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Entretien avec Martin Butruille, directeur des trafics et de l’activité portuaire du Grand port de Rouen

Le Moci. Qu’est-ce qui fait la singularité du port de Rouen ?
Martin Butruille. Rouen est d’abord un port maritime et ensuite un rendez-vous entre navires maritimes et convois fluviaux. Ainsi réceptionnons-nous des granulats pour l’industrie du BTP, granulats rechargés sur de barges fluviale, vers l’Ile-de-France. Idem pour le charbon de Colombie. Rouen, c’est le rendez-vous entre la barge et le cargo vraquier.

Le Moci. Quels sont les chiffres de trafics du port de Rouen et quelle est la part du fluvial ?
Martin Butruille. Rouen progresse, passant d’un trafic total de 17 millions de tonnes en 1992 à 26,7 millions de tonnes en 2010 (+14,5 %). Cela va baisser un peu, à 25 millions de tonnes, en raison du plus faible trafic céréalier. Ces chiffres globaux incluent le mode fluvial qui a drainé 5,5 millions de tonnes en 2010, contre 3,7 millions en 2002. En 2011, le trafic fluvial du port a encore progressé de 9 % sur les huit premiers mois de l’année.

Le Moci. Le port de Rouen gagne-t-il des parts de marché et dans quels secteurs ?
Martin Butruille. La tendance de fond est à la progression des trafics. Rouen capte de nouveaux flux maritimes, par exemple les sels de déneigement venant de Tunisie et du Sénégal, les engrais de Pologne. S’y ajoutent aussi de nouveaux trafics fluviaux, notamment ceux des conteneurs qui commencent à prendre de l’essor. Le fluvial a totalisé 66 000 conteneurs en 2010, contre zéro en 2002. Et nous espérons atteindre les 200 000 conteneurs en 2015. Ce bond se fera grâce à la récupération des flux conteneurs de Port 2000 (terminal du Havre) jusqu’ici traités par la route.

Le Moci. Que pèsent les conteneurs dans votre trafic fluvial ?

Martin Butruille. Effectivement, c’est faible en proportion. A ce jour, 88 % du trafic fluvial, c’est du vrac : des liquides, avec les hydrocarbures, les produits chimiques ; solides avec les combustibles, granulats, sables, céréales. Nous voyons aussi maintenant progresser les déchets industriels, les imports de l’industrie papetière et les colis lourds.

Le Moci. Quelle est votre ambition pour le fluvial ? 
Martin Butruille. Déjà, le fluvial capte, par exemple, une partie des flux des pièces automobiles Renault, flux qui représente aujourd’hui 10 000 conteneurs/an. Il faut savoir qu’avec les barges fluviale, il n’y pas de temps d’attente, pas d’embouteillages, quand le temps d’attente pour un chauffeur routier peut atteindre 4 à 5 heures, rien que pour accéder au terminal Port 2000. Une barge fluviale peut actuellement embarquer de 80 à 160 boîtes, contre une seule pour un camion. Les barges de nouvelle génération, qui entrent en service début 2012, peuvent emmener entre 200 et 300 boîtes ! Notre ambition est de multiplier par deux les tonnages traités par le fleuve d’ici à 2020.

Propos recueillis par G. N.

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