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Question 5 : quels partenariats avec les équipes régionales de l’export ?

Dans les régions qui vont se rapprocher, la réponse à cette question découle de celles qui seront apportées à la précédente… 

 

Il y a d’abord les opérateurs nationaux, qui ont tous signé des conventions de partenariat avec les Régions, et qui devront les remettre à plat avec les nouvelles entités : Business France, Bpifrance, Coface (directions des garanties publiques), et même les Conseillers du commerce extérieur de la France via leurs comités régionaux. Sans compter les chargés d’affaires internationaux (CAI) de Business France qui, au sein des directions régionales actuelles de Bpifrance, sont chargés de « coacher » les PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire) à fort potentiel. Mis en place sous l’impulsion de Nicole Bricq, alors ministre du Commerce extérieur, ils ont été déployés en 2013 et 2014 pour atteindre une quarantaine aujourd’hui. Ce dispositif lancé sous le label « Bpifrance export » devra lui aussi s’adapter au nouveau découpage régional. De belles joutes managériales et administratives en perspective.

Il y a aussi les opérateurs en régions, et notamment les Chambre de commerce et d’industrie régionales (CCIR), qui sont, via leur réseau mutualisé CCI International, des partenaires incontournables des Régions, même lorsqu’il existe des agences dédiées au soutien à l’internationalisation des entreprises. Elles sont souvent un des piliers des plateformes mises en place pour assurer la mobilisation, l’identification et l’orientation des entreprises en fonction de leurs projets et de leurs besoins.

Il y a enfin les partenaires à l’international. Les quatre « incubateurs » désignés sur appel d’offres par l’Aquitaine en novembre 2014 pour assurer le « coaching » de ses entrepreneurs en Allemagne, au Brésil, en Chine et aux États-Unis travailleront-ils aussi pour les PME de Poitou-Charentes et du Limousin ?

Du côté des compagnies consulaires, on s’interroge sur le quotidien. « Les élections consulaires ayant été repoussées d’un an, donc de fin 2015 à fin 2016, la fusion des CCI régionales ne pourra pas se faire avant le 1er janvier de l’année suivante. Or, en Nord-Pas-de-Calais, nos conventions de partenariat ne vont pas au-delà du 1er janvier 2016 », note Stéphane Bossavit, directeur de CCI International Nord-Pas-de-Calais, alors que son homologue en Picardie, Christine Garraud, fait remarquer que ces deux régions qui doivent fusionner ont « des objectifs et des modalités très différentes ». « En Nord-Pas-de-Calais, expose-t-elle, CCI International développe pour la Région un programme d’actions collectives et gère une partie des aides. En Picardie, la Région reste maître d’œuvre. Elle a décidé de répartir les destinations géographiques entre elle et CCI International et les aides ne sont dévolues que sur dossier individuel ». En Champagne-Ardenne, leur collègue de CCI International, Claude Humbert, fait un constat similaire. « Pendant qu’on va réfléchir, il va falloir faire du quotidien, alors que les relations de travail, les aides et les dispositifs ne sont pas les mêmes ».

Prenant le cas de l’Alsace, qui, comme la Lorraine, doit fusionner avec Champagne-Ardenne, le directeur de CCI International fait remarquer que l’institution homologue développe un programme d’actions collectives négocié avec la Région. « Chez nous, explique-t-il, on lance un appel d’offres pour désigner un prestataire extérieur en charge de l’accompagnement des entreprises de A à Z ». Une procédure qui n’existe ni en Alsace, ni en Lorraine. La période de transition s’annonce donc quelque peu compliquée à gérer au quotidien.

Christine Gilguy et François Pargny

 

Témoignage Nicolas Mayer-Rossignol,

président de la Région Haute-Normandie

« Les services respectifs de Basse-Normandie et Haute-Normandie œuvrent quotidiennement au rapprochement » et « un travail de convergence et d’harmonisation est en cours ». Pour autant, fait remarquer Nicolas Mayer-Rossignol, qui préside la Région Haute-Normandie, « de nombreuses actions sont déjà normandes » avant même le projet de fusion, comme le Pavillon Normand au Paris Air Show (Le Bourget) ou au Midest (Paris). « Nous ne partons donc pas d’une page blanche », observe-t-il, précisant, à cet égard, qu’un « programme d’actions collectives à l’international (soutien à des PME pour des salons, missions de prospection…) 100 % normand est mis en place dès cette année en partenariat notamment avec CCI International Normandie et Business France ».

Du coup, créer une grande agence régionale ne lui paraît pas indispensable. « L’expérience de Normandie Développement, qui exerçait cette fonction il y a quelques années, n’a pas été totalement concluante. Nous avons en revanche plusieurs partenaires, tels que la CCI, Business France et beaucoup d’autres, avec qui nous travaillons bien aujourd’hui. Il y a certainement un nouveau modèle à bâtir, pragmatique, intelligent et rassembleur, qui part de l’existant et qui donne toute sa place à tous les territoires de la Normandie », soutient Nicolas Mayer-Rossignol.

Quand on l’interroge sur l’avenir des plans régionaux d’internationalisation des entreprises (PRIE), le successeur en octobre 2013 d’Alain Le Vern est clair : « dans la mesure où le PRIE définit la stratégie régionale d’internationalisation de nos entreprises ainsi que des pôles et filières à l’international, la rédaction d’un nouveau PRIE, plus qu’une simple fusion/addition, devra être envisagée », affirme-t-il. Et d’ajouter que, selon lui, « cet exercice sera d’autant plus naturel que de nombreux partenaires de “l’équipe à l’export” travaillent d’ores et déjà sur un périmètre normand (CCI International, Business France, Chambre régionale d’agriculture…) ». « Naturellement, précise-t-il encore, cet exercice devra être conduit « à l’issue des élections par la nouvelle assemblée d’élus normands ».

Nicolas Mayer-Rossignol est aussi confiant quant aux synergies sectorielles entre les deux territoires, citant ainsi des pôles d’excellence comme Mov’eo dans l’automobile, nov@log dans la logistique, NormandieAeroEspace (NAE) dans l’aéronautique et le spatial, mais aussi des secteurs, à l’instar de l’agriculture et du tourisme. « Toutes ces structures sont déjà normandes » et donc « le rapprochement des deux Régions représente pour ces pôles et filières, et beaucoup d’autres encore, l’opportunité de renforcer et de compléter leurs savoir-faire », assure le président de Région qui est aussi convaincu que « sur des secteurs d’avenir comme les énergies marines renouvelables ou le numérique, les entreprises concernées pourront bénéficier d’une plus grande visibilité à l’international lors de participations aux grands événements internationaux ou aux missions de prospection à l’étranger ».

Comme son homologue bas-normand, Laurent Beauvais, Nicolas Mayer-Rossignol avait prévu de se rendre à l’EWEA, le salon mondial de l’éolien offshore qui s’est tenu à Copenhague au Danemark du 10 au 12 mars, sur le pavillon normand regroupant les filières d’excellence des deux Régions en matière d’énergies marines renouvelables. Une délégation de 14 entreprises normandes s’étant déplacée à cette occasion.

 

Et quid du rôle des métropoles ?

On l’oublie parfois, en même temps que les nouvelles régions, le 1er janvier 2015, ont vu le jour les métropoles de Rennes, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Brest, Lille, Rouen, Grenoble, Strasbourg et Montpellier. Créée également le 1er janvier 2015, la Métropole de Lyon est une collectivité territoriale à part entière et dispose d’un statut particulier. Celles du Grand Paris et d’Aix-Marseille-Provence verront le jour le 1er janvier 2016. Ces nouvelles entités auront plus de pouvoirs et interviendront dans la voirie départementale, les transports scolaires et la promotion internationale du territoire. Outre que les nouvelles régions nées des regroupements devront se choisir une métropole, ces nouvelles entités administratives et politiques que sont les métropoles auront un rôle à jouer, elles aussi, dans la politique d’internationalisation que mèneront les Régions, ce qui complique un peu le paysage.

Selon la Loi NOTRe (nouvelle organisation territoriale de la République, article 2), « les orientations en matière d’aide aux entreprises, de soutien à l’internationalisation et d’aides à l’investissement immobilier et à l’innovation des entreprises applicables sur le territoire d’une métropole (…) ou sur le territoire de la métropole de Lyon sont adoptées conjointement par les instances délibérantes de la métropole concernée et de la région. À défaut d’accord, les orientations adoptées par la métropole concernée prennent en compte le schéma régional. Elles sont adressées à la région dans les six mois qui suivent l’adoption du schéma régional ». Quel sera leur rôle exact dans les écosystèmes régionaux de l’export, quelles connexions établiront-elles avec les dispositifs des Régions ?

Pour l’heure, on sait qu’elles seront les premières bénéficiaires des fonds du programme d’investissement d’avenir pour tout ce qui concerne les startups des nouvelles technologies. C’est dans cette optique que neuf d’entre elles ont été récemment « labellisées » par l’État « Métropoles french tech » : Aix-Marseille, Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Montpellier, Nantes, Toulouse. Les projets qu’elles présenteront, s’ils sont retenus, bénéficieront d’un soutien de la Mission French Tech et des fonds de son programme (200 millions d’euros) gérés par Bpifrance.

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