Le climat n´a jamais été aussi favorable à un développement des courants d´affaires entre
Au beau fixe. Trois visites en France du président égyptien Hosni Moubarak en 18 mois ; Anne-Marie Idrac, secrétaire d´État au commerce extérieur, en inspectrice des travaux sur le chantier du nouveau métro du Caire ; François Fillon en déplacement au Caire, le mois dernier, avec une délégation d´hommes d´affaires. La liste est longue, les indices nombreux : les liens entre
En 2008,
Si la part de marché de
Sacrée « premier pays réformateur au monde » par le rapport Doing Business 2008 de
Parallèlement à sa campagne de privatisation dans des domaines aussi sensibles que la banque, le pays a mis en œuvre toute une série de mesures destinées à attirer les investisseurs : accords d´associations avec l´Union européenne (UE), réduction du capital minimum obligatoire pour établir une société (passé à 120 euros), politique de grands travaux de modernisation des infrastructures ; assouplissement de sa bureaucratie, en créant notamment un système de guichet unique pour les importateurs et exportateurs…
À titre d´exemple, le délai de composition et d´enregistrement des dossiers industriels est passé de dix à quatre mois, l´objectif à terme étant 45 jours. Sous l´impulsion de l´Autorité générale pour l´investissement étranger (GAFI), la création d´une entreprise est garantie en trois jours !
L´ouverture a payé : 7 % de croissance en 2006, 7,5 % l´année suivante. Pour 2008, crise économique oblige, les perspectives ont été revues à 6 %. Mais « l´économie égyptienne est suffisamment souple pour absorber la crise financière », a tenu à préciser le ministre des Investissements Mahmoud Mohieldin, lors de la dernière conférence annuelle Euromoney, fin octobre au Caire. Partenaire commercial historique,
En plus de la spectaculaire opération de Lafarge, les champions de l´économie française sont dans tous les bons coups : Carrefour, pionnier de la grande distribution en Égypte, possède quatre hypermarchés et s´apprête à investir le secteur des supermarchés ; Saint-Gobain est lancé dans la construction d´une usine de verre pour 117 millions d´euros ; GDF a acquis une nouvelle concession d´exploitation de pétrole et gaz dans le désert occidental ; la construction d´une troisième ligne de métro au Caire est entièrement réalisée par les spécialistes français de l´ingénierie, Vinci, Bouygues, Thalès, Alstom et Alcatel en tête ; Orange, via son opérateur local Mobinil, compte 20 millions d´abonnés à son réseau mobile…
Reste à transmettre ce dynamisme aux PME françaises, encore trop rares à tenter l´aventure. « Spontanément, les PME ne pensent pas d´abord à l´Égypte, mais ce n´est qu´une question de temps, prévoit Jean Ferroni, de la société Alexport, spécialiste de l´accompagnement à l´export vers le monde arabe. L´Égypte souffre de l´attractivité naturelle des pays du Maghreb, dès qu´un entrepreneur s´intéresse au sud méditerranéen. Pourtant, tous les outils sont désormais réunis : les grands groupes, les partenaires publics, la demande et la force de travail. Reste que les premiers pas sur le marché doivent être absolument accompagnés. »
Arnaud Saint-Jean, au Caire
Ali Moussa, co-président du conseil présidentiel franco-égyptien
« Recentrer le soutien vers les PME »
Le Moci. Comment expliquer la faible présence des PME françaises en Égypte ?
Ali Moussa. On voit quelques PME françaises réussir ici grâce à des accords de sous-traitance et au soutien de grands groupes. Mais il ne faut pas sous-estimer la concurrence locale, de plus en plus efficace. Le problème, c´est peut-être que la communication entre
Le Moci. Il faut donc revoir l´axe de communication entre
Ali Moussa. Oui, et c´est pour cela que nous avons décidé de sortir un peu de Paris, en planifiant prochainement des voyages en province, pour voir ce qui se fait ailleurs. Une façon prudente d´attirer les PME est d´encourager à la constitution de regroupements d´activités, dans lesquels plusieurs sociétés peuvent se compléter et former ainsi un pôle intégré, en partageant des infrastructures et certains risques liés à l´isolement, comme les investissements ou certaines charges administratives. C´est aussi le travail de tous les organismes de soutien, comme le nôtre, de proposer des services plus orientés vers les PME.
Le Moci. Quels sont, en Égypte, les marchés les plus prometteurs pour les PME françaises ?
Ali Moussa. Il y a des opportunités dans tous les domaines. La qualité est très demandée et c´est là que entrepreneurs français doivent faire la différence, puisqu´ils partent avec un sérieux avantage : leur image de marque est très positive ici, surtout dans les services et tout ce qui touche à l´art de vivre.
Propos recueillis par A. S.-J.