Rhône-Alpes ne manque pas d’entreprises industrielles qui ont su percer et durer sur les marchés étrangers. Stratégie à long terme et innovation sont les clés de leur réussite. À titre d’exemple, trois PME : Maviflex, Fermob et Serge Ferrari.
Maviflex : ses brevets lui ouvrent les portes de l’export
En 2011, Anne-Sophie Panseri, à la tête de Maviflex, PME spécialisée dans la conception et fabrication de portes souples rapides, suivait le programme Objectif Export de la CCI de Lyon. Dans le viseur : faire passer la part export de 20 % du CA en 2011 à 30 % en 2013 (CA 2011 : 14,1 millions d’euros).
Actuellement, le réseau de distributeurs de la PME s’élargit en Europe et touche aussi le Maghreb. Pour le grand export, la dirigeante cible l’Asie – en particulier « la Chine, incontournable » – et l’Amérique latine en utilisant le transfert de technologie auprès d’entreprises locales soigneusement identifiées.
Cette PME lyonnaise de 104 personnes conçoit des portes souples pour l’isolation thermique et la sécurité des bâtiments dans l’agroalimentaire, l’industrie, la pharmacie. Il s’agit de produits sur mesure, « chargés » en innovation et brevets. « Maviflex, qui ne fabrique qu’à la commande, intervient souvent dès l’origine de la conception du bâtiment, aux côtés des architectes et concepteurs. La proximité géographique est donc indispensable. Pour ces pays lointains, nous travaillons avec des entreprises qui produiront en fonction de nos brevets. »
Cette pratique est mise en œuvre par l’entreprise avec succès aux États-Unis depuis dix ans. L’innovation se révèle un axe essentiel du développement international.
Le bureau de R&D travaille sur les produits du futur en suivant les voies du génie mécanique, de l’électronique, des matériaux. En juin 2011, cette équipe a fait homologuer son dernier brevet : des portes destinées aux zones Atex (atmosphères explosives) pour les besoins d’industries comme la chimie ou le nucléaire.
Comme les exigences de sécurité ne cessent d’augmenter, cette dernière innovation va certainement ouvrir bien d’autres portes à Maviflex. S’affirmant concernée par la question de la désindustrialisation, revenue au premier plan des débats économiques en raison du creusement du déficit commercial du pays, la dirigeante nuance : « Maviflex échappe à l’industrie de masse et à la standardisation. Nous sommes atypiques car nous faisons du sur-mesure. »
L. J.
Fermob : les New-Yorkais apprécient ses sièges urbains
On compte 12 000 sièges Fermob dans les espaces publics et piétons de New York : Time Square, Manhattan, Bryant Park…
Ce mobilier extérieur séduit par son design, ses couleurs, sa mobilité. Ils sont fabriqués dans une usine de Thoissey (Ain), appartenant à Fermob, et de laquelle sortent chaque année 450 000 pièces.
Lorsque Bernard Reybier reprend cette entreprise en perte de vitesse, en 1989, il lui insuffle une vocation internationale. « Nous n’étions que dix et j’ai affirmé : nous sommes une entreprise mondiale ! L’export, c’est génétique. » La stratégie consiste à investir avec constance un marché étranger avant d’aller vers un autre. En 2012, cette entreprise familiale de 196 personnes vend dans 36 pays, en premier lieu vers les États-Unis et l’Allemagne.
L’export pèse 44 % du chiffre d’affaires, 35 millions d’euros en 2011. Fermob totalise à ce jour 150 références de mobilier extérieur pour le marché des particuliers (deux tiers de l’activité) et celui des hôtels, restaurants, collectivités… La créativité est un point fort : de nouveaux produits sortent chaque année, des designers extérieurs renforcent le bureau interne. Fermob fabrique en 23 couleurs, peut en imaginer d’autres si nécessaire. Bon an mal an, 1 million d’euros sont investis dans l’outil de production : « Acier, peinture… nous sommes un industriel. Cette maîtrise de notre production est essentielle. Grâce à elle, nous pouvons travailler un marché étranger à fond, livrer dans les bons délais : nos produits sont saisonniers. »
Via un récent partenariat avec un Chinois, en 2013, l’entreprise attaquera le marché asiatique : « Nous voulons accélérer cette zone, nous serons au prochain Salon international du meuble de Shanghai. » Fermob dispose d’un bureau à Atlanta depuis 15 ans et poursuit, outre-Atlantique, son parcours gagnant : son mobilier installé dans les jardins de l’université de Harvard a entraîné des contrats avec d’autres universités comme Stanford ou Yale…
L. J.
Serge Ferrari : ses toiles high-tech se déploient dans le monde entier
Sébastien Ferrari revendique « une façon laborieuse et paysanne d’aller à l’export ». La SAS iséroise Serge Ferrari qu’il préside exploite depuis 1974 une technique d’enduction originale et brevetée, le Précontraint.
Quelque 25 000 tonnes par an de micro-câbles plastiques sont enduits, tissés, recyclés à travers les quatre sites industriels que pilote cette entreprise de 630 personnes. Sous la marque ombrelle Serge Ferrari, sont abrités différents produits dûment brevetés, Batyline, Soltis, Stamskin… Ils sont utilisés pour devenir mobilier extérieur, écran de protection solaire, textile outdoor pour la marine, pour tentes et structures (couverture de stade, tente pour l’événementiel, par exemple les jeux Olympiques), soit une dizaine de marchés de niche dans laquelle le bâtiment prend la plus grande part.
L’international était une condition indispensable à la croissance. Le virage, qui a été pris de manière méthodique dans les années 1980, a été long à porter ses fruits : « Faire homologuer nos produits, convaincre les prescripteurs, il faut compter cinq ans avant qu’un marché étranger soit rentable. » Mais la patience a payé : en 2012, Serge Ferrari réalise 70 % de son chiffre d’affaires (156 millions d’euros en 2011) à l’export dans une centaine de pays. Il s’appuie sur des pôles logistiques et commerciaux en Europe, aux États-Unis, en Amérique latine, en Asie-Pacifique, au Moyen-Orient. L’accent est actuellement mis sur ces trois dernières zones où 20 % de croissance sont visés à terme. L’entreprise, qui investit entre 3 et 5 % de son chiffre d’affaires dans la R&D, s’impose par une offre différenciante grâce à des brevets durables et à des équipes à l’international « solides car construites dans le temps ».
En mai 2011, elle s’est distinguée par un coup de maître : la réalisation des 12 000 m2 de toile gonflable voulus par l’artiste Anish Kapoor pour son œuvre déployée dans la nef du Grand Palais, à Paris, dans le cadre de la manifestation Monumenta. Plus récemment, Serge Ferrari a fourni la façade textile du Concert Hall de Copenhague signé Jean Nouvel.
L. J.