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Spécial maritime 2017 : les projets stratégiques de Haropa

Quelle chaîne logistique choisir dans les quelques années à venir ? Le port de Rotterdam avec Schiphol, celui d’Anvers-Liège avec Zaventem ou bien Haropa et Roissy Charles-de-Gaulle ? Cette dernière, plateforme issue d’une alliance entre Le Havre et Rouen,  fourbit ses arguments.
Haropa est l‘alliance du Grand port maritime du Havre, du Grand port maritime de Rouen et du port autonome de Paris, créée en 2012, après la réforme portuaire de 2011, avec pour objectif de former un système portuaire de dimension européenne dans le domaine de l’industrie, de la logistique et du tourisme, au service de ses clients. C’est le premier système portuaire français avec en 2016, 87 millions de tonnes (Mt) de trafic maritime, et plus de 20,2 Mt de trafic fluvial.

L’offre se structure autour de quatre grands domaines  :
– Une offre de transport maritime au meilleur standard européen avec plus de 600 ports touchés dans le monde et près de 3 200 offres commerciales de service en 2016 pour les conteneurs et les trafics Ro-Ro ; toutes les alliances mondiales d’armements sont présentes. Le port est accessible 24 heures/24 et 7 Jours/7. C’est le premier port du « range Nord » touché à l’import et le dernier port touché à l’export.
– Une offre foncière et immobilière riche et diversifiée : 6 000 hectares de terrains du Havre à Paris dédiés à l’activité portuaire, industrielle et logistique ; des projets d’entrepôts clé en main portés par des promoteurs immobiliers de premier plan (Prologis, Panhard, Vailog-Segro) ; des disponibilités foncières pour de nouvelles implantations logistiques et industrielles.
– Une offre multimodale fluviale et ferroviaire en augmentation. Pour le transport combiné, 10 terminaux fluviaux sur 5 régions (Normandie, Ile-de-France, Hauts de France, Grand Est, Bourgogne Franche-Comté) desservis par 40 services fluviaux hebdomadaires et 15 destinations en Europe desservies en direct par 60 lignes ferroviaires hebdomadaires.
– Une offre digitale de nouvelle génération avec un cargo community system dénommé S)One qui vise à dématérialiser les échanges d’information entre tous les acteurs de la chaîne de transport et la douane ; ouvert, selon ses promoteurs, aux importateurs-exportateurs, accessible partout, 100 % mobile.

 

50 compagnies et 600 ports connectés
Pour Hervé Cornède, directeur commercial et marketing de Haropa, le premier critère de choix d’un port par ses clients est le temps : « Ils sélectionnent un port en fonction de l’offre maritime, le transit time et le lead time, c’est-à-dire du temps de transit et du temps de transport ». Or, pour lui, depuis 5 ans et la réforme portuaire au port du Havre, Haropa est parvenu à améliorer cette offre maritime. Ainsi, « en se focalisant sur le seul conteneur (car il ne faut pas le mélanger au roulier ou aux produits chimiques, ce sont des secteurs qui avancent de manière très différente), on a plus de 50 compagnies maritimes et toutes les alliances qui concernent Haropa, ce qui est exceptionnel, ainsi que 600 ports connectés, plus de 3 200 offres commerciales à l’import et à l’export, et surtout des transits times meilleurs qu’Anvers et Rotterdam ! ».

Second élément pris en compte par le client : tout ce qui a trait à la digitalisation des formalités liées au passage aux frontières. « Aujourd’hui, le client dédouane sur les ports de Haropa en moins de 5 minutes, 99 % sans contrôle physique », indique Hervé Cornède.

Le troisième critère concerne l’hinterland, et particulièrement les dessertes fluviales, ferroviaires, routières. « Et c’est là où l’on est un peu plus faible et nos concurrents ont plus d’offres, bien qu’on se soigne, puisqu’on a ouvert au mois d’octobre une liaison sur l’Allemagne avec des opérateurs suisses », estime le responsable.

Enfin, quatrième éléments important de l’offre portuaire : parvenir à fixer les flux. Sur ce point, Haropa a fait des efforts sur la partie logistique avec la construction, en quelques années, d’un demi-million de mètres carrés supplémentaires sur l’axe Seine. Le groupe Seafrigo, spécialiste de la logistique alimentaire, réalise 150 000 m² d’entrepôts sur Millenium.

« Nous avons des offres spécialisées, par exemple celles concernant le reefer », précise Hervé Cornède, faisant référence à ces conteneurs réfrigérés pour le transport de produits sensibles en atmosphère contrôlée. « Pour les vins et spiritueux, ou les produits pharmaceutiques… Nous sommes le seul port en France à avoir une offre reefers de rang 1 en Europe ».

 

Une approche client soignée
D’une manière générale, Haropa met en avant une approche client soignée. « En ce qui concerne la desserte de l’hinterland, Haropa est le seul port ayant mis en place des indicateurs de performances co-construits avec les clients », indique Hervé Cornède. « nous essayons de nous couler dans la Supply Chain de nos clients pour répondre à leurs besoins… Nous nous « benchmarkons » en permanence ».

Haropa a ainsi été le seul port en Europe certifié ISO 28 000 – spécifications relatives aux systèmes de management de la sûreté de la chaîne d’approvisionnement. Des labels importants pour des secteurs tels que l’ automobile, ou la filière du luxe, deux clients choyés par Haropa. D’ores et déjà, ce dernier vise la certification ISO 14001.
La plateforme portuaire est ainsi devenu le premier port du luxe français (90 % du luxe tricolore y transite), une orientation stratégique qui l’a conduit à engager un programme collaboratif avec la Cosmetic Valley pour améliorer la supply chain export du luxe français.

Dans l’automobile, le port du Havre connaît une croissance très forte liée au projet RoRomax et à l’amélioration de la performance collective, un record historique : les 120 ha sont pleins. Vont s’y ajouter 10 ha. La distribution concerne plus de 400 000 véhicules par an. Dans le cadre d’une démarche orientée client, un guide « Qualité » a été publié avec les dockers : Haropa Le Havre est le seul port à avoir appliqué le guide Qualité de l’ECG regroupant tous les industriels de l’automobile (Peugeot, Renault, Nissan, BMW…) sur le port du Havre.

 

« Notre premier concurrent, c’est le port d’Anvers ».
« Notre premier concurrent, c’est le port d’Anvers ». Pour Hervé Cornède, la grande force des ports belges et néerlandais depuis 20 ans, c’est d’avoir misé sur la logistique. « Et là, nous avions du retard, mais nous nous soignons fortement ! ».

Mais une autre priorité est l’hinterland, avec l’enjeu majeur des dessertes ferroviaires : lorsqu’un client américain veut distribuer ses produits en Allemagne, en Suisse, ou encore en Italie, Haropa est défavorisé par rapport aux ports du Nord de l’Europe. Mais des liaisons sont mises en place vers l’Allemagne, les fréquences sont doublées vers Strasbourg, des projets de dessertes de la Suisse sont élaborés… L’objectif est de fixer les grands logisticiens comme Bolloré, Fedex, Geodis, K&N, Schenker, Panalpina, Ceva,… jusqu’au groupe danois DSV Global Transport and Logistics, qui a investi récemment sur le port de Gennevilliers et qui y a posé la première pierre de son futur siège en France. .

En parallèle, un important travail collaboratif a été mené avec la direction, générale des douanes pour améliorer la performance (dédouanement à 99 % sans contrôle physique des marchandises, dédouanement en moins de 5 minutes).

« On revient de loin car tous ces résultats ont été obtenus avec la réforme portuaire qui s’est achevée en 2011 » souligne Hervé Cornède pour qui c’est un nouveau départ…

 

Les grandes Alliances connectées
Reste les défis futurs, et notamment ceux qui s’annoncent suite aux restructurations des compagnies maritimes intervenues dans un contexte de crise du fret il y avait quatre grandes alliances, il n’y en a plus que trois (voir notre dossier sur ce sujet dans ce même numéro). « Notre objectif sur Haropa, est d’avoir les trois alliances : Ocean Alliance, The Alliance et 2M, souligne Hervé Cornède. Elles sont connectées aux ports de Haropa… Nous avons donc une offre maritime équivalente à celle du port de Rotterdam ». Ainsi, chaque semaine, plus de 3 200 offres commerciales import-export sont comptabilisées, « nos offres ont augmenté de 30 % en 7 ans » se réjouis le responsable.

Pourquoi un logisticien investirait-il plus sur Haropa que sur Anvers et Rotterdam ? « Avec cette offre maritime, il nous est possible de proposer un entrepôt dès lors qu’on a un flux » répond sans hésiter Hervé Cornède. « Le client regarde d’abord, en effet, l’offre maritime le lead time, le transit time, la douane, les dessertes… Et ensuite seulement, il pense à la logistique. Nous bénéficions d’un coût très compétitif de l’immobilier logistique, d’une main-d’œuvre qualifiée, plus efficace, avec peu de turn-over, peu d’intérim… Notre main-d’œuvre est 20 à 25 % moins cher que celle de nos concurrents… Voilà pourquoi de grands groupes de distribution (Leclerc, Bolloré, Kingfisher…) s’implantent sur les ports de Haropa » conclut-il.

Jean-Claude Festinger

Indicateurs clés du port du Havre en 2016

• Nombre d’escales de porte-conteneurs : 2 349
• Nombre d’escales de plus de 10 000 EVP : 364
• Temps moyen d’accès à quai (de la prise de pilote à l’accostage) : 1 h 32
• Nombre moyen de EVP traités par jour : 6 920
• Nombre de ports connectés en lignes régulières : 667
• Nombre moyen d’offres commerciales maritimes hebdomadaires : 3 396.

 

Rouen, premier port européen vers l’Afrique de l’Ouest

Haropa Rouen – Le Havre est le premier port en Europe sur l’Afrique de l’Ouest et a signé un partenariat avec le port de Dakar. « Le Sénégal est notre premier partenaire avec la Côte d’Ivoire, explique Hervé Cornède, directeur commercial et marketing de Haropa. Nous travaillons avec les ports de Dakar et d’Abidjan sur l’art et la manière d’améliorer les échanges d’informations, la fluidité, la douane. Nous opérons sur des filières très spécialisées (le véhicule d’occasion). Nous travaillons avec le port de Dakar sur la filière fruits et légumes du fait du partenariat entre Haropa et le MIN de Rungis qui importe des fruits de contre saison : comment améliorer la performance des exportations de fruits et légumes sénégalais qui vont directement sur le marché de Rungis… Et là quoi de mieux que les ports de Haropa La Havre et Rouen ? ». Les échanges d’informations qui s’établissent sont en voie de certification ISO 28000. Les démarches sont communes. Deux opérations d’envergure ont été réalisées à Saint-Louis du Sénégal auprès de tous les exportateurs de fruits et légumes.

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