Archos, prix Audace Export 2011

Henri Crohas, président d’Archos, reçoit des mains de Vianney de Chalus, président de CCI International, le prix Audace Export du Moci.

Vendre des tablettes numériques de conception française aux Asiatiques, c’est un peu comme vendre du whisky à un Écossais ou des pâtes à un Italien : une gageure. C’est pourtant le pari qu’est en train de réussir Archos. Cette PME a su se tailler une belle place sur un marché dominé par l’américain Apple et le coréen Samsung. Sa recette : une bonne dose d’innovation et une stratégie originale de développement à l’international.

Avant les tablettes, Archos s’est fait connaître en 2000, avec le Jukebox 6000, le premier baladeur MP3 avec disque dur intégré, une nouveauté mondiale. Une prouesse technologique pour cette entreprise de 200 personnes (dont la moitié travaillent France) créée en 1988 par Henri Crohas, qui a fait de l’innovation en interne son credo. Une centaine de salariés se consacrent exclusivement à la R&D, soit en Europe (en France et en Allemagne), soit à Shenzhen, où la filiale chinoise emploie un tiers des effectifs de R&D d’Archos.

« Nous avons commencé à faire fabriquer en Chine en 1995, explique Henri Crohas. Nous avions un bureau de représentation et avons créé une filiale de droit chinois au début des années 2000. » Cette présence de longue date a permis à l’entreprise de multiplier les partenariats avec les fournisseurs locaux. « Les mettre en concurrence, les impliquer dans l’ingénierie nous permet de proposer des prix très compétitifs », souligne le dirigeant.

Car la filiale chinoise ne fait pas que fabriquer des produits estampillés Archos. Depuis 2010, elle conçoit et produit des tablettes à des prix défiant toute concurrence (moins de 200 euros) sous la marque Arnova. Et les résultats ne se sont pas fait attendre : entre le troisième trimestre 2010 et celui de 2011, le chiffre d’affaires réalisé en Asie a bondi de… 643 %. Distribuées non seulement en Asie, mais aussi partout dans le monde, ces tablettes séduisent de nouveaux marchés. « Des pays émergents comme le Brésil, la Russie, la Chine et l’Inde sont très demandeurs de tablettes de bonne qualité et pas trop chères, notamment dans le secteur de l’éducation », précise Henri Crohas.

Sophie Creusillet