Quel a été l’impact réel de l’embargo russe décrété sur les produits agroalimentaires sur la balance commerciale de la France en 2014 ? La Douane vient de publier une étude statistique sur le sujet* qui relativise les conséquences au plan global tout en établissant les répercussions très négatives sur certaines filières, qui ont en outre du faire face à une concurrence accrue de la part d’autres pays producteurs européens qui ont tenté de compenser la fermeture du débouché russe en écoulant leurs produits sur d’autres marchés européens.
Seulement 3 % des exportations françaises vers la Russie
« En 2014, l’embargo russe sur les produits agroalimentaires originaires de l’Union européenne et d’autres pays avancés a peu affecté le solde agroalimentaire de la France, note la Douane. En 2013, la France avait écoulé en Russie 220 millions d’euros de produits sous embargo, soit seulement 3% de ses ventes à la Russie ».
Toutefois, poursuit-elle, « certains pays européens ayant été plus touchés que la France, les effets indirects liés à l’écoulement sur le marché français de leurs produits soumis à embargo sont potentiellement plus importants mais encore peu visibles ».
Ainsi, la Lituanie et la Pologne ont été les plus touchées des 28 Etats membres de l’UE. En 2013, leurs ventes à la Russie de produits soumis à embargo s’y élevaient respectivement à 930 et 840 millions d’euros, soit 45% et 10% de l’ensemble de leurs exportations vers la Russie. Autre pays touchés plus significativement que la france, l’Allemagne (600 millions) et les Pays-Bas (530 millions).
Les produits les plus touchés sont les produits laitiers
En outre, dans le détail, certaines filières en France sont plus affectées que d’autres. Les plus touchés sont les produits laitiers (40% des exportations de produits sous embargo) et les viandes (33%), loin devant les préparations alimentaires (10%), les fruits (7%), les légumes (5%) et les poissons (5%).
Mais c’est bien « l’effet de second tour » que la Douane craint le plus pour ces filières, c’est à dire la concurrence accrue venue des pays européens souhaitant écouler les surplus générés par l’embargo russe, surtout s’il se produit un « déversement total ». Entre les effets directs et les effets indirects, l’impact de l’embargo russe sur l’excédent agroalimentaire de la filière agroalimentaire pourrait passer du simple au double, selon la Douane.
« Au total, en cumulant les effets directs (baisse des exportations) et indirects (hausse des importations), l’excédent agroalimentaire (11,2 milliards d’euros en 2013 et 9,1 milliards en 2014) pourrait se réduire d’un maximum de 590 millions d’euros. Dans le cas où aucun produit sous embargo ne se déverse vers un autre pays, l’impact se limiterait aux seuls effets de premier tour, soit une réduction de 220 millions d’euros » conclut-elle.
C.G
*Pour en savoir plus
Télécharger l’étude complète, qui livre des données sur les autres pays touchés par l’embargo russe, dans notre rubrique Etudes et rapports.