En quelques années, la panoplie des instruments à la disposition des start-up – fonds d’investissements, centres d’innovation ou pépinières d’entreprises – s’est étoffée. À côté des outils locaux, des structures ont une origine étrangère. La France contribue ainsi à l’émergence d’une Afrique technologique.
Dans une vingtaine de pays dorénavant, les sociétés innovantes peuvent trouver des laboratoires, incubateurs et accélérateurs, à l’instar de la Cité technologique Ebène à Maurice ou l’Innovation Hub Botswana (BIH). Ainsi, le BIH comprend un bâtiment intégré innovation, vie-sociale, formation, réunion et des terrains sur le parc technologique où il est situé. L’objectif est clair : diversifier l’économie nationale, soutenir les start-up, faire émerger une économie de la naissance. Parmi les autres pays, le Nigeria se montre particulièrement dynamique, avec notamment le Co-Creation Hub, centre d’innovation sociale. Hormis les incubateurs, que l’on trouve aussi au Sénégal, au Nigeria, en Zambie ou encore en Éthiopie, les start-up peuvent recourir à des plateformes collaboratives, recourir au service de structures étrangères, publiques et privées, comme l’Agence française de développement (AFD) ou les French Tech Hub d’Abidjan et du Cap, en Côte d’Ivoire et en Afrique du Sud.
It’s About My Africa
Comment utiliser le crowdfunding pour des projets solidaires
C’est pour donner accès à l’eau potable à 100 millions d’Africains que Thomas Kacou, jeune Ivoirien de 27 ans, a lancé en début d’année la plateforme de crowdfunding (financement participatif) It’s About My Africa, destinée au développement de projets solidaires sur le continent.
À travers une campagne de levée de fonds lancée en janvier 2016 sur le site http://itsaboutmyafrica.com, Thomas Kacou souhaite réunir les fonds nécessaires pour permettre aux 100 millions d’Africains dans les pays les plus touchés d’avoir un accès à de l’eau potable.
« Cette plateforme est avant tout pensée pour aider les entrepreneurs sociaux en Afrique qui ont des projets environnementaux et écologiques ou dans la santé et l’éducation », indique au Moci Thomas Kacou, fondateur de It’s About My Africa.
Grâce au financement collaboratif, la start-up It’s About My Africa ambitionne de récolter des fonds pour mettre en place rapidement des solutions pour purifier l’eau. Elle s’est associé à la start-up toulousaine Sunwaterlife pour fournir dans les villages les plus isolés des solutions de purification d’eau. Les systèmes Aqualink conçus et développés par Sunwaterlife traitent et purifient de l’eau douce polluée, quelle que soit sa source (puits, mares, rivières, lacs) grâce à deux membranes d’ultrafiltration, qui débarrassent l’eau des bactéries, virus et parasites responsables de nombreuses maladies (choléra, hépatite, gastro-entérite…). Alimentés par des panneaux solaires dépliables, les systèmes Aqualink sont autonomes en énergie. Chaque système est intégré dans une valise à roulettes certifiée par l’OTAN et se déploie ainsi facilement dans des villages isolés ou des centres de soins difficiles d’accès. L’installation des systèmes mobiles de purification Aqualink s’opérera localement, de manière graduelle et par niveau d’urgence au sein des zones les plus touchées.
À l’heure où nous publions, suite à la campagne de crowdfunding, It’s About My Africa a déjà levé plus de 13 000 euros, ce qui a permis de déployer le système Aqualink de Sunwaterlife en Côte d’Ivoire et à Madagascar. « L’objectif est d’atteindre 1 million d’euros, ce n’est pas utopique, c’est symbolique, confie Thomas Kacou. Ce montant permettra de déployer les systèmes de Sunwaterlife dans d’autres pays ». Le prochain objectif de la plateforme est de lever 50 000 euros pour intervenir dans 4 pays prioritaires et donner un accès permanent à de l’eau potable à 5 000 personnes au Tchad, à Madagascar, au Niger et au Kenya.
MyAfricanStartUp
Comment offrir une vitrine aux start-up africaines
C’est pour donner de la visibilité aux start-up africaines les plus prometteuses que Christian Kamayou, jeune entrepreneur camerounais, a créé MyAfricanStartUp, la première plateforme pour promouvoir les start-up innovantes et créatrices d’emploi en Afrique. L’initiative MyAfricanStart-Up vise à aider les jeunes entrepreneurs africains à trouver des financements pour se développer.
Diplômé d’HEC Paris, Christian Kamayou anime le réseau HEC Afrique pour mieux faire connaître l’école de commerce sur le continent. En mars 2014, il est parti avec le réseau des anciens d’HEC (HEC Alumni) à la rencontre des entrepreneurs d’Afrique de l’Ouest. Sur place, il fait trois constats, le premier étant que les entrepreneurs manquent de ressources financières. « Il n’existe pas de business angels comme en France », indique au Moci Christian Kamayou. Deuxième constat, « les start-up manquent de visibilité dans les médias ». Christian Kamayou constate également une « asymétrie » entre l’écosystème des start-up à la recherche de financements et l’univers des grands patrons ayant la capacité financière d’être des business angels. « Les créateurs d’entreprise et le monde du patrimoine financier sont deux mondes qui ne se parlent pas », affirme Christian Kamayou. « L’objectif de MyAfricanStartUp est de présenter au grand public et aux investisseurs les entrepreneurs innovants », explique-t-il.
Après une expérience de 10 ans dans le secteur bancaire et la micro-finance en France, Christian Kamayou a fondé en 2010 la plateforme Financetesetudes.com qui met en concurrence les banques afin d’offrir aux étudiants les prêts bancaires les plus intéressants. Pour trouver le financement de départ à son projet Christian Kamayou réalise une levée de fonds auprès de trois entrepreneurs français de renommée Xavier Niel, fondateur de Free, Marc Simoncini, fondateur de Meetic et Jacques-Antoine Grandjon, fondateur de vente-privée.com.
Christian Kamayou a la conviction que les dirigeants de grandes entreprises africaines peuvent eux aussi investir dans de jeunes start-up sur le continent et leur apporter les financements nécessaires à la création et la pérennité de leur entreprise. Le 31 octobre 2014, à Abidjan, lors de la conférence MyAfricanStartup sur l’entrepreneuriat et l’innovation des start-up, co-organisée avec le réseau HEC Alumni, le fondateur de Financetesetudes.com présente l’initiative MyAfricanStartUp devant quelque 300 entrepreneurs en provenance de 5 pays d’Afrique de l’Ouest. L’événement de lancement de MyAfricanStartUp en Côte d’Ivoire a offert aux start-up l’opportunité de présenter leur projet aux médias, aux investisseurs, et au public. Cette initiative de développement de l’écosystème numérique africain et de l’entrepreneuriat en Afrique lui a valu d’obtenir le soutien de la Banque africaine de développement, partenaire du projet MyAfricanStartUp.
Après la création du site Internet www.myafricanstartup.com, la première étape consiste à sélectionner, sur la base d’un certain nombre de critères, les start-up inscrites sur la plateforme afin de ne retenir que les jeunes pousses les plus innovantes. « Nous avons détecté deux start-up intéressantes Izicab (www.izicab.net) et AirShop (http://getairshop.com) », raconte Christian Kamayou. Izicab, service de mise à disposition de véhicule avec chauffeur privé, disponible à Abidjan est « le Uber ivoirien ». Les voyageurs d’affaires peuvent utiliser ce service pour se rendre en centre-ville depuis l’aéroport. La start-up ivoirienne Airshop, « e-commerçant du duty free », a conçu une application mobile qui permet aux voyageurs pressés de réserver à l’avance, avant leur voyage, des produits duty free sur le catalogue de la plateforme Airshop et de les recevoir dans les zones duty free de l’aéroport ou à bord, pendant le vol. « Airshop et Air France sont actuellement en discussion pour nouer un partenariat », confie Christian Kamayou. De même qu’Izicab à travers MyAfricanStartUp s’est rapproché d’Air France afin de proposer ses services de transport premium aux voyageurs de la compagnie aérienne qui ont pour destination Abidjan.
L’ambition de MyAfricanStartUp est de créer un lien entre les start-up et les médias, et un lien entre les jeunes entrepreneurs et des investisseurs ou des partenaires. La plateforme publiera au 4e trimestre 2016 les portraits des start-up sélectionnées pour figurer sur le site http://www.myafricanstartup.com/. L’idée étant de dévoiler « les start-up où il faut investir en 2017 ».
Venice Affre