Prix performance logistique
• Rang au classement : 164e
• CA 2015 : 147,08 M euros
• CAI 2015 : 101,18 M euros
• Variation CAI 2014/2015 : + 35,85 %
• Effectif : 46
• Part de l’international dans le CA : 68,79 %
Quittant Hesdin, à l’intérieur des terres du Pas-de-Calais, pour s’installer à Dunkerque, en bordure de mer, en 2004, le producteur de biocarburants (la moitié de ses volumes) et d’alcool neutre (l’autre moitié) pour les boissons et l’industrie (parfumerie…) Ryssen Alcools a réalisé une bonne opération en optimisant l’organisation de sa logistique.
D’abord, il a gagné en compétitivité. « Nos coûts logistiques ont tout de suite été réduits, puisque notre site se trouve maintenant à proximité des facilités portuaires tant pour le vrac que pour le conteneur », explique Laurent Lacondemine, président du directoire de cette PME de 46 salariés dont les origines remontent à 1829. Elle est aujourd’hui une filiale de CropEnergies, l’un des principaux producteurs européens de bioéthanol, appartenant au groupe allemand Südzucker.
Deuxième avantage : alors que la croissance de l’entreprise ne pouvait se faire qu’à l’international, elle s’est rapprochée de ses sources d’approvisionnement comme de ses débouchés tant à l’import qu’à l’export.
À l’import, elle achète un alcool brut, qu’elle purifie ensuite pour les boissons et l’industrie ou déshydrate pour les biocarburants. Ses sources d’approvisionnement sont en Amérique du Sud (Brésil, Bolivie, Pérou…), mais aussi en Asie (Pakistan…) et en Europe, y compris en France.
À l’export, si les biocarburants sont livrés en vrac par la route (citernes) en Europe, le reste des produits est destiné notamment aux marchés africains, comme le Cameroun pour les boissons ou encore la Côte d’Ivoire pour les parfums. Pour l’Europe, la PME nordiste fait appel à des transporteurs spécialisés dans l’alimentaire. Au grand export, pour l’Afrique, elle travaille avec des transitaires et les grands opérateurs logistiques sur ce continent, comme CMA CGM et Bolloré Africa Logistics.
Qu’il s’agisse de Pernod Ricard, LVMH, Chanel ou L’Oréal, ses clients sont livrés directement. Au Chili, pays qui ne produit pas d’alcool, Ryssen a racheté une société de distribution basée à Santiago du Chili, qui réceptionne l’alcool en vrac destiné à des fabricants de spiritueux et des industriels. Cette petite entreprise, acquise en 2014 suite à une opportunité, emploie aujourd’hui sept personnes.
Au total, Ryssen Alcools possède un portefeuille très international de 150 clients répartis dans 36 pays. Sa capacité de production tourne autour de 1,8 million d’hectolitres et sa capacité de stockage sur site, à partir duquel sont expédiés les produits par la route, le rail, la voie fluviale et maritime, avoisine les 300 000 hectolitres.
Son outil logistique semble adapté au volume de la demande actuelle. En effet, « pour les biocarburants, les États européens sont en retard sur leurs objectifs », regrette Laurent Lacondemine. Pour autant, chaque avancée dans ce domaine est une bonne nouvelle pour Ryssen Alcools. Ainsi, le 1er janvier prochain « la Belgique basculera », note le dirigeant français, avec l’introduction de 10 % de bioéthanol dans l’essence dite SP95-E10.
De même, pour le reste de l’activité, le positif le dispute au négatif. « Si la consommation d’alcool diminue en Europe, en revanche, les usages industriels se développent », constate Laurent Lacondemine. La raison est d’ordre environnemental, les utilisateurs cherchant à remplacer l’alcool de synthèse, donc le pétrole, par une origine agricole. En d’autres termes, à vendre plus vert.
François Pargny