une reprise lente, le prix du porc européen est aujourd’hui à 20 % en dessous de la moyenne sur cinq ans », explique l’exécutif européen dans un communiqué. Avec des marges brutes qui se situent à plus de 15 % en dessous de la moyenne historique, nombreux producteurs sont aussi dans une situation de revenus négatifs et connaissent de sérieux problèmes de liquidités. La Commission financera donc une somme fixe, qui reste à déterminer, afin de contribuer aux coûts de base du stockage pour certaines découpes de viande de porc.
Une victoire pour la France
Cette annonce constitue une victoire pour la France qui bataille depuis plusieurs mois pour obtenir le feu vert de Bruxelles sur le dossier. Le 18 février dernier, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, annonçait qu’il avait de nouveau saisi, avec les autres États membres intéressés (Danemark, Roumanie, Pologne, Chypre, Italie, Grèce, Autriche et Irlande), la Commission européenne pour demander « la mise en place de mesures visant à désengorger le marché européen ». Les précédentes requêtes s’étaient soldées par un échec. Phil Hogan, le commissaire à l’Agriculture, estimait que la perte du marché russe était compensée dans une large mesure par des exportations vers plusieurs pays d’Asie tels que la Chine, le Japon, la Corée du Sud et les Philippines.
La publication des nouvelles données à l’échelle de l’UE a changé la donne. Un volte face annoncé dimanche dernier, lors de la visite du commissaire européen au salon de l’Agriculture à Paris. La mesure doit permettre de « retirer un volume considérable de produits du marché (…) stabilisant la situation financière des agriculteurs » et de « stimuler le fragile rétablissement des prix », a expliqué Phil Hogan aux éleveurs de porc français, déplorant les difficultés auxquelles la filière était confrontée du fait de « l’embargo injustifié imposé par la Russie ».
Kattalin Landaburu, à Bruxelles