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Entretien avec Hervé Corned, directeur commercial du port du Havre

Le Moci. Le fleuve est-il la cinquième roue du carrosse de l’axe Seine ?
Hervé Corned. Non, le mode fluvial n’est plus le parent pauvre de la logistique de l’axe Seine. En région parisienne, la part fluvial dans le trafic conteneur représente déjà 20 % des flux. Son développement est très rapide depuis dix ans. Au départ du Havre vers les ports fluviaux de l’hinterland, le trafic fluvial augmente à un rythme de 10 % par an. Songez qu’il y a quinze ans, il n’y avait pratiquement pas de conteneurs sur le fleuve !

Le Moci. Comment y sont traités les flux internationaux ?

Hervé Corned. Les flux internationaux sur l’axe Seine sont dynamisés par les 57 connexions portuaires qui relient Le Havre au reste du monde. Et le report modal sur le fleuve est rendu plus aisé par le chapelet de plateformes qui jalonnent la Seine, la dernière en date à Gron, en Bourgogne, un site spécialisé dans les conteneurs et les colis lourds (marchandises hors gabarit), qui s’ajoute au terminal d’Evry. Il y a aussi le site de Radicatel spécialisé dans les flux intra-européens ou encore, Limay. 

Le Moci. Quels sont les nouveaux flux destinés au fleuve ?

Hervé Corned. Le mode fluvial progresse dans l’industrie chimique avec les vracs liquides et dans l’automobile avec le Ro-Ro [NDLR : roll on-roll off, désigne les navires ou barges spécialisées dans les engins sur roue]. La plupart des industriels de l’automobile sont en train d’intégrer le fluvial dans leurs acheminements de voitures complètes. A l’import, du port du Havre vers l’hinterland, nous avons enregistré en 2010 une progression de 30 % des trafics rouliers de voitures par rapport à 2009. Sur les neuf premiers mois de 2011, ce trafic a encore augmenté de 10 % par rapport à la même période de 2010. Au point que nous avons dû livrer 11 hectares de terrains supplémentaires à des prestataires comme Wallon ou CAT pour stocker les véhicules. De même, les vins et spiritueux à l’export, 800 millions de bouteilles par an, font aussi l’objet d’un report modal croissant sur le fluvial, particulièrement des maisons de Champagne. L’orge de brasserie est lui aussi transporté en conteneurs sur des barges. Expédié de France, il est destiné à de grands brasseurs asiatiques tels que Tsingtao [NDLR : cette marque représente à elle seule la moitié des exportations de bières chinoises dans le monde].

Le Moci. Quels sont vos investissements en faveur de ce report modal ?
Hervé Corned.
 Nous avons aussi investi dans un terminal multimodal en amont du port du Havre, en plein milieu des zones logistiques, terminal qui accueillera barges et trains. Il sera achevé courant 2014 et sera géré par une société privée, la LHTE, qui fédère tous les acteurs de tous les modes concernés. Ce sera un outil majeur de massification. Nous travaillons aussi à améliorer les accès fluviaux sur le terminal conteneur de Port 2000. Le trafic total de conteneur du Havre en 2010 a atteint 2,3 millions de boîtes Equivalent vingt pieds (EVP). Nous travaillons enfin à une nouvelle offre, un projet baptisé Ro-Ro Max, avec un volet fluvial, en partenariat avec la Compagnie fluviale de transport (CFT), qui est le premier armateur fluvial du pays.

Propos recueillis par G. N.

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