Présentant le 16 mars dernier la Quinzaine de l’international, Jean-Jack Queyranne, président du conseil régional Rhône-Alpes, rappelait les trois “I” désignés comme atouts essentiels de la compétitivité du territoire : industrie, innovation, international.
Rhône-Alpes est en effet la première région industrielle de France avec une présence dans une large palette de secteurs, même si la métallurgie et les industries de biens intermédiaires et d’équipement sont fortement représentées.
Ce poids de l’industrie explique à n’en pas douter les résultats finalement pas trop mauvais du commerce extérieur de la région si on les compare à la débâcle nationale. 2011 affiche un solde positif de 341 millions d’euros, certes bien modeste par rapport aux 1,8 milliard de 2010. Le commerce extérieur régional est allé cahin-caha en 2011, avec les deux premiers trimestres dans le rouge puis un petit redressement au troisième trimestre.
On compte sur ce territoire 28 000 entreprises exportatrices – pratiquement le quart du total français – dont 9 500 qui le font régulièrement. Et c’est bien l’industrie qui fournit l’essentiel de cette force de frappe export. Les équipements mécaniques, le matériel électronique et informatique pèsent 33,7 % des exportations régionales, les produits chimiques, parfums et cosmétiques 19,2 %. Allemagne et Italie sont à la fois les deux premiers pays clients et fournisseurs.
Pour rester dans l’optimisme, une note de conjoncture de la Chambre de commerce et d’industrie régionale (CCIR) de janvier 2012 pointe que, pour cette année, les entreprises (de l’industrie mais aussi du tertiaire et du commerce) qui s’attendent à une hausse de leur chiffre d’affaires sont plus nombreuses que celles qui anticipent une baisse, soit 22 % contre 17 %. Pour 2012, 20 % d’entre elles misent sur la conquête de marchés à l’international, une proportion qui atteint 44 % dans l’industrie. « La morosité n’est ni une solution, ni une fatalité, j’en veux pour preuve le redressement de l’activité industrielle en 2011 », note le président de la chambre de commerce et d’industrie régionale (CCIR), Jean-Paul Mauduy.
Les 32 pôles de compétitivité, clusters et groupements d’entreprise – chiffre remarquable – qui ont émergé de ce terroir disent assez la force et la diversité de cette industrie. Ils confrontent dans leur creuset savoir-faire de PME et de grands groupes, capacités de recherche et développement, mais aussi de formation d’où jaillit l’innovation, un préalable aujourd’hui au succès sur le marché mondial. L’existence de ces pôles et clusters ainsi que la matière grise, le haut niveau de formation qui les entourent, exercent un attrait significatif sur les entreprises à capitaux étrangers qui viennent enrichir, à leur tour, cet éco-système. Rhône-Alpes arrive ainsi en deuxième position derrière l’Ile-de-France pour l’attraction des investissements directs étrangers (IDE) et concentrait en 2010 18 % des projets d’investissement.
On dénombre, à travers les 8 départements, 4 600 implantations étrangères, l’industrie étant le secteur le mieux servi : plus de 30 % de l’effectif salarié de l’industrie rhônalpine dépend de ces implantations. Et parmi les 100 premiers exportateurs de la région, plus de 60 sont des entreprises à capitaux étrangers ou des filiales de groupes étrangers. En mars, Akihiro Nikkaku, président du groupe japonais Toray Industries Inc. (mastodonte mondial qui pèse plus de 18 milliards de dollars) faisait la tournée de ses filiales européennes ; parmi celles-ci, Toray Films Europe à St-Maurice-de-Beynost, dans l’Ain, leader de la fabrication de films polyester et polypropylène (470 personnes, chiffre d’affaires de 170 millions d’euros). Akihiro Nikkaku apportait une promesse d’investissement de 8 millions d’euros pour rénover le parc industriel de Toray Films Europe et lui permettre de doper sa productivité. L’Ain est le premier département industriel français. Un hasard ?
Dossier spécial réalisé par Laurence Jaillard, à Lyon