Dans les deux Normandie, la coopération s’est solidifiée entre les acteurs de l’export. Avec les filières industrielles, les clusters et les pôles de compétitivité aussi. CCI International peut ainsi utiliser au mieux les aides régionales. Décryptage.
Cidrerie Traditionnelle du Perche : un primo-exportateur qui saisit les opportunités
Basée au Theil, au sud de l’Orne, à la limite de la Sarthe, la Cidrerie Traditionnelle du Perche propose à ses clients quelque 130 000 cols de produits divers tous les ans : cidres, jus de pomme, poirés, etc. Elle a clôturé son dernier exercice au 30 septembre avec un chiffre d’affaires de 350 000 euros, dont 10 % à l’export.
Cette exploitation agricole de quatre personnes a débuté l’export il y a deux ans, parallèlement à son installation dans un bâtiment plus moderne, facilitant le stockage et la traçabilité de ses produits. « Nos concurrents, belges ou britanniques, proposent des cidres aromatisés à base de concentrés. Notre exploitation utilise uniquement des pommes fraîches, ce qui lui permet d’offrir un produit de qualité », défend Nathalie Plessis, la gérante de l’entreprise. C’est donc un produit de niche, haut de gamme, qu’elle vend sous la marque L’Hermitière. Adepte de la prise de mousse naturelle en bouteille, la très petite entreprise (TPE) de Normandie sait aussi s’adapter aux demandes de ses clients. A un importateur en Australie, elle livre ainsi des bouteilles de 33 centilitres.
C’est en octobre 2010, dans le cadre d’une mission de la CCI de Caen, organisée à l’occasion des Jeux équestres mondiaux à Lexington (Kentucky), que la Cidrerie Traditionnelle du Perche a trouvé son premier importateur. Il s’agit du groupe Shelton, un importateur de cidre et de bière rencontré à l’époque dans les locaux d’Ubifrance à New-York.
Depuis, la TPE a profité des missions du Comité d’expansion agroalimentaire de Normandie, service de la Chambre régionale d’agriculture de Normandie, pour prospecter les marchés suédois et letton (mai 2011), australien (septembre 2011), brésilien (septembre 2012) et participer pour la première fois à Paris au Sial (octobre 2012). En 2011, elle aussi exposé à Cologne au Salon mondial de l’alimentation Anuga sur l’espace monté par Sopexa.
Au Brésil, l’importateur est français : Alexandre Ségur, à la tête de la société Verdemar. A l’export, comme les moyens financiers de l’entreprise sont limités, Nathalie Plessis impose systématiquement le prépaiement des livraisons. Les prix sont fixés en euros, départ usine.
F. P.
Norman SAS : Un leader européen des équipements d’abattage de viande
Basé à Vimoutiers, dans le nord de l’Orne à la limite du Calvados, Norman SAS est un des leaders des matériels et lignes d’abattage sur le Vieux Continent. Cette PME de 46 salariés revendique même le titre de numéro un européen pour les équipements dédiés au transport de la viande dans les camions frigorifiques. Actionnaire majoritaire et président depuis novembre 2011, Stéphane Michalon est très fier de rappeler que sa société a équipé le seul abattoir de Singapour. D’autant que l’Asie du Sud-Est est sa priorité à court terme. En septembre dernier, Norman a pu bénéficier de l’aide financière de la Région Basse-Normandie pour installer en Malaisie un Volontaire international en entreprise (VIE), dont la principale mission consiste à suivre la maintenance des 30 lignes d’abattage déjà installées dans la zone (Inde, Thaïlande). Par ailleurs, l’entreprise normande participera pour la première fois au Salon de l’élevage intensif Viv Asia, qui se tiendra l’an prochain du 13 au 15 mars à Bangkok.
Stéphane Michalon a repris l’entreprise il y a deux ans au groupe Breteche (biens d’équipement pour les industries alimentaires). Les autres actionnaires sont l’ancien président, Franck Reverdiau, les fonds de capital investissement Unexo, filiale des neuf caisses de l’Ouest du Crédit Agricole, et NCI Gestion, qui regroupe les Régions Basse et Haute-Normandie, la Caisse des Dépôts, plusieurs banques et compagnies d’assurance régionales et l’Union européenne.
« Dès le départ, CCI International m’a soutenu. Michelle Vauclin, basée à Caen, m’a ouvert des portes, par exemple celles d’Ubifrance et des Clubs pays qu’elle anime », relate Stéphane Michalon. En outre, la Région Basse-Normandie a accordé à Norman une aide « très significative » pour ses actions de prospection et de promotion dans le cadre de la procédure Appex (appel à projets export). L’entreprise s’est aussi adressée à la Coface. De son côté, la CCI du Havre, qui possède un bureau à Dalian, lui a aussi ouvert des portes en Chine. Fin 2012, Norman devrait dégager un chiffre d’affaires de plus de 8 millions d’euros, dont plus de 50 % à l’export, grâce à un gros contrat, portant sur l’équipement d’un abattoir entre Gand et Bruxelles. Une affaire de 3 millions remportée face au néerlandais MPS (ex-Stork). Après l’Asie du Sud-Est, l’équipementier normand cherchera à se développer en Amérique latine en 2014 et 2015.
F. P.