Quatorze mois après le
renversement d’Hosni Moubarak, les opérateurs internationaux se montrent
particulièrement attentistes. Selon Niveen El Shafei, vice-présidente de
l’Agence égyptienne pour les investissements et les zones franches (Gafi), les
investissements directs étrangers (IDE) sont tombés à 2,2 milliards de dollars
en 2010-2011, après avoir enregistré un pic de 13 milliards en 2007-2008 et un
montant de 6,7 milliards en 2009-2010.
L’évolution politique de l’Égypte
inquiète. Et ce n’est pas l’élection du président de la République en juin
prochain qui devrait changer la
donne. Les investisseurs craignent la montée de l’islamisme.
D’après l’ambassadeur de France en Égypte, Jean Félix-Paganon, les Frères
musulmans, les salafistes et les islamistes indépendants représentent ensemble
environ 80 % des Égyptiens en âge de voter. Le risque est « l’apparition
d’un pouvoir intransigeant et sectaire », mais l’Égypte peut aussi
s’orienter vers « une ère nouvelle, un État modernisateur », dont
« le modèle serait le Parti pour la justice et le développement (AKP) en
Turquie ».
La transition politique a beau
être rapide, les investisseurs sont méfiants. Le 27 mars dernier, en marge d’un
séminaire sur l’Égypte organisé par Ubifrance, le représentant d’une société de
traitement de l’eau confiait à www.lemoci.com avoir pris langue avec le géant de la construction Arab
Contractors. « Ni nos interlocuteurs égyptiens, ni
nous-mêmes, précisait-il alors, sommes en fait pressés d’aller plus loin. Il
nous faudra saisir le bon moment. Et en matière de partenariat public-privé, il
ne faut pas se tromper, car les contrats sont passés pour une longue
durée ».
Si l’orientation de l’Égypte en
matière politique n’est pas claire, elle est aussi floue en matière économique.
Les islamistes devront parvenir à concilier deux objectifs majeurs :
maintenir la libre entreprise, le commerce et l’économie de marché et corriger
les inégalités sociales. D’un côté, le gouvernement serait alors plutôt non
interventionniste, de l’autre il interviendrait pour donner la priorité à
l’éducation, à la santé et favoriser l’accès aux services de base.
« Pendant 25 ans, les Frères musulmans et les salafistes ont démontré leur
capacité à assurer les services de proximité, ce qui explique aujourd’hui leur
succès », précise Jean Félix-Paganon.
Directeur du bureau d’Ubifrance
au Caire, Dominique Mauppin s’attend à « une augmentation des revenus pour
les ménages à bas revenus ». Une bonne nouvelle pour la consommation. Depuis
plusieurs années, la distribution moderne se développe. Selon le représentant
d’Ubifrance, le circuit des supermarchés et des malls commerciaux serait prêt
de représenter 20 % du commerce général » et « 10 à 15 millions d’Égyptiens possèderaient une capacité récurrente à consommer des produits de
type occidental et des services à la personne ».
La croissance économique est en
chute libre. Après avoir connu des taux de 6 à 6,5 % par an, l’Égypte devrait
se contenter cette année, selon les estimations, de 1,2 à 1,8 %. Dans des
conditions difficiles, elle peut encore compter sur le soutien financier de la
communauté internationale. Ainsi, à l’heure actuelle, Le Caire négocie un prêt
de 3,2 milliards d’euros avec le Fonds monétaire international.
François Pargny
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3 Les fichiers joints :
– présentation de Dominique
Mauppin, directeur d’Ubifrance en Égypte
– présentation de Niveen El
Shafei, vice-présidente de Gafi