Spécial Régions et collectivités territoriales à l’export 2019 : Grand-Est

Si le Grand Est attire des investissements dans la construction automobile et la fabrication mécanique, ce n’est pas le hasard. Cette région possède une forte tradition industrielle et est très tournée vers l’Allemagne, pays voisin.

Des importations en baisse (-1 %), des exportations en pleine forme (+3,5 %), la balance commerciale du Grand Est était nettement exportatrice en 2018, avec +6,4 milliards d’euros. Si les achats à l’étranger ont représenté 58,3 milliards d’euros, les ventes extérieures se sont élevées à 64,7 milliards.

Quant aux investissements internationaux, d’après le rapport de Business France publié sur le sujet pour 2018, le Grand Est est une région très industrielle. Sur les quatre dernières années (2014-2018), cette région constituée par l’Alsace, la Lorraine et Champagne-Ardenne a attiré surtout des investisseurs dans la construction automobile et la fabrication mécanique.

Aujourd’hui, le Grand Est montre une forte spécialisation dans la production de machines et équipements, ainsi que dans la métallurgie et la fabrication de produits métalliques. Les entreprises sous contrôle étranger pèsent 52 % du chiffre d’affaires de l’industrie manufacturière en Alsace et 44 % en Lorraine.

Deuxième région exportatrice française, derrière l’Ile de France, le Grand Est a bénéficié en 2018 de l’accélération de la construction automobile, avec +23 % sur 2017. Les livraisons hors de l’Hexagone y ont ainsi frôlé les 7,5 milliards d’euros, soit, à elles seules, 11,6 % des exportations globales de la région.

Région frontalière, le Grand Est en profite pour ses exportations comme pour son attractivité. En 2018, selon Business France, elle a accueilli un quart des activités de logistique et a été une des régions en France à attirer le plus de projets sectoriels à valeur ajoutée, avec une part de 14 % du total. Il n’y a que dans les médicaments-biotechnologies appliquées et la chimie-plasturgie où le Grand Est a fait relativement mieux (avec, respectivement 16 % et 15 % des projets des investisseurs étrangers en France dans ces deux secteurs).

Dans les médicaments et biotechnologies appliquées, le géant allemand Merck a annoncé le transfert près de Strasbourg d’une ligne de production de cassettes de milieux de culture utilisées en bactériologie, qui se trouve actuellement à l’étroit à Eppelheim, dans le Bade-Wurtemberg. Soit un investissement de 24 millions d’euros en bâtiments et équipements, avec à la clé la création de 130 emplois.

Globalement, les exportations de produits manufacturés font la course en tête. Le cuir a, certes, connu une progression légèrement supérieure à la construction automobile, mais il s’agit d’un secteur cinq fois moins exportateur en valeur. Les autres grands postes d’exportation (entre 4 et 5 milliards d’euros), c’est-à-dire machines d’usage général, pharmacie, boissons, les hausses ont été inférieures à 5 %. D’autres grands secteurs (entre 2 et 3 milliards) ont essuyé un revers : – 2 à 3 % pour les équipements automobiles, – 6 à 7 % dans la chimie de base.

Il est intéressant de noter qu’à l’import on retrouve quasiment les mêmes industries au pinacle : construction automobile, machines d’usage général, chimie de base, pharmacie, même si ce dernier a subi une chute phénoménale (-25 %), et équipements automobiles. À noter, en particulier, que le Grand Est a aussi accéléré à l’import dans la construction automobile. Les fournitures y ont ainsi représenté 5,58 milliards d’euros, soit une hausse de 19 % sur 2017 et une part de 8 % dans les importations générales de la région.

Quant aux marchés cibles, la logique géographique s’impose. Un quart des exportations a franchi le Rhin vers l’Allemagne en 2018, soit trois fois plus que l’Italie et le Royaume-Uni, numéros 2 à égalité, et 28 % des achats provenaient aussi d’outre Rhin. Près des trois quarts, 74 % exactement, étaient ainsi tournées vers l’Union européenne, dont 59 % vers la zone euro.

Quant aux investissements internationaux, les entreprises sous contrôles étrangers représentent 35 % du chiffre d’affaires de l’ex-région Alsace et 20 % en Lorraine. En Moselle, à Illange, le groupe allemand Knauf Insulation a ainsi décidé d’injecter 110 millions d’euros dans une unité de production de laine de roche. Les 100 000 tonnes produites annuellement seraient destinées à 50 % à l’export, dont 40 % destinées à l’Allemagne et 10 % au Benelux. L’activité doit commencer d’ici la fin 2019. 

Chiffres clés du commerce extérieur (2018)

Export : 64,7 milliards d’euros
Import : 58,3 milliards
Solde : + 6,4 milliards

Source : Insee

La Région « en concertation » avec la Team France Export

Les secteurs sont au cœur de la stratégie d’accompagnement à l’export de la Région. À cet égard, Grand Est a dégagé deux axes prioritaires :

• 1. Les domaines d’excellence à l’international : agroalimentaire, automobile, ferroviaire, aéronautique, santé, pharmacie, cosmétologie, dispositifs médicaux, décoration, ameublement, aménagement intérieur, machinisme agricole et viticole.

• 2. Les activités prometteuses à l’export : technologies pour l’environnement, construction durable, ville intelligente, numérique, services innovants dans l’industrie et solutions pour l’industrie du futur.

Parallèlement, la Région a établi des couples pays/marchés cibles, notamment dans le cadre de la programmation des actions collectives, et identifié des opérations jugées incontournables dans des secteurs stratégiques (comme le Salon international de l’aéronautique et du spatial au Bourget et la Foire de Hanovre pour l’industrie du futur). Enfin, dans son souci d’offrir un parcours sur mesure aux entreprises, elle a ciblé des pays prioritaires. Jean Rottner, le président de Région, indique ainsi que 130 sociétés ont obtenu un appui depuis 2018.

La programmation des actions collectives fait l’objet d’une concertation avec la Team France Export (TFE), souligne l’élu régional. Bien que la Région n’ait pas encore signé de convention avec les acteurs de la TFE (Business France, Bpifrance, CCI), Jean Rottner estime que la « démarche Team France Export va dans le bon sens », parce qu’elle s’inscrit « en cohérence avec l’organisation souhaitée par la Région » dans le cadre du Schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII).

Dans la TFE Grand Est, Business France et CCI International disposent ensemble d’une équipe de 21 conseillers internationaux, spécialisés par secteur. Pour Jean Rottner, « il était urgent de proposer un dispositif plus lisible, plus efficace et plus adapté, en lien avec les Régions, afin notamment de déployer des guichets uniques de l’export ». Et d’indiquer aussi que la TFE est « totalement impliquée » dans le schéma d’aides aux entreprises. De façon concrète, la TFE intervient « en proposant un suivi et des solutions concrètes à la stratégie et aux plans d’action co-construits avec les entreprises dans le cadre de diagnostics ». Par ailleurs, les actions collectives, font non seulement l’objet d’une concertation avec la TFE, mais « pour la majorité, sont organisées, selon Jean Rottner, directement par leurs bureaux ou relais à l’étranger ».

Des filières au service du tourisme

Dans le Grand Est, les marques, au nombre de cinq (Lorraine, Alsace, Ardenne, Champagne, Massif des Vosges), s’inscrivent dans le Schéma régional de développement du tourisme 2018. À côté de valeurs identitaires (excellence, sincérité, audace, ouverture), elles s’appuient sur des filières d’excellence (tourisme, luxe et savoir-faire, enseignement universitaire, culture, gastronomie et agroalimentaire). La Région n’agit pas seule mais avec des partenaires, selon son président Jean Rottner, qui cite la marque « Lorraine, vous révéler » en « copropriété » avec Lorraine Tourisme et Agria Grand Est, une association d’entreprises engagées dans une démarche en faveur des saveurs et des savoir-faire lorrains, intitulée, « La Lorraine notre signature ».

François Pargny