Spécial Régions et collectivités territoriales à l’export 2019 : Corse

Compte tenu de la faiblesse du tissu industriel de l’île, l’agroalimentaire constitue l’un des principaux piliers de l’économie insulaire. Avec pour principaux débouchés l’Amérique du Nord et l’Union européenne (UE).

Avec des exportations en net repli (-11,1 %) s’élevant à 76,8 millions d’euros en 2018 et des importations qui ont progressé (+8,7 %) pour atteindre 455,1 millions d’euros, la balance commerciale de l’île de Beauté est demeurée déficitaire l’an passé. Pis, le déficit commercial de la Corse s’est encore creusé tombant à -378,3 millions d’euros après -332,07 millions en 2017.

L’agroalimentaire joue un rôle primordial dans les livraisons extérieures. Ce secteur, totalisant des ventes de 18,7 millions d’euros, représentait ainsi 24,3 % des exportations régionales, d’après les statistiques de la Douane. Dans le détail, les ‘produits alimentaires divers’ ont occupé le premier rang, avec, par exemple, 7,7 millions d’euros réalisés au Canada et 2 millions aux Pays-Bas, selon les chiffres 2018 du commerce extérieur de l’île publiés par l’Agence de développement économique de la Corse (Adec).

Les boissons se positionnent pour leur part au deuxième rang des produits agroalimentaires les plus commercialisés à l’étranger en 2018 avec 3,5 millions d’euros l’an passé. Les vins, bières et eaux minérales, figurant parmi les spécialités locales, ont eu pour principaux clients les États-Unis et la Belgique.

Au troisième rang, avec des expéditions de 1,4 million d’euros, se trouvent la viande et les produits à base de viande. L’Union européenne (UE) a été le principal débouché et, fort logiquement par pays, les deux premiers marchés internationaux sont des États membres de l’UE : la Belgique, avec une part de 39 %, et l’Italie, avec 18 %. Le troisième client est, en revanche, un pays tiers, en l’occurrence, l’Indonésie avec une part de 15 %.

L’île de 339 000 habitants exporte également des produits industriels. Le poste ‘autres produits industriels’ a ainsi généré 27,3 millions d’euros de ventes à l’export en 2018, soit 35,6 % des exportations régionales. C’est beaucoup plus que l’agroalimentaire, mais cette rubrique regroupe une multitude de biens : textiles, habillement et chaussures ; bois, papier et carton ; produits chimiques, parfums et cosmétiques ; produits pharmaceutiques ; produits en caoutchouc, plastique ; matériaux de construction.

À l’importation, les achats du poste ‘autres produits industriels’ arrivent en tête, avec une part de 30,8 % des importations totales, soit 140,2 millions d’euros de produits industriels. La collectivité territoriale a également dépensé 125,2 millions d’euros pour se fournir en matériels de transport (industrie automobile ; industries aéronautique et spatiale, navale et ferroviaire ; cycles et motocycles). Deuxième poste des importations, les matériels de transport ont représenté 21,2 % des approvisionnements à l’étranger. Enfin, troisième poste des achats à l’étranger (92,2 millions d’euros), les produits pétroliers raffinés et coke ont représenté pour leur part 20,3 % du total des importations. En matière de commerce extérieur, la logique géographique s’impose. Les échanges avec l’Italie sont très élevés aussi bien à l’export qu’à l’import. Bénéficiaire de 17,5 millions d’euros d’exportations corses (-24,3 % par rapport à 2017), l’Italie était ainsi le premier client de la collectivité en 2018. La péninsule aux allures de botte est également son premier fournisseur. Les importations corses en provenance d’Italie ont bondi de 58,6 % sur un an et ont atteint 147,3 millions d’euros. L’île a acheté essentiellement des matériels de transport (bateaux et produits de la construction automobile), des matériaux de construction ainsi que des produits de luxe notamment textile, habillement ; cuirs et chaussures ; parfums et cosmétique. L’Italie s’octroie ainsi la part de marché la plus élevée (32,4 %) devant l’Espagne (15,2 %) et l’Allemagne (9,4 %) dans le Top 3 des pays fournisseurs.

Chiffres clés du commerce extérieur (2018)

Export : 76,8 milliards d’euros
Import : 455,1 milliards
Solde : -378,3 millions

Source : Douanes, Insee

Trois secteurs cibles : numérique, aéronautique, agroalimentaire

Pour soutenir l’internationalisation des entreprises insulaires, la Collectivité de Corse a décelé des secteurs clés. « Ce sont l’innovation digitale, l’aéronautique et l’agroalimentaire », livre au Moci Jean-Christophe Angelini, conseiller exécutif de Corse, chargé de l’Économie et président de l’Agence de développement économique de la Corse (Adec). « Nous avons identifié des marchés pour ces secteurs », ajoute-t-il. À savoir les États-Unis pour le numérique et le Canada pour l’aéronautique. Explication.

La Corse a bâti sa stratégie d’internationalisation autour d’un couplage secteurs/salons. Ce travail effectué, « nous pouvons accompagner les entreprises dans les grands rendez-vous internationaux qui correspondent », relate Jean-Christophe Angelini. L’Adec, opérateur majeur de la politique d’exportation, cible ainsi, selon les filières, des salons de dimension internationale qui se tiennent en France ou des manifestations à l’étranger. À cet égard, l’Adec accompagne les startup insulaires aux États-Unis, au CES (Consumer Electronics Show) à Las Vegas, grand-messe mondiale de l’innovation technologique, dont la dernière édition s’est tenue du 8 au 11 janvier. Cet automne, l’agence emmènera pour la première fois les jeunes pousses au Web Summit de Lisbonne, principal rendez-vous de la tech en Europe, qui se déroulera du 4 au 7 novembre.

Le pôle de compétitivité basé à Ajaccio, Corse Composites Aéronautiques, spécialiste des pièces complexes en matériaux composites, bénéficie, pour sa part, d’un accompagnement au Canada sur le salon Aeromart de Montréal qui se tiendra au printemps. C’est l’occasion pour ses membres de rencontrer des grands donneurs d’ordre et de développer leurs relations d’affaires en Amérique du Nord. Cette année, les sous-traitants corses de l’aéronautique étaient également présents au salon du Bourget (17-23 juin).

Quant aux entreprises de l’agroalimentaire, elles participent au Sial, rendez-vous international des professionnels de l’alimentation. « Nous réfléchissons à la participation à des salons agroalimentaires à l’étranger », confie l’élu corse.

La faible ouverture internationale de l’économie insulaire est imputable à la faiblesse du tissu industriel corse. À cet égard, des filières et écosystèmes ont été identifiés comme prioritaires dans le cadre de la déclinaison en Corse du programme national « Territoires d’industrie », lancé par le Premier ministre Édouard Philippe à l’occasion du Conseil national de l’industrie le 22 novembre 2018. Ces filières dites ‘prioritaires’ correspondent aux priorités inscrites dans le Schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) de la Corse : agroalimentaire, nautisme, plus largement croissance bleue (aquaculture, énergie marine…), aéronautique, numérique, etc.

En ce qui concerne la mise en œuvre de l’initiative ‘Territoires d’industrie’ sur l’île, « les deux territoires identifiés sont la Communauté d’agglomération du pays ajaccien (CAPA) et la Communauté d’agglomération de Bastia (CAB) », précise le président de l’Adec. Le comité de pilotage régional du dispositif « Territoires d’industrie » a été installé à Ajaccio le 19 juillet dernier.

Un réseau d’ambassadeurs économiques

Guichet unique de l’attractivité et opérateur majeur de la politique d’exportation, l’Agence de développement économique de la Corse (Adec) a lancé en août dernier le programme ‘Ambassadeurs’. L’objectif étant de constituer un réseau « d’ambassadeurs économiques de la Corse », ouvert aux acteurs économiques, sociaux et culturels et animé par l’Adec. Leur rôle est double : faciliter l’export et favoriser l’attractivité de la Corse, notamment en incitant des entreprises étrangères à s’implanter et en accompagnant l’ensemble des porteurs de projets. 

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