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Spécial Régions 2018 : Entretien avec Jean-Baptiste Lemoyne

 

 

 

 

 

 

 

Secrétaire d’état auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne suit de près la mise en œuvre des « guichets uniques » d’accompagnement export dans les Régions chères à Jean-Yves le Drian. Il fait le point sur sa mise en œuvre et ses enjeux.

 

Le Moci. La réforme du dispositif d’accompagnement à l’international lancée par le Premier ministre fin février est en cours. Commençons par la France où doivent être créés dans chaque Région des « guichets uniques » Région-Business France-Chambre de commerce et d’industrie (CCI). Ce processus est lent… Où en est-on ?

Jean-Baptiste Lemoyne. Très clairement on est dans la mise en œuvre de la stratégie annoncée par le Premier ministre à Roubaix. D’ici fin septembre, on aura cinq conventions signées avec des Régions : Hauts de France, Paca et Bourgogne Franche-Comté, Normandie et Pays-de-la Loire. Notre but d’ici la fin de l’année ou début 2019 est d’avoir signé avec les autres Régions. Le dialogue est bien engagé avec la plupart d’entre elles.

 

Le Moci. Pas de points de blocage ?

Jean-Baptiste Lemoyne. On est dans un travail normal d’évaluation des dispositifs respectifs, pour voir comment ils convergent. La réforme se traduira concrètement par le fait que Business France va injecter des effectifs supplémentaires dans les régions. Ces effectifs qui vont être logés chez les CCI vont permettre d’accroître les liens qui existent entre Business France, les CCI et les Régions et contribuer à construire une culture commune.
Ils seront aidés par la création de nouveaux outils communs, avec la construction d’un CRM commun, qui est une application de gestion de la relation client. L’État a fait le choix d’investir, avec Business France, de l’ordre de 9 millions d’euros sur trois ans. Les travaux ont commencé, l’applicatif a été sélectionné. Cela permettra à terme de mettre fin au fonctionnement en silo qui empêchait l’information de circuler.

 

Le Moci. Quel bénéfice pour les entreprises ?

Jean-Baptiste Lemoyne. Nous en attendons un système plus efficace pour augmenter le nombre d’entreprises exportatrices, une bataille qui se gagne d’abord sur le terrain national, dans les régions. On sera en effet meilleur à la fois en termes d’effectifs et de process pour aller détecter ces PME ou ETI françaises qui peut-être sans le savoir ont un potentiel inexploité à l’export et que l’on doit aider à mettre à jour et à développer. Toutes n’en sont pas au même stade, nous avons retenu une approche segmentée en distinguant trois catégories :
1/ les primo-exportatrices, pour lesquelles on a besoin d’un diagnostic afin de ne pas les envoyer au casse-pipe ; ce sera le rôle notamment des portails régionaux qui vont être mis en place avec des outils d’évaluation et un accompagnement personnalisé ;
2/ Les entreprises qui exportent ponctuellement : pour celles-ci, qui sont au cœur de la stratégie, on souhaite que les flux soient plus massifs et réguliers grâce à un accompagnement sur mesure ;
3/ Les entreprises qui sont des habituées de l’export, pour lesquelles on a besoin de prestations peut-être plus ponctuelles.
J’aimerais vous citer l’exemple d’une bonne pratique dans un département qui m’est cher, l’Yonne. La CCI a réuni les notaires, les comptables, les avocats, des professionnels qui ont tous en portefeuille des entreprises afin de travailler ensemble à l’identification de celles qui pourraient exporter ou le faire davantage et voir comment les aider.

 

Le Moci. Comment va être traitée la question du tarif des prestations, les PME ne comprenant pas toujours pourquoi ceux de Business France, par exemple sur les salons, sont proches de ceux du marché ? À quel niveau sera-t-on dans le service public, à quel niveau passera-t-on dans du service commercial ?

Jean-Baptiste Lemoyne. J’entends comme vous parfois ces questions sur les tarifs. En même temps, j’ai envie d’inviter à regarder les efforts des acteurs publics. Je vois des Régions qui font le choix de financer parfois à 100 % – c’est le cas des Pays de la Loire – le volontariat international en entreprise (V.I.E). Imaginez ce que cela peut représenter comme opportunité pour une entreprise ?
De la même façon, l’État accorde une subvention annuelle de 100 millions d’euros à Business France ce qui représente un effort significatif.
Quelques chiffres sur l’activité de Business France montrent que nonobstant les remarques que l’on peut parfois entendre, les entreprises sont globalement satisfaites puisqu’elles sont de plus en plus nombreuses à avoir recours aux services de business France. Le nombre total d’entreprises qui ont été accompagnées dans le cadre de missions collectives ou individuelles ou via le V.I.E est de 11 000 en 2017, après 9 900 en 2016, soit une progression de 10 %. Sur les services personnalisés, on est à 1 500 entreprises accompagnées en 2017 contre 1 100 en 2016, et rien qu’au premier semestre 2018, Business France a déjà dépassé le résultat de 2017 avec 1 662 entreprises accompagnées.
Mais on va rester attentif à cette question des tarifs, avec Christophe Lecourtier bien sûr. Ainsi, dans le cadre des expérimentations qui seront menées à l’étranger, où Business France va soit par concession soit par passation de marchés de
prestataires, passer la main à d’autres opérateurs du type CCI françaises ou OSCI, nous veillerons à cet égard à
travailler sur des tarifs plafonnés afin d’éviter les effets d’éviction.

 

Le Moci. Même si l’international semble épargné, les nouvelles coupes imposées aux CCI, qui sont des acteurs importants de cette réforme, tombent plutôt mal, non ?

Jean-Baptiste Lemoyne. Je travaille très bien avec le président de CCI France, Pierre Goguet. Naturellement les représentants des CCI ont eu un dialogue dense avec Bercy. Pour autant j’ai été rassuré par ceux-ci sur leur volonté de maintenir un engagement fort sur le volet international. Il y a une convergence et une cohérence entre l’action de l’État et celle des CCI dans ce domaine. Je suis optimiste sur le fait que ces activités, qui ont été annoncées comme prioritaires, ne seront pas impactées, cela a été évoqué dans les discussions avec l’État.

 

Le Moci. Une dernière question concernant les opérateurs : où en est le projet d’évolution de la gouvernance de Business France, notamment celle de la composition de son conseil d’administration ?

Jean-Baptiste Lemoyne. C’est un sujet qui va être à présent discuté au parlement dans le cadre de la loi Pacte. Nous souhaitons spécialiser un peu les organes de gouvernance de la politique de soutien au commerce extérieur : un conseil d’administration de l’opérateur resserré, qui assure une mission de gestion opérationnelle – ce point sera discuté dans le cadre de la loi Pacte –, et un Conseil stratégique de l’export qui continuera à accueillir tous les acteurs représentatifs de ce réseau partenarial et qui aura des déclinaisons régionales. Il y aura ainsi des comités de pilotage au niveau régional qui seront l’équivalent du conseil stratégique de l’export au niveau national. Cette évolution est rendue nécessaire parce qu’il y a des spécificités régionales.

Propos recueillis par Christine Gilguy

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