Entreprises : un pari réussi pour Gefco

Gefco a ouvert sa première agence à Istanbul en 2002, pariant sur le rôle de plateforme entre Orient et Occident qu’a toujours tenu la Turquie. Dix ans plus tard, le logisticien a tissé sa toile sur tout le territoire national et fait de sa filiale turque un avant-poste au Moyen-Orient.

Bateaux de croisière, taxis maritimes, porte-conteneurs, vraquiers… Le Bosphore, voie maritime stratégique reliant la mer Noire à la mer de Marmara, ressemble à une autoroute des mers bordée de palais impassibles. Filiale du groupe automobile PSA, le logisticien Gefco a décidé de miser sur la Turquie en 2002, pariant sur la présence de longue date de nombreux constructeurs (Ford vient d’annoncer l’implantation d’un important centre de R&D) ainsi que sur la situation géographique du pays. Située au croisement de plusieurs grandes routes commerciales, la Turquie est en effet une plaque tournante logistique incontournable.

Dix ans plus tard, Gefco Turquie se porte comme un charme. « Entre 2008 et 2011, notre chiffre d’affaires a augmenté de 42,5 % pour atteindre 86 millions d’euros en 2011 », se réjouit Fulvio Villa, qui dirige la filiale depuis cinq ans. Celle-ci dispose de cinq agences et onze sites proposant toute la palette des services de l’entreprise (frets aérien et routier, stockage, représentation douanière…). Spécialiste de la logistique automobile, Gefco travaille avec PSA, Mercedes, Chrysler Dodge, Volvo, BMW Tata ou encore Land Rover pour des transports routiers et aériens, nationaux (105 000 unités en 2011) ou internationaux (130 000 unités).

Les ouvertures de sites et d’agences se sont enchaînées après l’implantation en 2002 : Izmir en 2003, Ikitelli-Istanbul, Bursa et Izmir en 2004, Tofas en 2007, Karsan en 2008, Ankara en 2009 et Mersin, le deuxième port de Turquie, en 2010. C’est depuis ce dernier port, sur la côte Sud, que partent les marchandises à destination du Moyen-Orient. « La Turquie change et nous suivons de très près ce qui se passe dans les secteurs de l’automobile, du textile et du bâtiment. Surtout, nous observons une baisse des flux avec l’Europe et une montée en puissance de la Russie et du Moyen-Orient », précise Fulvio Villa.

D’une plateforme d’import et d’export avec l’Europe, les États-Unis et la Russie, la Turquie est devenue pour Gefco un tremplin vers le Moyen-Orient. En 2009, le groupe confie la gestion de cette région à sa filiale turque. L’année suivante, celle-ci ouvre deux bureaux de représentation dans des pays pour le moins difficiles : l’Iran et l’Irak. Ce dernier pays, en pleine reconstruction, « fonctionne comme un aimant dans la région », selon Fulvio Villa. Christian Zbylut, directeur du développement international de Gefco pour l’Europe centrale et orientale confirme : « 500 camions passent tous les jours la frontière irakienne, l’activité économique est en train de reprendre de la vigueur. »

Mais ces deux destinations compliquées (le logisticien expédie également en Afghanistan, via l’Iran) ne doivent pas faire oublier l’objectif principal du groupe dans la région : les pays du Golfe. Gefco doit d’ailleurs ouvrir une filiale à Dubaï cette année. « Beaucoup de véhicules viennent d’Europe en passant par Mersin, mais, d’ici quelques années, nous verrons aux Émirats de plus en plus de voitures arrivant directement de Chine ou d’Inde », estime Christian Zbylut. Oman, le Qatar et l’Arabie Saoudite sont également dans le viseur du groupe. « Ce ne sont pas des destinations compliqués, juge M. Zbylut, mais il faut du temps et de la méthodologie. »

Sophie Creusillet, envoyée spéciale à Istanbul