L’ Égypte, qui a signé il y a quelques semaines un nouvel accord avec le FMI pour 3 milliards de dollars, fait partie des pays émergent à surveiller de près en ce début d’année 2023 du point de vue du risque pays.
Signal négatif : l’assureur-crédit belge Credendo a abaissé la note de risque pays à moyen et long terme de 5/7 à 6/7 (sur une échelle de 1 à 7, du meilleur au plus élevé), plaçant l’ Égypte en catégorie de risque très élevé. Le pays, qui avait mené avec succès son programme de réforme avec le FMI avant la crise sanitaire, avait été rehaussé en catégorie 5/7 en 2019.
Malgré les progrès accomplis pour réduire le poids de sa dette et assainir les finances publiques, le pays, très dépendant des flux de capitaux étranger et gros importateur de denrées alimentaires, est resté fragile, montre la note de Credendo*. Malgré une croissance très dynamique (autour de 6 %), son économie et ses finances ont été lourdement touchées par les conséquences de la crise sanitaire, qui a plombé le tourisme et les transport, suivie, de la flambée des cours des matières premières.
Pour rappel, concernant ses recettes en devises, le pays dépend à 46,6 % des transferts privés, à 13,1 % du tourisme et à 12,6 % des revenus du canal de Suez. Le tourisme a notamment été très affecté par la chute des arrivées liées aux restrictions sanitaires et à la chute des flux en provenance de Russie et d’Ukraine. Ses réserves de change ont fondu depuis début 2021, passant d’un peu moins de 35 milliards à environ 25 milliards de dollars et la livre égyptienne s’est fortement dépréciée, alimentant un taux d’inflation à deux chiffres, supérieur à 16 %.
« En tant qu’importateur net de denrées alimentaires et de pétrole, l’Égypte a été frappée de plein fouet par la forte augmentation des prix des matières premières, analyse la note de Credendo. De plus, sa dépendance envers les capitaux étrangers pour se financer et la faiblesse de ses finances publiques forment un cocktail explosif dans le contexte actuel de resserrement marqué des conditions financières internationales ».
Autre facteur de risque : « la position nette des investissements internationaux s’est graduellement détériorée au cours des dix dernières années et l’on s’attend à ce qu’elle continue de se détériorer dans le cadre du programme de soutien du FMI et d’autres emprunts à des créanciers bilatéraux et multilatéraux ». Or, le ratio paiement d’intérêts/recettes publiques reste très élevé avec 43 % pour l’année fiscale 2022-2023, soit, souligne Credendo, « le quatrième plus élevé au monde après le Sri Lanka, le Ghana et le Pakistan ».
L’ Égypte a signé avec le FMI, à la fin de l’année dernière, un nouveau programme de 3 milliards de dollars dans le cadre du mécanisme élargi de crédit. Laisser la monnaie égyptienne fluctuer fait partie des exigences du FMI pour reconstituer les réserves de change, de même que la suppression de l’obligation d’utiliser les crédits documentaires pour régler les importations. Cette dernière restriction avaient été à l’origine de nombreux retards de paiement internationaux en 2022. Un ballon d’oxygène à court terme pour les finances égyptienne mais qui devraient contribuer à maintenir l’inflation à des niveau très élevés.
A noter que fin 2022, les assureurs-crédits, à l’instar de Credendo, étaient tous très prudents dans leur notation de risque pays court terme : 5/7 chez Credendo, C3 chez Allianz Trade, C chez Coface. Et le risque de non-transfert reste très élevé (6/7 chez Credendo).
Pour accéder à la note d’analyse de Credendo sur l’ Égypte, cliquez ICI