C’est un éditeur de logiciels français, Axway, qui a gagné l’appel d’offres pour la conception du pilote du guichet unique de l’ASEAN, face à des géants du secteur.
Gilles Sicouri, vice-président des opérations en Asie Pacifique d’Axway, n’en démord pas. Si l’éditeur de logiciels français s’est vu confier la conception du pilote du guichet unique de l’ASEAN (Association of Southeast Asian Nations – Association des nations de l’Asie du Sud-Est asiatique), c’est grâce à l’expérience et aux contacts dont l’entreprise bénéficie dans la région.
Le projet est au cœur du libre-échange : il s’agit de concevoir le super-guichet unique électronique pour les formalités réglementaires et douanières de l’ASEAN. Il vise à fluidifier les échanges commerciaux à l’intérieur de cette vaste zone regroupant 10 pays : Birmanie, Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande et Vietnam. Le pilote est appelé à devenir une plateforme réunissant tous les « guichets uniques » de formalités administratives et douanières des pays membres de l’ASEAN.
Axway, à cheval sur le nouveau et l’ancien continent (son siège social est en France et sa direction générale aux États-Unis) a déjà conçu le guichet unique de la Thaïlande, dispose de deux filiales dans cette zone (en Malaisie et à Singapour) et, précise Gilles Sicouri, « d’un réseau de partenaires indonésiens qui ont cru au projet ».
Car mettre d’accord 10 pays sur un projet aussi complexe n’a rien d’aisé. Non pas sur le plan technique, mais managérial. « Convaincre localement des bienfaits du guichet unique comme le gain de temps, la baisse des coûts ou la lutte contre la fraude n’est pas compliqué, mais faire travailler tout le monde ensemble n’est pas facile, se souvient Gilles Sicouri. La personne en charge de ce projet chez nous a une poigne de fer et connaît très bien la région dont elle parle plusieurs langues. » Un plus dans cette zone regroupant des cultures différentes et des niveaux d’équipements variés. « La Birmanie, le Laos et le Cambodge ne participeront pas à ce guichet et les interactions avec les Philippines et Brunei sont loin d’être simples », précise le vice-président.
Concrètement, ce projet de l’ASEAN, soutenu par l’Usaid, l’agence américaine chargée de l’aide au développement fédérale, a fait l’objet d’une étude de spécification d’une infrastructure globale très détaillée. Le consortium Nathan Associates a ensuite choisi Axway pour l’étape 2 : la conception du pilote qui doit être livré en novembre 2012. « Nous avons posé notre candidature et gagné face à des poids lourds de l’édition de logiciels comme IBM ou Microsoft ! », se souvient Gilles Sicouri. Si ce contrat est considéré comme « moyen », les phases ultérieures pourraient atteindre « plusieurs millions de dollars ». Et ouvrir de nouvelles portes à Axway en Asie. « Nous avons pris des contacts au Vietnam et approfondi ceux avec les autorités portuaires chinoises, avec lesquelles nous travaillons déjà », glisse M. Sicouri.
En attendant que ces prises de contact se concrétisent, l’éditeur français va permettre aux sept pays participants et, à terme, aux 10 pays membres de l’ASEAN, d’envoyer en une seule fois des données d’importation, d’exportation et de transit : du certificat d’origine aux documents douaniers en passant par la validation du certificat phytosanitaire. La dématérialisation de la facturation devrait suivre. Un nouveau contrat pour Axway ?
S. C.