Ayant pour principal débouché l’Europe, l’agroalimentaire est le premier poste d’exportation de l’économie bretonne. Cette région agricole et d’élevage attire les investissements internationaux en particulier américains.
Les importations ayant progressé plus fortement (+6,2 %) que les exportations (+1,4 %), la balance commerciale bretonne s’est dégradée en 2018. Les achats à l’étranger ont atteint 12,3 milliards d’euros tandis que les ventes à l’export se sont établies à 11,4 milliards d’euros. Ainsi, le déficit commercial s’est fortement creusé tombant à -816 millions d’euros après -259 millions en 2017.
Les produits issus de l’industrie agroalimentaire – notamment les viandes et les produits laitiers – ont constitué le premier poste à l’export l’an passé avec des ventes de 3,96 milliards d’euros, d’après les statistiques régionales de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
Les livraisons agroalimentaires ont ainsi représenté à elles seules 34,6 % du total des exportations Made in Breizh en 2018.
L’agroalimentaire est aussi important en termes d’importations, avec un montant de 2,34 milliards d’euros.
C’est encore ce secteur qui capte une grande partie des investissements internationaux. D’après la dernière publication (juillet 2019) « Les entreprises bretonnes à l’international », éditée conjointement par la CCI Bretagne et Bretagne commerce international (BCI), 28,4 % des établissements à capitaux étrangers implantés dans la péninsule de l’extrémité ouest de la France sont actifs dans l’agriculture et l’agroalimentaire.
La région dispose encore d’autres spécialisations : télécommunications, numérique, automobile, construction navale. Cette grande diversité industrielle se retrouve dans les décisions d’investissements des porteurs de projets internationaux. Ainsi, la CCI régionale et BCI montrent dans leur rapport que 29 % des établissements à capitaux étrangers ont une activité dans l’industrie (bâtiment/construction ; automobile/mécanique ; naval/nautisme…). D’après ce même rapport, 15,7 % des entreprises étrangères installées en Bretagne accueillent des activités dans les technologies de l’information et de la communication (TIC) et dans le numérique.
Au total, 301 investisseurs internationaux, représentant 479 établissements à capitaux étrangers, sont implantés dans la péninsule à l’ouest de l’Hexagone. Avec la présence de 119 établissements à capitaux américains sur le territoire, les États-Unis sont le premier investisseur. Ainsi, le géant californien du web Google a inauguré le 8 juin 2018 dans le centre-ville de Rennes son premier atelier dédié aux formations dans le numérique. L’Allemagne avec à son actif 78 entreprises est le deuxième investisseur étranger devant le Royaume-Uni fort de 40 établissements sur le territoire breton. Ainsi, le bureau d’études britannique Locogen a ouvert à Rennes un établissement pour co-développer des projets éoliens et photovoltaïques avec des acteurs du Grand Ouest.
Il est intéressant de noter que la région veut conforter ses relations avec les investisseurs japonais. Chaque année, une délégation est conduite au Japon par le président de Région Loïg Chesnais-Girard (Parti socialiste) pour rencontrer et échanger avec des entrepreneurs et interlocuteurs nippons afin de confirmer et de renforcer les liens de la Bretagne avec l’économie japonaise. On dénombre 16 entreprises nipponnes implantées dans la région parmi lesquelles des groupes internationaux à l’instar de Canon et Mitsubishi Electric ou encore de l’équipementier automobile Sanden, spécialisé dans les compresseurs de climatisation.
Basé entre Rennes et Saint-Malo, le site breton de Sanden regroupant trois unités de production et un centre technique est à ce jour le site le plus important du groupe nippon hors du Japon. Dans leur publication, la CCI Bretagne et BCI relèvent que 5,2 % des établissements à capitaux étrangers dans la région sont originaires du Japon. Ces investissements sont les bienvenus d’autant plus que les exportations vers le Japon sont faibles (1,4 % du total).
S’agissant des débouchés à l’extérieur, destinataire de 67,3 % des exportations régionales, l’Europe est le principal client de la région. L’Union européenne (UE) reste la première zone avec laquelle commercent les entreprises bretonnes. Elle a concentré 63,5 % des exportations de la région en 2018 et 60,1 % des importations. Destinataire de 11,3 % des exportations, l’Allemagne est le premier client devant l’Espagne (9,5 %) et l’Italie et la Belgique (7,6 % chacun) et le Royaume-Uni (7,5 %).
Chiffres clés du commerce extérieur (2018)
Export : 11,4 milliards d’euros
Import : 12,3 milliards
Solde : – 816 millions
Source : Insee
Des coopérations avec le Japon et l’Australie
La région a identifié des filières prioritaires dont elle souhaite favoriser l’ouverture internationale. « Le bien-manger avec la pêche, l’agriculture et l’agroalimentaire ; la cybersécurité ; l’hydrogène avec les énergies marines », expose Loïg Chesnais-Girard, qui préside le conseil régional de Bretagne depuis deux ans.
Pour ces secteurs, un marché a été ciblé : le Japon. Depuis quinze ans, la Région mène des missions économiques dans ce pays insulaire de l’Océan pacifique. La dernière a été pilotée par Loïg Chesnais-Girard cet été, du 15 au 20 juillet. Sur place, il a notamment participé à une réunion consacrée aux smart-grid et au développement de l’hydrogène avec ses interlocuteurs nippons de l’agence publique NEDO, « l’équivalent de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) », précise le président. Sur la cybersécurité, l’élu a notamment échangé avec le maire de la ville de Yokozuka, au sud de Tokyo, autour du ‘Pôle d’excellence cyber’, association bretonne dédiée à la cyberdéfense et la cybersécurité. Créé en 2014 par le ministère de la Défense et la Région Bretagne, ce pôle d’excellence a pour ambition d’accélérer la construction d’une filière bretonne en cybersécurité et cyberdéfense d’envergure nationale et avec un objectif de rayonnement international. De son côté, la ville de Yokosuka souhaite accueillir un pôle d’excellence ‘cyber’ pour le Japon.
Dans le naval, autre filière prioritaire, la région a noué une relation particulière avec l’Australie depuis 2016 dans le cadre du programme du futur sous-marin. Celui-ci prévoit la livraison à la marine australienne de 12 sous-marins de dernière génération construits par Naval Group, implanté à Lorient et à Brest. Le chantier des sous-marins se situe à Adélaïde, capitale de l’État d’Australie du sud.
D’autres domaines de coopération sont explorés avec l’Australie méridionale dans la cybersécurité, l’intelligence artificielle et l’enseignement supérieur. Sur la formation, Loïg Chesnais-Girard s’est rendu en février dernier à Adélaïde pour conforter les échanges à long terme entre universités, grandes écoles et entreprises de cybersécurité. La région veut inciter les établissements bretons à développer des partenariats de formation et de recherche avec les établissements d’Australie méridionale.
Le Pôle Mer, phare à l’international
Pour rayonner à l’international, la Région Bretagne compte sur son pôle de compétitivité maritime à vocation mondiale, situé près de Brest, dans le Finistère. Dans la pratique, le Pôle Mer Bretagne Atlantique dépasse les limites géographiques du territoire breton. Il s’agit d’une structure interrégionale : le pôle d’une grande région maritime, composée de la Bretagne et les Pays de la Loire a noué des partenariats avec des clusters à l’étranger, notamment en Europe et en Amérique, par exemple avec le cluster Marine South East au Royaume-Uni, l’Institut France Québec pour le Maritime (IFQM) au Canada et SubSea Cluster Rio de Janeiro au Brésil. Grâce à ces partenariats, les PME adhérentes du pôle bénéficient d’un accompagnement dans leurs premiers pas à l’international.
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