La puissance publique et les élus de l’exécutif ont affiché leur volonté de participer pleinement au développement du guichet unique de l’export avec Business France et CCI International. Ce qui va amener les différents acteurs à faire preuve d’agilité.
Les Hauts-de-France ont été la première région à conclure une convention fin mars 2018 pour la mise en place d’un guichet unique d’accompagnement à l’export. À cet égard, plusieurs éléments doivent être soulignés. D’abord, la présence de l’État, qui semble-t-il n’était pas prévue au départ, aux côtés de la Région, la CCI régionale et Business France.
Pour les opérateurs du commerce extérieur, la volonté de l’État de figurer parmi les signataires a une double conséquence : plus de complexité, car trois organismes publics, avec des préoccupations en partie différentes, participent dorénavant aux discussions – les Douanes, le secrétariat général des affaires régionales (SGAR/Préfecture), la Dirrecte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) ; mais aussi, côté positif, un apport supplémentaire d’expertise – par exemple, les Douanes sont en région les seuls à disposer de la liste complète et fiable des exportateurs.
Autre élément essentiel, la Région que préside Xavier Bertrand, dès la signature de la convention quadripartite, a décidé de mettre à la disposition des exportateurs une hot line dans le souci de communiquer sur le guichet unique. Des conseillers export répondent ainsi aux sollicitations et constituent ensuite des fiches d’information qui sont transmises aux opérateurs spécialisés.
Cette initiative va donc amener CCI International et Business France à inventer un mode opératoire agile pour travailler avec la Région. Par ailleurs, comme la convention quadripartite a été conclue un mois seulement après l’annonce par le Premier ministre de la nouvelle stratégie nationale en matière de commerce extérieur, il s’agit d’un document très général. C’est pourquoi la CCI régionale et Business France ont prévu, vraisemblablement fin septembre-début octobre, de conclure une convention bilatérale pour fixer dans le marbre les priorités sectorielles.
À l’heure où nous bouclons, il serait prévu que la CCI régionale accueille trois à quatre conseillers internationaux de Business France dans des secteurs qui sont prioritaires – agroalimentaire, équipements industriels (40 % des exportations régionales) – ou dans des domaines à renforcer – développement durable, voire technologies de l’information et la communication.
Toutefois, Business France étant sectoriel et CCI International Hauts-de-France disposant également de conseillers géographiques, le service International de la CCI régionale pour ses huit conseillers géographique couvrant le monde entier va devoir trouver une solution spécifique en accord avec son partenaire. Les réflexions seraient en cours, de façon, par exemple, à privilégier l’Asie sur l’Europe. Ce qui est certain, c’est que CCI International, dont les expertises géographiques et les études sectorielles ont toujours été un plus reconnu, ne devrait pas abandonner la dimension géographique.
François Pargny
Chiffres clés à l’export (2017)
Montant total : 48,9 milliards d’euros (+ 7 %)
Montant des exportations par des entreprises avec leur siège social dans la région : 22,62 milliards d’euros
Nombre d’entreprises exportatrices : 8 935
Source : Douanes, Insee
Témoignage
Arnaud Lefort, Indelec
P-dg du fabricant de paratonnerres Indelec, qui exporte 75 % de sa production française, Arnaud Lefort préside également depuis un peu plus d’un an CCI International Hauts-de-France. Comme « gestionnaire » d’une PME d’une trentaine de millions de chiffre d’affaires réalisé avec 200 salariés, il se félicite « des économies d’échelle » qui vont être réalisées, à la fois parce que le système sera plus lisible pour l’entreprise, que moins de crédits publics seront consommés et que l’offre des partenaires sera unifiée.
L’arrivée de référents de Business France en région et la réflexion engagée en particulier avec CCI International pour une offre commune sont positives. « Autrefois, explique-t-il, on présentait un catalogue de prestations – salons, missions, etc. – dans lequel s’inscrivait l’entreprise ». Aujourd’hui, « on fait l’inverse, assure-t-il, en individualisant le parcours ».
De façon concrète, tout un travail de réflexion, d’analyse est effectué avec l’entreprise et, en fonction de ses besoins, un parcours export est bâti et soutenu financièrement par la collectivité locale et l’État. Le parcours est d’autant plus « du fait sur mesure » que la cible n’est pas la même. Si un primo-exportateur aura besoin de tester un marché, un produit, une PME plus rôdée pourra être propulsée sur des marchés lointains, voire envisager une implantation locale. S’agissant justement de la géographie, Arnaud Lefort distingue deux niveaux :
• les marchés de proximité, incontournables selon lui, que sont la Belgique ou le Royaume-Uni. « À une heure de Londres par le Tunnel sous la Manche, les Hauts-de-France entendent bien préserver une relation gagnant-gagnant, ce qui nous a amenés, rappelle-t-il, à engager des actions en direction des sociétés britanniques, comme des accueils personnalisés, des équipes dédiées ».
• les marchés lointains, avec l’Afrique, notamment francophone, mais aussi le Nigeria ou le Kenya ; l’Asie, avec le Japon, pays avec lequel les Hauts-de-France possèdent un partenariat déjà ancien, l’Indonésie, un pays peuplé avec lequel des échanges pourraient par exemple être réalisés autour de la pêche et le traitement des produits de la mer ; et les États-Unis.
L’évolution du Royaume-Uni et des États-Unis mérite aujourd’hui que les Hauts-de-France soient particulièrement attentifs. Indelec, en l’occurrence, possède un distributeur outre-manche, qui réexporte 30 à 40 % de ses produits hors du Royaume-Uni, notamment dans le Commonwealth. Des changements de taxes pourraient ainsi avoir des répercussions sensibles pour les entreprises régionales.
Les principaux dispositifs d’aide de la Région
Le Schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) a été adopté le 30 mars 2017
Les principaux programmes et dispositifs d’aide
• CCI International et la Région Hauts-de-France ont lancé dans le cadre du plan « Booster Exportation » le Compte Individuel Export (CIE), destiné, avant tout, à soutenir financièrement les premiers pas d’une entreprise sur les marchés étrangers,
À noter également trois autres composantes du plan Booster Exportation en région :
– le programme V.I.E et le soutien aux opérations collectives sur les salons internationaux.
– le programme de soutien des entreprises artisanales.
– la Région intervient également financièrement avec Bpifrance, et de manière très complémentaire avec le C.I.E, via le Prêt participatif de développement à l’international.