Bien que présentant le premier excédent commercial des régions françaises, l’Occitanie exporte moins que par le passé. La faute à l’aéronautique, moins performante à l’extérieur. En 2018, les importations dans cette filière se sont effondrées. En revanche, la filière séduit toujours les investisseurs étrangers.
Cette région du sud de la France occupe une place très particulière. Terre d’aéronautique (72 % des exportations), elle présente dans l’Hexagone le premier excédent commercial (10,28 milliards d’euros), avec une position moyenne-supérieure, la cinquième, pour les exportations (50,84 milliards d’euros).
Le plus frappant est que les ventes de biens à l’étranger ne cessent de diminuer, puisque leurs montants étaient encore de 52,27 milliards en 2017 et 54,98 milliards en 2016. En fait, les importations ont plongé l’an dernier, passant en un an de 47,84 milliards à 40,56 milliards. Si les exportations des industries aéronautiques, spatiales, navales, ferroviaires, de cycles et motocycles ont perdu 5,48 %, dans ces domaines les importations se sont effondrées de 32,76 %.
Côté export, la forte hausse des livraisons de produits chimiques, cosmétiques et parfums (+24 %) n’a pas suffi à regonfler l’export, d’autant que les ventes de produits agricoles, sylvicoles et piscicoles se sont légèrement érodées. De même, pour l’import, les progressions sensibles de fournitures en équipements électriques et ménagers (+22 %) et mécaniques, électroniques et informatiques (+16,63 %) n’ont pu compenser le recul des achats dans la filière aéronautique et spatiale.
L’Occitanie est fortement spécialisée dans le matériel de transport, ce qui se traduit par des investissements étrangers, notamment dans l’aéronautique. Elle a accueilli l’an dernier près d’un tiers des investissements internationaux dans l’aéronautique.
Né, fin 2018, du rapprochement de Rockwell Collins et d’UTC Aerospace Systems, Collins Aerospace, leader mondial américain des systèmes et solutions technologiques pour l’aéronautique, « a investi plus de 18 millions d’euros en Occitanie », s’est félicité Christophe Lecourtier, directeur général de Business France. En mai dernier, sa filiale implantée à Figeac, Ratier-Figeac, fournisseur d’hélices pour les ATR, les bombardiers d’eau CL415 et les avions militaires A400M, a annoncé la modernisation d’ici fin 2021 de son Centre d’Excellence Hélice, avec à la clé un investissement de 32 millions d’euros et la création de 150 emplois supplémentaires d’ici fin 2024.
D’après Business France, plus de 1 300 entreprises étrangères sont implantées en Occitanie et les matériels aéronautiques, navals et ferroviaires sont arrivés en deuxième position en nombre de projets en 2018 avec une part de 12 %, juste derrière les logiciels avec 13 % et devant l’agroalimentaire avec 11 % et le conseil ingénierie avec 10 %.
Ainsi, en 2018, le canadien CGI a décidé de centraliser un centre d’innovation digitale en Occitanie, le marocain Digital Works d’implanter son premier centre d’appels en France à Montpellier, avant de se déployer vers les marchés nord-européens (Royaume-Uni, Allemagne), grâce à une avance remboursable de 1 million d’euros de la Région, et le suisse Nestlé, propriétaire du site Perrier de Vergèze dans le Gard, d’injecter 200 millions d’euros d’ici à 2020.
En 2018, la Suisse, avec 8 projets, était le troisième pays fournisseur d’IDE, à égalité avec les Pays-Bas et le Royaume-Uni, devancée par les États-Unis, avec 14 projets (14 %), et plus encore l’Allemagne, avec 18 projets (16 %). À noter encore que la région reçoit 16 % des projets espagnols en France et 15 % des projets canadiens. Or, l’Espagne est le troisième débouché extérieur de l’Occitanie, avec 3,78 milliards d’euros de ventes en 2018, après la Chine et l’Allemagne, avec respectivement 8,36 milliards et 6,29 milliards d’euros. Quatrième destination des biens d’Occitanie, l’Inde, avec 2,74 milliards, devant les États-Unis, avec 2,64 milliards, le Qatar, avec 2,32 milliards et Singapour, avec 2,3 milliards. Aujourd’hui, près des trois quarts des livraisons de cette région métropolitaine sont ainsi dirigées vers l’Asie (40,4 %) et l’Union européenne (33,8 %).
Chiffres clés du commerce extérieur (2018)
Export : 50,8 milliards d’euros
Import : 40,5 milliards
Solde : + 10,3 milliards
Source : Région
Agir pour développer les secteurs d’avenir
En Occitanie, c’est le Comité stratégique export qui établit les grandes priorités. Elles sont fixées « dans l’intérêt de nos PME qui doivent effectuer un changement d’échelle vers l’international, souvent en commençant par l’Europe, et aller chercher la croissance où elle se trouve, secteur par secteur », explique Nadia Pellefigue, vice-présidente, chargée à la Région du Développement économique, de l’innovation, de la recherche et de l’enseignement supérieur, et présidente du Comité stratégique export et de l’agence de développement Ad’occ.
La création de cette agence traduit la volonté de la Région de piloter et de coordonner l’international. Du coup, la Région ne semble pas pressée de signer de convention régionale – comme la plupart des Régions métropolitaines – pour constituer une Team France Export Occitanie. Elle « avance vite et bien », affirme, néanmoins, Nadia Pellefigue. De toutes les façons, assure la vice-présidente, « cette Team France en Occitanie ne remet pas en cause la concertation ni l’action conjointe de tous nos partenaires à l’export »,.
La réflexion au sein du Comité stratégique export sur les grandes filières (agroalimentaire, aérospatial, numérique, eau, énergie, santé…) et leurs sous-secteurs – avec, parfois, des cibles géographiques diversifiées – a, par exemple, amené les acteurs occitans à décider d’une action dans le secteur de l’eau en Amérique latine dans le cadre d’un projet européen.
S’agissant des projets européens, la participation des pôles de compétitivité, qui sont membres du Comité stratégique export, doit s’accroître. Au nombre de 13 (dont 7 avec leur siège dans la région, + une vingtaine de clusters), ils doivent favoriser l’internationalisation de leurs adhérents PME.
Les grandes filières sont aussi un atout en termes d’attractivité. Quatrième région française, l’Occitanie a enregistré 111 projets d’investissements directs étrangers en 2018. « Nous visons aussi de nouveaux secteurs ou segments d’activité plus précis dans notre plan de prospection, qui correspondent plutôt à des chaînons insuffisamment présents en région dans la chaîne de valeur ajoutée ou a de nouvelles tendances dont il pas être absent à l’avenir », expose Nadia Pellefigue, qui cite le quantique, l’intelligence artificielle, les énergies renouvelables. Bonne nouvelle, Toulouse a été retenu pour accueillir un Institut interdisciplinaire en intelligence artificielle (3IA).
Une multiplicité d’acteurs pour « éviter les lacunes »
La Team France est un « noyau dur », mais il y a bien d’autres acteurs, selon la vice-présidente de la Région Nadia Pellefigue, qui cite, par exemple, la collaboration « très concrète » pour préparer le Brexit entre l’agence de développement Ad’occ qu’elle préside et les services de la Douane.
Selon l’élue, la multiplicité des organismes permet d’additionner les spécialités et donc « d’éviter les lacunes dans l’accompagnement » des primo-exportateurs, et des PME et ETI plus chevronnées. Et de souligner ainsi la complémentarité des outils de couverture des risques à l’export de Bpifrance avec les outils de la Région (Pass Export, Contrat Export, Contrat Grand Export…).